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douce ou de rivière. Les individus de cette espèce que
Fon prend dans l’eau douce , ont la couleur plu? claire
et la chair plus molle que ceux que l’on trouve dans
la mer. On pêche le fiez pendant la belle saison,
parce qu’alors il est plus charnu et plus gros. La bonté
de sa chair varie d’ailleurs suivant la nourriture qui
est à sa portée, et par conséquent suivant le pays qu’il
habite. On prétend qu’aux environs de Memel, sa
saveur est plus agréable que dans les autres parties,
de la Baltique. On peut le transporter facilement dans*
des vases et à une distance assez grande de son séjour
ordinaire, sans lui faire perdre la vie ;; et on a profité
de cette facilité, ainsi que de celle avec laquelle il
s’accoutume à toute sorte d’eau, pour l’acclimater et
le multiplier dans plusieurs étangs de la Frise*..Il ne
pèse pas ordinairement plus de trois kilogrammes»
Deux petits cæcums sont placés auprès de son pylore.
Sa colonne dorsale comprend trente-cinq vertèbres.
Les piquans dont sa surface est hérissée , sont très-
petits, mais paroissent crochus , excepté ceux qui garnissent
du côté droit la ligne latérale ou la base de
la nageoire de l’anus et de celle du dos. Ces derniers
sont droits et forment de petits grouppes; on en voit de
semblables sur la ligne latérale du côté gauche, et sur
le bord gauche de la base des nageoires du dos et de
* Voyez le Discours intitulé Des effets de Vart de Vhomme sur la nature
des poissonsi
d e s p o i s s o n s . 6 3 y
l’anus. Ce côté gauche ou inférieur, et par conséquent
presque toujours dérobé à l’influence de la lumière, est
blanc avec quelques nuages'bruns et des taches noirâtres,
vagues, très-peu foncées, très-peu nombreuses,
et petites, tandis que le côté droit est d’un brun foncé,
relevé par des tachés olivâtres, ou d’un verd jaune et
noir. Au reste, indépendamment des piquansdont nous
venons de parler, les deux côtés du fiez sont couverts
d’écailles minces, alongées, fortement attachées à la
peau , et très-difficiles à voir. La mâchoire inférieure
dépasse celle d’en-haut; la langue est courte et étroite ;
deux os ronds et rudes sont situés auprès du gosier.
La ligne- latérale se courbe vers le bas , après s’être
avancée vers la nageoire de la queue-, jusqu’au-delà
de la pectorale. Un aiguillon assez fort paroît au-devant
de la nageoire de l’anus.
- La Baltique n’est pas la seule mer où se plaise le
fiez : il est aussi très-répandu dans l’Océan atlantique
boréal, ainsi que le flyndre , qui fréquente particulièrement
les embouchures des rivières du Groenland.
Ce dernier poisson est un des pleuronectes les moins
grands et les moins agréables au goût. Il në parvient
ordinairement qu’à la longueur de trois décimètres ;
et on ne le mange le plus souvent que séché. Il se
plaît sur les fonds sablonneux, où il se nourrit de vers
marins et de petits poissons, et où il dépose ses oeufs
vers le commencement de l’été. Sa forme générale est
un peu semblable à celle d’une:navette. Le côté gauche