siècles où nos continens étoient encore cachés sous les
eaux, au moins si nous devons penser avec les Leibnitz,
les Buffon et les Laplace, que la température
générale de notre planète, et par conséquent celle:
des mers de notre globe, étoit beaucoup plus élevée
avant le commencement de l’ère de 1 existence de nos
continens , que dans les siècles qui viennent de
s’écouler ? ' -
Quoi qu’il en soit de cette dernière conjecture, faisons
remarquer que-parmi ces dépouilles de dorade
qui attestent en même temps et plusieurs des révolutions
qui ont changé la face de la terre, et 1 ancienneté
de l’espèce dont nous écrivons l’histoire les:
fragmens les plus nombreux et les mieux conservés
appartiennent à ces portions des: animaux , -dont la
conformation toujours la même prouve le mieux la
durée des principaux caractères de l’espèce, parce
que de la constance de leur manière d’être on doit
conclure la permanence de la manière de vivre de
l ’aniraal , et de ses autres principales habitudes ,
toujours liées avec les formes extérieures et les organes
intérieurs les plus importans. Ces restes dam
ciennes dorades qui habitaient l’océan il y a des. milliers
d’années^, sont des portions de mâchoireT. ou, des
mâchoires entières garnies de leurs dents incisives et
de leurs rangées nombreuses de dents molaires. Pour
comparer avec soin ces antiques dépouilles avec lés
dents des dorades actuellement vivantes, il ne faut
pas perdre de vue qu’indépendamment de six incisives
arrondies et séparées les unes des autres* que l’on
trouve sur le devant de chaque mâchoire de ces spares,
la mâchoire supérieure est armée ordinairement de
trois rangs de molaires. Le premier de ces rangs contient
dix mâchelières de chaque côté. Le second et
le troisième n’en comprennent pas un aussi grand
nombre ; mais celles de la troisième rangée, et particulièrement
les plus éloignées du bout du museau,
sont plus grandes et plus fortes que les autres. On
remarque le plus souvent, dans la mâchoire inférieure,
des linéamens d’un quatrième rang de molaires, ou une
quatrième rangée intérieure très-bien conformée ; et en
général * la quantité de rangées et de molaires paroît
augmenter avec la grandeur et par conséquent avec
l’âge du poisson. La configuration de ces mâchelières
varie aussi vraisemblablement avec les dimensions de
l’animal; mais le fond de cette configuration reste, et
ces dents destinées à broyer ont le plus fréquemment
une forme ovale ou demi-sphérique, plus ou moins
régulière, convexe ou aplatie, et même quelquefois
un peu concave, peut-être suivant le nombre et la
résistance des corps durs que le spare a été contraint
d’écraser , et qui par leur réaction ont usé ces instru-
mens de nutrition ou de défense journalières.
Ce sont ces molaires fossiles, ou arrachées aune
dorade morte depuis peu de temps , mais particulièrement
les fossiles les plus grandes et les plus régulières,
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