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que l’on, a nommées crapaudines ou bufonites, de même
que les mâchelières de l'anarhique loup, et celles de
quelques autres poissons , parce qu’on les a crues,
comme ces dernières, des pierres produites dans la
tête d’un crapaud. On les a recherchées, achetées assez
cher, enchâssées dans des métaux précieux, et conservées
avec soin, soit comme de petits objets d’un
luxe particulier, soit comme douées de qualités médicinales
utiles. On a sur-tout attaché un assez grand
prix, au moins à certaines époques, aux molaires de
dorade que l’on trouve dans l’intérieur des couches
de la terre, et qui, plus ou moins altérées dans leur
couleur par leur séjour dans ces couches, offrent différentes
nuances de gris, de brun, de roux, de rouge
brunâtre. On a estimé encore davantage ces mâchelières
dont on ignoroit la véritable nature, lorsque
leurs teintes, distribuées par zones , ont montré dans
leur centre une tache presque ronde et noirâtre. On a
comparé cette, tache foncée à une prunelle ; on a vu
dans ces molaires ainsi colorées une grande ressemblance
avec un oeil; on leur a donné le nom d'ail de
serpent; on les a supposées des jeux de serpent pétrifiés ;
on leur a dès-lors attribué des vertus plus puissantes;
on les a vendues plus cher ; et, en conséquence, on les a
contrefaites dans quelques endroits voisins des parages
fréquentés par les dorades, et particulièrement dans
l’isle de Malte, en faisant avec de l’acide nitreux une
marque noire au centre de molaires de spare dorade
non fossiles, et prises sur un individu récemment
expiré.
Les mâchoires qui sont garnies de ces dents molaires
ou incisives dont nous venons de parler, n’avancent
pas l’une plus que l’autre. Chaque lèvre est charnue;
l’ouverture de la bouche un peu étroite; la tête comprimée,
très-relevée à l’endroit des je u x , et dénuée
de petites écailles sur le devant; la langue épaisse ,
courte et lisse ; l’espace compris entre les deux orifices
de chaque narine, marqué par un sillon ; l’opercule
revêtu d’écailles semblables à celles du dos, et arrondi
dans son contour; le corps élevé; le dos caréné; lë
ventre convexe; l’anus plus voisin de la caudale que
de la tête; et l’ensemble du corps et de la queue , couvert
d’écailles tendres et lisses, qui s’étendent sur une
portion de la dorsale et de là nageoire de l’anus.
Telles sont les formes principales de la dorade. Sa
grandeur est ordinairement considérable. Si elle në
pèse communément que cinq ou six kilogrammes dans
certains parages, elle en pèse jusqu a dix dans d’autres,
particulièrement auprès des rivages de la Sardaigne ;
et le vojageur suédois Hasselquist en a vu dans l’Archipel,
et notamment auprès de Smjrne, qui avoient
plus de douze décimètres de longueur. Ce spare, suivant
son âge et sa grandeur, reçoit des pêcheurs de
quelques côtes maritimes , des noms différens que l’on
trouvera dans la sjnonjtnie placée au commencement
de cet article, et qui seuls prouveroient combien on