Les pêcheurs cependant ne sont pas les seuls ennemis
que îa perche doive redouter : elle est la proie, non
seulement des grands poissons, et particulièrement
des grosses anguilles, mais encore des canards, et
d'autres oiseaux d’eau. De petits animaux, et notamment
des cloportes, s’attachent quelquefois à ses branchies,
et déchirant, malgré tous ses efforts, son organe
respiratoire, lui donnent bientôt la mort.
Parmi les différentes maladies auxquelles elle est
aussi exposée , de même que presque toutes les autres
espècesde poissons, il en est une qui produit un effet
singulier. Elle gagne cette maladie lorsqu’elle séjourne
pendant long-temps dans,une eau dont la surface
est gelée, ét dont, par conséquent, les miasmes
retenus par la glace ne peuvent pas se dissiper dans
l ’atmosphère *. Elle devient alors enflée à un tel degré,
que la peau de l’intérieur de sa bouche se gonfle, et
•sort en forme de sac. Un gonflement semblahle a aussi
lieu quelquefois à l’extrémité de son rectum ; et c’est
l ’espèce de poche que produit à l’extérieur la tension
et la sortie dé la membrane intestinale, qui a été prise
par des pêcheurs pour la vessie natatoire de l’animal,
que la maladie auroit détachée et poussée en dehors.
De plus, quelques accideus particuliers peuvent agir
sur les parties osseuses, ou plutôt sur les musclesde
* V o y e z c e q u e n o u s a v o n s é c r i t s u r l e s m a la d ie s d e s p o is s o n s , dans le
D i s c o u r s in t i t u l é ? Des effets de Part de V homme sur la nature des poissons.
la perche, de manière à fléchir et courber son épine
du dos. Elle est alors non pas bossue, ainsi qu’on l’a
écrit, mais contrefaite.
Elle peut néanmoins résister avec plus de facilité que
plusieurs autres poissons,' à beaucoup de maladies et
d’ennemis. Elle a la vie dure; et lorsque, dans un
temps frais, on l’a mise dans de l’herbe, on peut la
transporter vivante à plusieurs kilomètres.
On a eu tort de regarder comme différentes les unes
des autres, les perches des lacs et celles des rivières,
puisque les mêmes individus habitent, suivant les saisons,
dans les rivières et dans les lacs ; mais on peut
distinguer plusieurs variétés de perches plus ou moins
passagères, d’après la couleur, le nombre ou l’absence
des bandes transversales. On a vu ces bandes, au lieu
de montrer la couleur noirâtre qu elles présentent le
plus souvent, offrir une nuance blanche, ou d’un
verd foncé, ou d’un bleu mêlé de noir. Dé plus,’Bla-
sius et Jonston ont trouvé des perches avec dou^e
bandes transversales; Àldrovande-, Willughby, Klein
et Gronou, avec neuf; Schaeffer, avec huit ; j en ai
compté sept sur un individu de 1 espece que nous decri-
vons \ Pennant a vu des perches qui n en avoient que
quatre; et Richter, Marsigli et Bloch en ont observé
qui n’offroient aucune bande i ___ ____ .
* 7 r a y o n s à la m em b r a n e d e s b r a n c h ie s d e la p e r s e q n e p e r s h e .
1 4 r a y o n s à c h a q u e p e c t o r a le .
5 ou 6 r a y o n s à c h a q u e t h o r a c in e .
a S r a y o n s à la n a g e o i r e d e l a q u e u e ,, i