avec plusieurs de ces énormes habitans des mers; il
nage l’égal de presque tous les poissons les plus
remarquables par leur longueur ou par leur masse;
sa conformation est extraordinaire ; ses habitudes
sont particulières; ses actes et les organes qui les produisent
frappent d’autant plus l’observateur, que, par
une suite de sa taille démesurée, aucun de ses traits
ne se dérobe à l’oeil, aucun de ses mouvemens ne lui
échappe : et comment l’imagination ne seroit-elle pas
émue par la réunion de dimensions, de formes et
de mouvemens très-élevés au-dessus des mouvemens,
des formes et des dimensions que la Nature a le plus
multipliés ?
Le flétan, comme tous les autres pleuronectes, a le
corps et la queue très-comprimés. 11 forme parmi les
osseux, et avec les poissons de son genre , les analogues
de ces cartilagineux auxquels nous avons con-
Flétan. Ronde le t, -première partie, lie. n, chap. 15.
RHaipj.p po.g l3o3s.sus, id est j buglossus maximus. Gesner> p, 6 6 g , 787 • et
(germ.) f o l . 54, b. a38H.ippoglossus ab Aldrovando observatus. Aldrovand. lib. 2 , cap. 43, p . PPaasssseerru bmri tgaennnuisc ums.a jCuhs.a rlet. p. 146. Schon. p . 6a.
PGarsosneor v.q uMautuso. r2 ,c unb. itio5s8 .longus. K le in , Miss. pisc. 4, p . 33* n. a.
FBlréitta. nZ. o olog. 3 * p . 184, w. 1. . Valmont-Bomare, Dictionnaire d ’histoire naturelle.
6o3
servé le nom de raies. L’épaisseur des pleuronectes est
même plus petite à proportion de leur longueur, que
celle des raies les plus déprimées. Il y a néanmoins
cette différence essentielle entre la conformation générale
des raies et celle des pleuronectes, que ceux-ci
sont aplatis latéralement, c’est-à-d ire, de droite à
gauche, ou de gauche à droite, pendant que les raies
le sont de haut en bas.
Cette compression exercée sur les côtés des pleuronectes
n’est cependant pas la seule altération qu’ait
éprouvée la totalité du poisson. Le corps et la queue
ont été soumis uniquement à celte manière d’être que
nous avons déjà vue, quoiqu’à un degré inférieur,
dans plusieurs poissons, et particulièrement dans les
chétodons, les acanthures, les sélènes , les zées , les
chrysostoses, etc.; mais la tête a subi une seconde
modification. On diroit qu’après avoir été aplatie ,
comme celle des zées et des chétodons, par une force
agissant sur ses côtés, elle a été défigurée par une
puissance qui a joui d’un mouvement composé; cette
seconde cause, à laquelle il faudroit rapporter une
grande partie de la figure qu’elle présente , l’auroit
tordue, pour ainsi dire. Elle auroit commencé par
peser de haut en bas; et avant de pénétrer très-avant
dans les portions osseuses et solides, elle auroit
tourné en quelque sorte à droite ou à gauche , de
manière à entraîner avec elle les organes de la vue,
et souvent ceux de l’odorat.