frimas, pour aller vers celui du soleil, jusqu’au moment
où la chaleur revenue dans leur patrie, les y
ramène dans le même ordre et par la même route.
La diversité des saisons ne paroît pas produire dans
la température des différentes parties de l’océan, des
changemens assez grands pour obliger les poissons à
se livrer chaque année à des migrations régulières :
mais le besoin de se reproduire, qu’ils ne satisfont
qu’auprès des rivages, les contraint, toutes les fois
que le printemps est de retour, à quitter la haute
mer pour s’approcher des côtes. Ils ne nagent pas alors
dans le sens des méridiens :mais, par une suite de la
position des continens au milieu du grand océan, ils
tâchent de suivre presque toujours une des parallèles
du globe, pour parvenir plus facilement et plus
promptement à la terre dont les bords doivent recevoir
ou leurs oeufs ou leur laite. Les femelles arrivent
les premières, comme plus pressées de déposer un
fardeau plus pesant ; les mâles accourent ensuite. Ils
suivent le plus souvent ces mêmes parallèles, lorsqu’ils
remontent les uns et les autres dans les fleuves et
dans les grandes rivières, ou lorsqu’ils s’abandonnent
à leurs courans pour regagner le séjour des tempêtes,
parce que, à l’exception du Mississipi, de quelques
rivières de la terre ferme d’Amérique, du Rhône, du
N il, du Borysthène, du Don, du Volga, du Sinde, de
l’A va, de la rivière de Camboge , etc. les fleuves
coulent d’orient en occident, ou d’occident en orient.
Les oiseaux sont d’autant plus nombreux qu’ils fréquentent
des continens plus vastes : les poissons sont
d’autant plus multipliés qu’ils habitent auprès de
rivages plus étendus.
Il n’est donc pas surprenant que de même qu’il y
a plus d’oiseaux dans l’hémisphère boréal que dans
l ’austral, à cause de la plus grande quantité de terre
que présente la première de ces deux moitiés du
globe, il y ait aussi beaucoup plus de poissons dans
cet hémisphère du nord, parce que si les habitans de
l’océan ont un séjour plus vaste dans l’hémisphère
austral, dont les mers spnt très-étendues, et les continens
ou les isles très-peu nombreux, il y a peu de
rivages où ils puissent aller déposer la laite ou les
oeufs destinés à leur multiplication. L’espace n’y
manque pas aux individus, mais les côtes y manquent
aux espèces.
Si l’on admet avec plusieurs naturalistes, qu’à une
époque plus ou moins reculée les eaux de la mer, plus
élevées que de nos jours, couvroient une partie des
continens actuels, de manière à les diviser dans une
très-grande quantité d’isles, sans diminuer cependant
beaucoup la totalité de leur surface, il faudra supposer,
d’après les observations que nous venons de présenter,
que lors de cette séparation deA continens en
plusieurs parties isolées, par les eaux de l’océan, il
y avoit beaucoup moins d’oiseaux qu’à présent, ainsi
qu’on peut s’en convaincre avec facilité , et que néan