les unes des autres. Chaque opercule se termine par
une prolongation anguleuse.
Le grimpeur a été vu à Tranquebar, en novembre
1791. Le lieutenant anglois Daldorff a observé la
faculté remarquable qui a fait donner à ce lutjan le
nom spécifique que nous lui avons conservé. Un individu
de cette espèce, surpris dans une fente de l'écorce
d un palmier éventail, à deux mètres, ou environ, au-
dessus de la surface d’un étang, s’efForcoit de monter.
Suspendu a droite et à' gauche par la dentelure de ses
opercules, il agitoit sa queue, s’accrochoit avec les
rayons aiguillonnés de la nageoire du dos et de celle
de 1 anus, detachoit alors ses opercules, se souïevoit
sur ses deux nageoires anale et dorsale, s’attachoit
de nouveau, et plus haut que la première fois, avec les
dentelures des opercules de ses branchies, et, parla
répétition de ces mouvemens alternatifs ; grimpoitavec
assez de facilité. Il emploja les mêmes manoeuvres
pour ramper sur le sable où on le plaça, et où il vécut
hors de l’eau pendant plus de quatre heures.
Cette manière de se mouvoir est curieuse : elle est
une nouvelle preuve du grand usage que les poissons
peuvent faire de leur queue. Cet instrument de natation,
qui, devenant quelquefois une arme funeste à
leurs ennemis, leur sert souvent pour s’élancer* *, et
Voyez Particle du saumon»
dans certaines circonstances pour ramper', peut donc
aussi être employé par ces animaux pour grimper à
une hauteur assez grande.
Les habitans de Tranquebar croient que les petits
piquans dont la réunion forme la dentelure des
opercules, sont venimeux. On ne pourroit le supposer
qu’en regardant ces pointes comme propres à faire
entrer dans les petites plaies que l’on doit leur rapporter,
quelques gouttes de l’humeur visqueuse et
noirâtre dont le grimpeur est enduit, qui est plus
abondante auprès des opercules que sur plusieurs
autres portions de la surface de l’animal, parce que
les pores d’où elle coule sont plus gros, et plus nombreux
sur la tète que sur le corps et sur la queuë, et
qui pourroit contracter de temps en temps une qualité
vénéneuse '.
La longueur ordinaire du lutjan grimpeur est d’un
palme. Il peut coucher sa dorsale et son anale dans un
sillon longitudinal.
Le chétodonoïde a les lèvres charnues et extensibles.
Il présente sur presque toute sa surface des taches
blanches-très-grandes,' et chargées d’une ou de plusieurs
petites taches foncées. La collection du Muséum
d’histoire naturelle renferme un individu dé cette
espèce , dont on n’a pas encore publié de description.
1 Voyez l’article de Y anguille.^
* Voyez le Discours sur la nature des poissons.