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et des naturalistes des derniers siècles : la persèque
umbre est la véritable umbre de ces mêmes auteurs.
La première est aussi le corp de Rondelet, et de plusieurs
autres écrivains ; et il auroit été à desirer que
dans des ouvrages d’histoire naturelle très-recommandables,
on n’eût pas appliqué à la persèque umbre
cette dénomination de corp, qui n’auroit dû appartenir
qua la sciène dont nous écrivons l’histoire.
Cette sciène a la tête courte, et toute couverte,
ainsi que la base de la seconde dorsale, de l’anale et
de la caudale, d’éeailles semblables à celles du dos;
chaque narine percée de deux orifices ; deux rangs de
dents petites et pointues à la mâchoire d’en-haut; un
grand nombre de dents plus petites à celle d’en-bas;
les écailles finement dentelées; les thoracines très-
noires; les autres nageoires noires avec un peu de
jaune à leur base; les côtés du corps et de la queue
parsemés d’une très-grande quantité de points noirs,
presque imperceptibles; et des reflets dorés qui brillent
au milieu des différentes nuances noirâtres dont elle
est variée.
C’est le beau noir dont l’umbre est parée, qui l’a
fait, dit-on, comparer au corbeau, corax en grec,
et l’a'fait nommer coracinus. Le poète grec Marcellus,
de Séide en Pamphylie, lui a donné le nom à'argio-
donte *, à cause de la blancheur des dents de ce poisson,
*Afgos‘, en grec , signifie blanc..
que l’on avoit d’autant plus observée, que la couleur
générale de l’animal est noire.
Elle parvient à la longueur de trois ou quatre décimètres.
Son canal intestinal n’est pas long; mais son
estomac est grand, le foie volumineux, et le pylore
entouré de sept ou huit cæcums.
Elle habite dans la Méditerranée, et notamment dans
l’Adriatique; elle remonte aussi dans les fleuves; on
la trouve particulièrement dans le .Nil, et il paroît
qu’elle se plaît au milieu des algues ou d’autres plantes
aquatiques.
Aristote la regardoit comme un des poissons qui
croissent’le plus vite.
Les individus de cette espèce vivent en troupes.
Les femelles portent leurs oeufs pendant long-temps ;
elles aiment à les déposer près des rivages ombragés,
et sur les bas-fonds tapissés de végétaux ou garnis
d’éponges; elles s’en débarrassent pendant l’été ou au
commencement de l’automne , suivant le climat dont
elles subissent l’influence ; et c’est pendant qu’elles sont
encore pleines, que leur chair est ordinairement le plus
agréable au goût.
Plus l’eau de la mer ou celle des rivières est échauffée
par les rayons du soleil, et plus elle convient aux
timbres : aussi ces sciènes, plus sensibles au froid que
beaucoup d’autres poissons, s’enfoncent-elles dans les
profondeurs de la mer ou des grands fleuves, dès les
premières gelées de l’hiver. On ne peut alors les prendre