animaux terrestres en s’élevant au plus haut des airs,
et les seconds en s'enfonçant dans les profondeurs de
l’océan. Ou diroit du moins que, par le vol et la natation
, les oiseaux et les poissons laissent, pour ainsi
dire , entre leurs actions, une telle distance , qu’on ne
pourroit en donner une idée qu’eu la comparant à
celle qui sépare le fond des mers, des plus hautes
régions de l’atmosphère; et cependant, malgré cette
grande dissemblance apparente , les habitudes les
plus générales et les plus remarquables des poissons
et des oiseaux montrent les rapports les plus frappans.
La natation et le vol ne sont, pour ainsi dire, que le
même acte exécuté dans des fluides différens. Les ins-
trumens qui les produisent, les organes qui les favorisent,
les raouvemens qui les font naître, les accélèrent,
les retardent ou les dirigent, les obstacles qui
les diminuent, les détournent ou les suspendent, sont
semblables ou analogues ; et d’après ce rapport si
remarquable, nous ne serons pas étonnés de toutes
les analogies secondaires que nous trouverons entre
les moeurs des oiseaux et celles des poissons.
En effet, l’aile, de l’oiseau et la nageoire du poisson
diffèrent l’une de l’autre bien moins qu’on ne le croi-
roit au premier coup-d’oeil; et voilà pourquoi , depuis
les anciens naturalistes grecs jusqu’à nous, le nom
d'aile a été si souvent donné à celte nageoire. L’bne et
l’autre présentent une surface assez grande relativement
au volume du corps, et que l’animal peut, selon
ses besoins, accroître ou diminuer, en l’étendant avec
force, ou en la resserrant en plusieurs plis. La nageoire,
comme l’aile, se prête à ces différens deploie-
mens, ou à ces diverses contractions, parce qu’elle est
composée, comme l’a ile , d’une substance membraneuse,
molle et souple; et lorsqu’elle a reçu la dimension
qui convient momentanément à l’animal, elle
présente, comme l’aile, une surface qui résiste, elle
agit avec précision, elle frappe avec force , parce que ,
de même que l’instrument du vol, elle est soutenue
par de petits cylindres réguliers ou irréguliers, solides,
durs, presque inflexibles; et si elle n’est pas fortifiée
par des plumes , elle est quelquefois consolidée par
des écailles dont nous avons montré que la substance
étoit la même que celle des plumes de l’oiseau.
La pesanteur spécifique des oiseaux est très-rappro-
chée de celle de l’air : celle des poissons est encore
rpoins éloignée de la pesanteur de l’eau, et sur-tout
de celle de l’eau salée que contiennent les bassins des
mers.
Les premiers ont reçu une organisation très-propre
à rendre un grand volume très-léger : leurs poumons
sont très-étendus; de grands sacs aériens sont placés
dans leur intérieur; leurs os sont creusés et percés de
manière à recevoir facilement dans leurs cavités les
fluides de l’atmosphère. Les seconds ont presque tous
une vessie particulière qui, en se gonflant à leur
volonté, peut augmenter leur volume, et bien loin