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de l’animal plus grande que celle de la sole, à proportion
de la longueur totale ; l’estomac alongé ; le
canal intestinal très-sinueux; le pylore voisin de deux
ou quatre cæcums ou appendices; et l’épine dorsale
composée de quarante-trois vertèbres.
La plie pèse quelquefois sept ou huit kilogrammes.
Plusieurs de ses habitudes, et les différentes manières,
de la pêcher, ressemblent beaucoup à celles que nous
avons décrites en traitant de la sole. Souvent on la
sale, ou on la sèche à l’air.
On a cru pendant long-temps, sur quelques côtes
de France ou d’Angleterre, que la plie étoit engendrée
par un petit crustacée nommé chevrette. Le physicien
Deslandes chercha, il y a déjà un très-grand nombre
d’années, à découvrir l’origine de cette opinion qui
maintenant seroit absurde. Il fit plusieurs observations
à ce sujet. Il mit des chevrettes dans un vase de trois
mètres de circonférence, et rempli d’eau de mer. Au
bout de douze ou treize jours, il y apperçut huit ou
neuf petites plies, qui grandirent insensiblement; et
cette expérience lui réussit toutes les fois qu’il la tenta.
Dans le printemps suivant, il plaça dans un vase des
plies, et dans un second des plies et des chevrettes.
11 paroît que parmi les plies des deux vases, il y avoit
des femelles qui pondirent leurs oeufs; et cependant
aucun jeune pleuronecte ne parut que dans celui des
vaisseaux qui contenoit des chevrettes. Deslandes examina
alors ces crustacées, et il vit de véritables oeufs
de plie attachés sous le ventre de ces crabes. Il les
ouvrit, et s’apperçut non seulement qu’ils avoient été
fécondés, mais encore qu’ils renfermoieut des embryons
déjà un peu développés. Il conclut de tout ce qu’il avoit
vu, que les oeufs des plies ne pouvoient se développer,
que couvés, pour ainsi dire, sous le ventre des chevrettes.
Au lieu d’admettre cette opinion que*rien ne
peut soutenir, ce physicien auroit dû penser que les
plies écloses dans ces vases provenoient d’oeufs pondus
et fécondés près d’un rivage fréquenté par les chevrettes,
qui aiment beaucoup à se nourrir du frai des
poissons et particulièrement de celui des pleuronectes.
Ces oeufs enduits d’une humeur très-visqueuse , au
moment de leur fécondation, comme ceux de presque
tous les habitans des eaux douces ou salées, s’étoient
collés facilement contre le ventre des chevrettes qu’il
avoit prises pour en faire les sujets de ses expériences.
Avant de terminer cet article, nous devons faire
remarquer que plusieurs auteurs, et notamment Bel-
Jon, Rondelet, Gesner et Aldrovande, ont fait représenter
la plie avec les deux yeux placés sur le côté
gauche. Cette faute est venue vraisemblablement de
ce qu’ils n’ont pas eu le soin de diriger.leurs artistes,
qui auroient dû'dessiner le poisson à rebours. Mais,
quoi qu’il en soit, il paroît qu’une faute semblable a
eu lieu pour plusieurs espèces du genre de la plie; et
nous pensons avec Bloch , que ce défaut d’attention a
dû contribuer à faire compter par les naturalistes