coup sur la natation des pleuronectes, que la différence
ou l’égalité de grandeur entre cette dorsale et
cette anale se font sentir dans la situation de ces
osseux; ils ne présentent un plan véritablement horizontal
que lorsque ces deux rames ont une force
égalé ; et on les voit un peu inclinés vers la nageoire
de l’anus, lorsque cette dernière est moins puissante
que la nageoire du dos.
Cependant l ’instrument le plus énergique de la
natation des pleuronectes est leur nageoire caudale,
et par-là ils se rapprochent de tous les habitans des
eaux; mais ils se distinguent des autres poissons par
la manière dont ils emploient cet organe.
Les pleuronectes étant renversés sur un côté, leur
caudale n’est point verticale, mais horizontale : elle
frappe donc l’eau de la mer de haut en bas et de
bas en haut; ce qui donne aux pleuronectes un rapport
de plus avec les cétacées. Il est faeile néanmoins
de comprendre que le mouvement rapide et alternatif
duquel dépend la progression en avant de l’animal,
peut offrir le même degré de force et de fréquence
dans une rame horizontale que dans une rame verticale.
Les pleuronectes peuvent donc, tout égal d’ailleurs,
s’avancer aussi vite que les autres poissons. Ils
ne tournent pas à droite ou à gauche avec la même
facilité, parce que, n’ajant dans leur situation ordinaire
aucune grande surface verticale dont ils puissent
$e servir pour frapper l’eau à gauche ou à droite, ils
sont contraints d’augmenter le nombre des opérations
motrices, et d’incliner leur corps avant de le dévier
d’un côté ou de l’autre ; mais ils compensent cet
avantage par celui de monter ou de descendre avec
plus de promptitude.
Et cette faculté de s’élever ou de s’abaisser facilement
et rapidement dans le sein de l’Océan leur est d’autant
plus utile, qu’ils passent une grande partie de
leur vie dans les profondeurs des mers les plus hautes.
Cet éloignement de la surface des eaux, et par conséquent
de l’atmosphère, les met à l’abri des rigueurs
d’un froid excessif; et c’est parce qu’ils trouvent facilement
un asjle contre les effets des climats les plus
âpres en se précipitant dans les abîmes de l’Océan,
qu’ils habitent auprès du pôle, de même que dans la
Méditerranée, et dans les environs de l’équateur et
des tropiques. Ils séjournent d’autant plus long-temps
dans ces retraites écartées, que, dénués de vessie natatoire,
et privés par conséquent d’un grand moyen
de s’élever, ils sont tentés moins fréquemment de se
rapprocher de l’air atmosphérique. Ils se traînent sur
la vase plus souvent qu’ils ne nagent véritablement ;
ils j tracent, pour ainsi dire, des sillons, ets’j cachent
presque en entier sous le sable, pour dérober plus facilement
leur présence ou à la proie qu’ils recherchent,
ou à l’ennemi qu’ils redoutent.
Aristote, qui connoissoit bien presque tous ceux
que l’on pêche dans la Méditerranée, dit que lorsqu’ils