LE ZEE L ONG S - CHE V EU X ;
E T
L E Z É E RUSÉ*.
L ’éclat que répand le zée lougs-cheveux est très-
doux à l’oeil, parce que les écailles qui revêtent ce
poisson ne pouvant être vues que difficilement ,
ses nuances argentées ne sont pas réfléchies par des
lames dures , larges et polies, qui renvoient avec vivacité
et les couleurs et la lumière : mais ses teintes
sont belles et riches ; chaque opercule présente des
reflets dorés; et cet or ainsi que cet argent sont comme
encadrés par une distribution aussi noble que gracieuse,
au milieu d’un violet foncé et bien fondu qui
règne sur toutes les nageoires.
La mâchoire inférieure est plus avancée que la supérieure
; chaque narine montre deux orifices ; deux
I1 dZ. eus ciliaris, DorLé i-n ngaéi3 éàd iltoinogns dcçh eGvmeuexli.n , , ■ Bomuilerre3 -planches de l 1 Encyclopédie
méthodique.
B lo ch 3 p i. i o t . Ia dZ. eus insidiator. Linné3 édition de Gmelin. Doré rusé. Bonnaterre3 planches de VEncyclopédie méthodique.
B lo ch j p l. 192 , fig . 2.
HI S T O I R E NA T U R E L L E . S73
plaques forment chaque opercule;' la ligne latérale
est très-courbe près de la tête, et ensuite très-droite.
Mais ce que l’on doit particulièrement remarquer
dans la conformation de ce zée, ce sont l’excessive
longueur et la ténuité des filamens qui terminent
plusieurs rayons de ses nageoires du dos et de l’anus.
Ces filamens si déliés ne peiivent servir ni à ses mou-
vemens, ni à sa défense ; mais je ne serois pas surpris
quand on apprendroit par quelque voyageur qu’ils
ont influé sur les habitudes de ce poisson, au point
de rendre ses moeurs très-dignes de l’observation du.
physicien. Il est probable que ce zée, qui ne peut pas
employer beaucoup de force pour vaincre sa proie,
ni peut-être une grande vitesse pour l’atteindre, à
cause de la grande hauteur et de la petite épaisseur
de son corps, qui doivent rendre sa natation pénible,'
a recours à la ruse que ses filamens lui rendent très-
facile. On pourrôit croire que, par le moyen de. ces
longs appendices qu’il roule autour des plantes aquatiques
et des petites saillies des rochers , il se maintient
dans un état de repos,qui lui permet de dérober
aisément sa présence à de petits poissons, sur-tout
lorsqu’il est à demi caché par les végétaux ou les dif-
férens corps derrière lesquels il se place , et que,
posté ainsi en embuscade , il emploie une partie de
ces mêmes filamens, comme plusieurs osseux ou.cartilagineux
se servent des leurs, à tromper les poissons
trop jeunes et trop imprudens, qui prenant ces fils