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petites perches du lac Léman, que Ion appeloit mille-
cantons lorsqu’on les avoit ainsi préparées.
Les Lapons, dont le pays nourrit un très-grand
nombre de grandes perches, ainsi que nous venons de
le dire , se servent de la peau de ces animaux pour
faire une colle qui leur est très-utile. Ils commencent
par faire sécher cette peau ; ils la ramollissent ensuite
dans de l’eau froide, jusqu’au point nécessaire pour
en détacher les écailles ; ils la renferment dans une
vessie de renne, ou l’enveloppent dans un morceau
d’’écorce de bouleau; ils la placent dans un vase rempli
d’eau bouillante, au fond de laquelle ils la maintiennent
par le moyen d’une pierre ou d’un autre corps
pesant; et lorsqu’une ébullition dune heure la pénétrée
et ramollie de nouveau, elle est devenue assez
visqueuse pour être employée à la place de la colle
ordinaire d’acipensërç . h’uso. C’est par le moyen de
cette substance que les Lapons donnent particulièrement
beaucoup de Jurée à leurs arcs qu’ils font de
bouleau ou d’épine. Bloch, qui rapporte les manipulations
dont nous venons de parler, ajoute, avec raison
,• qu’on devroit, à l’imitation des habitans de la
Laponie, faire une colle utile de la peâu des perches,
dans toutes les circonstances où , à cause de la chaleur,
d’autres accidens de l’atmosphère, ou de la distance
du lieu de la pêche à des endroits peuplés, on ne peut
pas vendre d’une manière avantageuse ceux de ces
animaux que l’on a pris. 11 croit aussi, avec toute raison,
qu’en variant les procédés, on feroit avec cette peau
une colle aussi bonne que celle que donne la vessie
natatoire des acipensères; et voilà une nouvelle preuve
de ce que nous avons dit au commencement de cet
ouvrage', sur la facilité avec laquelle on peut convertir
en excellente colle non seulement la vessie natatoire,
mais toutes les membranes de tous les poissons
tant de mer que d’eau douce.
On prend les perches de plusieurs manières. On les
pêche pendant l’hiver, au coleret2; et pendant lété,
avec un autre filet qui ressemble beaucoup au tramaïl*,
et.que l’on notnmeyî/t'/ à perches. On a remarqué dans
beaucoup de pays, que lorsque ces poissons entrent
dans le filet, ils nagent quelquefois si rapidement,
qu’ils se donnent des coups violens contré les mailles,
s’étourdissent, se renversent sur le dos, et flottent
comme morts. Mais l’hameçon est l’instrument le plus
favorable à la pêche de ces animaux 1 on le garnit ordir
nairement d un très —petit poisson, ou d un lombric,
ou d’une patte d’écrevisse. *3
■ Article de Vacipensère tmso. D ’après l'indication qu’il avoit bien voulu
me demander, mon confrère le citoyen Rochon, de l’Institut national, a
employé' avec succès la colle faite avec des membranes de plusieurs
espèces de poissons, pour garnir les toiles de cuivre qu’ il a substituées au
verre dans les (anaux des vaisseaux.
> Voyez la description du coleret, dans l’article du centropome sandat.
3 On trouvera une description du tramait ou trémail, dans l ’article du
gade colin.
TOME IV. 5a