•55o HI STOI RE NATURELLE
îa Nature, plus nombreux peut-être que les traits
meurtriers forgés par l’homme. Mais, a la honte de
l’espèce humaine, des passions furieuses et implacables
o n t, sans nécessité , armé pour l’attaque le bras de
l’homme, qui n’auroit dû porter que des armes défensives,
et que des gràines substantielles et des fruits
savoureux auroient rendu plus sain , plus fort et plus
heureux, tandis que dans la Nature le fort n’est condamné
à la guerre offensive que pour satisfaire des
besoins impérieux imposés par son organisation , et
le foible n’est jamais sans as_yle, sans ruse, ou sans
défense. Les a'canthures sont un exemple de ce secours
compensateur donné à la foiblesse. Leur taille est
petite ; leurs muscles ne peuvent opposer que peu
d’efforts ; ils succomberoient dans presque tous les
combats qu’ils sont obligés de soutenir: mais plusieurs
dards leur ont été donnés ; ces aiguillons sont longs,
gros et crochus ; ils sont placés sur le côté de la
queue; et comme cette queue est très-mobile, ils ont,
lorsqu’ils frappent, toute la force qu’une grande vitesse
peut donner à une petite masse. Ils percent par leur
pointe, ils coupent par leur tranchant, ils déchirent 6
6 Acanthurus lkieatus.
ÇhwtQdpii ljoeatus. Linné, édition de Gmelin.
Chétodon rayé, Dcmbentou et Haiiy, Encyclopédie méthodique.
Id. Bomialerre, -planches de l’Encyclopédie méthodique..
Chætodon lineis longitudinalibus yarius, caudâ bifurcâ utrinque acu-
leatâ. ArtedJo spec. 89,
Seba, Mus. 2, tab. 25 ,£ g . 1.
D E S P O I S S O N S . 5 5 1
par leur crochet; et ce tranchant, ce crochet et cette
pointe sont toujours d’autant plus aigus ou acérés,
qu’aucun frottement inutile ne les use, qu’ils ne sont
redressés que lorsqu’ils doivent protéger la vie du poisson,
et que l’animal, qu’aucun danger n’effraie, les
tient inclinés vers la tête, et couchés dans une fossette
longitudinale, de manière qu’ils n’en dépassent pas
les bords.
Indépendamment de ces piquans redoutables pour
leurs ennemis, presque tous les acanthures ont une
bu plusieurs rangées de dents fortes, solides, élargies
à leur sommet, et découpées dans leur partie supérieure,
au point de limer les corps durs et de déchirer
facilement les substances molles.
Leurs aiguillons pénètrent d’ailleurs très-avant à
cause de leur longueur; ils parviennent jusqu’aux vaisseaux
veineux- et même quelquefois jusqu’aux artériels
; ils font couler le sang en abondance; et c’est ce
qui a engagé à nommer le chirurgien l’une de ces-
espèces le plus anciennement connues.
Ce chirurgien, que les naturalistes ont inscrit jusqu’à
présent parmi les chétodons, avec presque tous
les autres acanthures, mais qui diffère beaucoup,
ainsi que ces derniers animaux, des véritables chétodons
, vit dans la mer des Antilles , où sa chair est
recherchée à cause de son bon goût. Sa mâchoire supérieure
est un peu plus avancée que l’inférieure-
Chaque narine n’a qu’un orifice. La tête est variée de