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OH I S T O I R E N A T U R E L L E
sogo est nn de ees exemples les plus frappaus.' Nous
avons déjà vu un bien grand nombre de poissons
briller de l’éclat de l’or, des diamans et des rubis:
nous allons encore voir sur le sogo les feux des rubis,
des diamans ou de l’or. Mais quelle nouvelle disposition
de nuances animées ou radoucies ! le rouge le
plus vif se fond dans le blanc pur du diamant, en
descendant de chaque côté de l’animal, depuis le haut
du dos jusqu’au-dessous du corps et de la queue, et
en se dégradant par une succession insensible de
teintes amies et de reflets assortis. Au milieu de ce
fond nuancé s’étendent, sur chaque face latérale du
poisson , six ou sept raies longitudinales et dorées ; la
couleur de l’or se mêle encore au rouge de la tête et
des nageoires, particulièrement à celui qui colore la
dorsale, l’anale et la- caudale; et son oeil très-saillant
montre un iris argentin entouré d’un cercle d’or.
Ce beau sogo doit charmer d’autant plus les regards
lorsqu’il nage dans une eau limpide, pendant que le
soleil brillé dans toute sa splendeur au milieu d’un
ciel azuré, que ses nageoires sont longues, que leurs
mouvemens en sont plus rapides, et que, réfléchissant
plus fréquemment, et par des surfaces plus étendues,
les rayons de l’astre de la lumière, elles scintillent plus
vivement, et effacent avec plus d’avantage l’éclat des
métaux polis et des pierres orientales les plus précieuses.
On devroit le multiplier dans ces lacs charmans
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qu’un art enchanteur contourne maintenant avec tant
de goût au milieu d’une prairie émaillée, et à côté
d’arbres et touffus et fleuris, dans ces jardins avoués
par la Nature et parés de toutes ses grâces , cl’où le
sentiment n’est jamais exilé par une froide monotonie,
et qui cultivés, il y a trois mille ans , dans la Grèce
héroïque, conservés jusqu’à nos jours dans-l’industrieuse
Chine, et adoptés par l’Europe civilisée, ont
mérité d’être chantés par Homère et Delille. Se livrant
à ses mouvemens agréables au milieu des eaux de ces
lacs paisibles , ily onduleroit, pour ainsi dire, comme
l’image d’une belle fleur agitée par un doux zéphyr;
il compléteroit le tableau riant d’un Eden où les eaux,
la verdure et le ciel marieroient et leurs brillans
ornemens et leurs nuances touchantes. Il s’accoutume-
roit d’autant plus facilement à sa nouvelle demeure ,
que la Nature- l’a placé non seulement aux Indes
orientales, .en Afrique, aux Antilles , à la Jamaïque,
mais encore dans les eaux de l’Europe.
Et d’ailleurs il réunit à la magnificence de ses vête-
mens une chair très-blanche et d’un goût exquis.
Au reste, sa langue est lisse; le sommet de la tête
sillonné et dénué de petites écailles. On ne compte
qu’un orifice à chaque narine; les écailles du corps et
de la queue sont dentelées ; et les deux mâchoires
garnies, ainsi que le palais, de dents petites , pointues
et semblables à celles d’une lime.
Bloch a vu une variété du sogo, qui diffère des