des voyages très-longs, se cache pendant l’hiver dans
les profondeurs de la mer, en sort très-maigre vers le
milieu ou le commencement du printemps s il a
éprouvé un froid assez vif pour tomber dans une sorte
d’engourdissement, multiplie beaucoup, se nourrit
par préférence de moules et 'de petits crabes, et se
laisse prendre facilement a un hameçon garni d un
morceau de crustacée. On le peche particulièrement
dans l’Adriatique, dans les eaux de la Toscane, et dans
le lac de Cagliari.
Il ressemble beaucoup a la dorade et au sargue.
Ce dernier spare, indépendamment de ses larges
incisives et de la double rangée de molaires arrondies
que l’on voit à chaque mâchoire, a la partie de 1 intérieur
de la bouche, qui est situee derrière les incisives
d’en-haut et derrière celles d’en-bas, pavée de dents
courtes et aplaties : aussi écrase-t-il avec facilité des
corps très-durs, et se nourrit-il des polypes des coraux,
et des mollusques des coquilles. Sa langue néanmoins
est lisse. Les écailles qufrècouvrent les opercules sont
plus petites que celles du dos. La partie supérieure
du corps est comme carence. Trois appendices ou
cæcums sont situés auprès du pylore. La couleur générale
paroît argentée. Un très-grand nombre de raies
longitudinales dorées, ou jaunes, ou couleur d’orange,
la relèvent, ainsi que la ligne latérale, qui est composée
de petits traits noirs, les bandês-étroites et transversales
que le tableau générique indique, et la nuance
noirâtre de la nuque, du dos, des thoracines , d’une
partie de la queue,' et du bord de la caudale.
Le sargue ne vit pas seulement dans la Méditerranée
: on le trouve aussi dans l’Océan, au moins auprès
de plusieurs côtes de France, dans la mer Rouge et
dans le Nil, où l’on pêche un assez grand nombre
d’individus de cette espèce pour en transporter jusqu’au
mont Sinaï ; et il y parvient quelquefois à la
longueur de six ou sept décimètres.
Aristote a eu raison de compter le sargue parmi les
poissons qui se réunissent en troupes et qui fréquentent
les rivages. Peut-être ce grand naturaliste n’a-t-il pas
eu autant de raison de dire que ce spare frayoit deux
fois par an , dans le printemps et dans 1 automne.
Comme dans presque toutes les espèces de poissons,;
on trouve dans celle du sargue plus de femelles que de
mâles.
Lorsque ce spare a passé l’été dans une sorte d abondance,
et qu’il a vécu dans des endroits rocailleux, sa
chair est tendre et délicate.
A l’égard de l’amour merveilleux quÉlien et Oppien
ont attribué à ce thoracin pour les chèvres, et de la
propriété qu’on a supposée dans les incisives ou les
molaires de ce spare, qui, portées avec soin, préservent,
dit-on, de tout mal aux dents, npus ne ferons pas à
nos lecteurs le tort de les prémunir contre des assertions
dont l’état actuel de la science ne permet pas dé
craindre la répétition.
TOME iv.