ceux qui ont de la force et quelques armes pour se
défendre. Il attaque avec avantage quelques perches
et quelques brochets ; mais il n’est pour ces animaux
un ennemi dangereux que lorsqu’il jouit de presque
toutes ses facultés. Pendant qu’il est encore jeune, il
succombe au contraire très-souvent sous la dent du
brochet et de la perche, comme sous celle, des silures,
et sous le bec de plusieurs espèces d’oiseaux d’eau qui
plongent avec vitesse, et le poursuivent jusque dans
ses asyles les plus reculés. Il abandonne ces retraites
écartées dans le temps de son frai, qui a lieu ordinairement
vers le milieu du printemps. Sa femelle
dépose alors ses oeufs sur les broussailles, les pierres,
ou les autres corps durs qu’elle rencontre auprès des
bords de son lac ou de son étang , et qui peuvent soumettre
ces oeufs à l’influence salutaire des rajons du
soleil, de la température de l’air, ou des fluides de
l’atmosphère. Ces oeufs sont d’un jaune blanchâtre.
L’ovaire qui les renferme est Composé de deux portions
distinctes par le haut, et réunies par le bas. Le
conduit par lequel ils en sortent aboutit à un orifice
particulier situé au-delà de l’anus ; et cette*conforma-
tion que l’on peut observer dans un grand nombre
d’espèces de poissons, doit être remarquée. Ces mêmes
oeufs sont très-petits, et par conséquent très-nombreux,;
néanmoins les sandals ne paroissent pas se
multiplier beaucoup, apparemment parce qu’ils s’attaquent
mutuellement, et parce qu’ils tombent souvent
dans les filets des pêcheurs, particulièrement dans-la
saison du frai, où les sensations qu’ils éprouvent, les
rendent plus hardis et plus vagabonds. Ils ont cependant
un grand moyen d’échapper à la poursuite des
pêcheurs ou des animaux qui leur font la guerre : ils
nagent avec facilité, et s’élèvent ou s’abaissent au milieu
des eaux avec promptitude. Ils sont aidés, dans
leur fuite du fond des eaux vers la surface des lacs,
par une vessie natatoire placée près du dos, qui égale
presque toute la longueur du corps proprement dit,
dont l’enveloppe consiste dans une peau très-dure, et
qui se sépare, du côté de i l tête, en deux portions ou
appendices , lesquels lui donnent la forme d’un coeur
tel que celui que les peintres représentent. Le canal
pneumatique de cette vessie est situé vers le haut de
la partie antérieure de cet organe, que l’on ne peut
détacher que difficilement des parties de l’animal
auxquelles il tient, parce que sa dernière membrane
appartient aussi au péritoine.
Le sandat meurt promptement, lorsqu’on le tire du
lac ou de l’étang qui l’a nourri, et qu’on le met dans
un vase rempli d’eau. Il expire sur-tout très-vite, si
on le retient hors de l’eau, principalement lorsqu’une
température chaude hâte le dessèchement si funeste
aux poissons, dont nous avons déjà parlé plusieurs
fois dans cet ouvrage. On ne peut donc le transporter
en vie qu’à de petites distances, avec beaucoup de
précautions, et lorsque la saison est froide; et cepen