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neroit l’explication des observations particulières, en
apparence, contraires à ce fait très-remarquable, et
qui ont été publiées par des physiciens trèsrestimables.
11 montreroit peut-être que si quelques espèces de
poissons, soumises à des cil-constances extraordinaires,
et placées, par exemple, dans de très-petits volumes
d’eau, paroissent forcées, pour conserver leur vie, de
venir de temps en temps à la surface du fluide dans
lequel elles se trouvent plongées , elles y sont quelquefois
moins contraintes par le besoin de respirer l’air
de l’atmosphère, que par la nécessité d’échapper à des
émanations délétères produites dans le petit espace qui
les renferme et les retient captives.
On a écrit que la dorade craignoit le chaud, aussi-
bien que le très-grand froid. Cette assertion ne nous
paroît fondée en aucune manière, à moins qu’on n’ait
voulu parler d’une chaleur très-élevée, et par exemple
supérieure à celle qui paroît très-bien convenir au spare
desfontaines. Si en général une température chaude
étoit contraire à la dorade, on ne trouveroit pas ce
poisson dans des mers très-voisines de la ligne ou des
tropiques. En effet, quoique la dorade habite dans la
mer du Nord, et dans toute la partie de la mer Atlantique
qui sépare l’Amérique de l’Europe, on la pêche
aussi dans la Méditerranée , non seulement auprès des
côtes de France, mais encore auprès de celles de la
Campagne de Rome, de Naples, de la Sardaigne, de
la Sicile, de Malte, de la Syrie, de la Barbarie. Elle
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est abondante au cap de Bonne-Espérance, dans les
mers du Japon, dans celles des grandes Indes; et lorsque
dans quelques unes de ces dernières contrées,
comme, par exemple, auprès des rochers que l’on voit
sur une grande étendue des bords de la Méditerranée,
la dorade passe une partie assez considérable du jour
dans les creux et les divers asyles que ces rochers
peuvent lui présenter, ce n’est pas, au moins le-plus
souvent, pour éviter une chaleur trop importune produite
par la présence du soleil sur l’horizon, mais pour
se livrer avec plus, de calme au sommeil, auquel elle
aime à s’abandonner pendant que le jour luit encore,
et q u i, suivant Rondelet, est quelquefois si profond
quand la nuit, préférée presque toujours par la dorade
pour la recherche de sa proie, n’a pas commencé de
régner, qu’on peut alors prendre facilement ce spare
en le harponnant, du en le perçant avec une fourche
attachée à une longue perche.
Dans le temps du frai, et par conséquent dans le
printemps, les dorades s’approchent non seulement des
rivages, mais encore des embouchures des rivières,
dont l’eau douce paroît alors leur être au moins très-
agréable. Elles s’engagent souvent à cette époque,
ainsi que vers d’autres mois, dans les étangs ou petits'
lacs salés qui communiquent avec la mer : elles s’y
nourrissent des coquillages qui y abondent; elles y
grandissent au point qu’un seul été suffit pour que-
leur poids y devienne trois fois plus considérable