leur avons conservé le nom collectif d'achire, qui
signifie sans main.
Nous avons ensuite placé dans deux grouppes diffé-
rens les pleuronectes qui ont leurs deux jeux à droite,
et ceux qui les ont à gauche; et nous avons suivi, en
adoptant cette division, non seulement les idées des
naturalistes modernes, mais encore celles des anciens,
et particulièrement de Pline*, qui ont très-bien distingué
les pleuronectes dont les jeux sont à gauche ,
d’avec ceux dont les jeux sont à droite.
Passant ensuite à la considération particulière de
chacun de ces grouppes , nous avons réparti en differentes
sections les espèces à caudale fourchue ou
échancrée en croissant, celles dont la nageoire de la
queue est rectiligne ou arrondie sans échancrure, et
enfin celles dont la caudale , plus ou moins pointue,
touche à la dorsale et à la nageoire de l’anus.
Nous aurions pu, par conséquent, former six sous-
genres ou sections dans le genre que nous décrivons;
mais parmi les pleuronectes qui ont les jeux à gauche,
nous n’avons vu ni caudale pointue et confondue avec
celles de l’anus et du dos, ni caudale fourchue ou
découpée en croissant.
Nous ne proposons donc, quant à présent, que
quatre sous-genres, dont on a pu voir les caractères
distinctifs sur le tableau du genre qui nous occupe.
* Plin. Hist. mu/ldij lib. g , cap. ig .
A la tête du premier de ces quatre sous-genres est
le flétan ou hippoglosse, que ses grandes dimensions
rendent encore plus comparable aux cétacées que tous
les autres pleuronectes. On a pêché en Angleterre des
individus de cette espèce qui pesoient cent cinquante
kilogrammes ; on en a pris en Islande qui pesoient
vingt mjriagrammes ; Olafsen en a vu de près de six
mètres de longueur; et l’on en trouve en Norvège qui
sont assez grands pour couvrir toute une nacelle.
On trouve les flétans dans tout l’Océan atlantique
septentrional. Les peuples du Nord les recherchent
beaucoup. Les Anglois en tirent une assez grande
quantité des environs de Newfowidlandj et les François
en ont pêché auprès de Terre-Neuve.
On se sert communément, pour les prendre, d’un
grand instrument que les pêcheurs nomment gangva-
den, ou gangwad. Cet instrument est composé d’une
grosse corde de cinq ou six cents mètres de longueur,
à laquelle on attache trente cordes moins grosses, et
garnies chacune à son extrémité d’un crochet très-
fort. On emploie pour appât des cottes ou des gades.
Des planches qui flottent à la surface de la mer, mais
qui tiennent à la grosse corde par des liens très-longs,
indiquent la place de cet instrument lorsqu’on l’a jeté
dans l’eau. En le construisant, les Groenlandois remplacent
ordinairement les cordes de chanvre par des
lanières ou portions de fanon de baleine, et par des
bandes étroites de peau de squale. On retire les cordes