remarquables, ces réunions extraordinaires où les
chétodons et d’autres espèces des mers équinoxiales
des deux Indes ont laissé leurs empreintes ou leurs
dépouilles au milieu de celles des habitans des mers
tempérées et du voisinage du cercle polaire, et où les
restes et les traits des fluviatiles paroissent confondus
avec ceux des pélagiens ?
Si l’on devoît admettre cette idée, on pourrait assurer
que depuis le moment où les hautes montagnes et
les pics élevés étoient les seules portions de la surface
sèche du globe qui.ne fussent pas inondées , plusieurs
espèces dont on trouve l’image ou les parties solides
dans ces agrégations de poissons de mer et de poissons
d’eau douce, n’ont été modifiées dans aucun de
leurs organes essentiels, ni même altérées dans aucune
de leurs formes les plus délicates ; et ce serait un fait
bien important pour le véritable naturaliste *.
A cette époque , les çétacées, les lamantins, les du-
gons ,'et les morses, ont pu partager avec les poissons
l ’empire de l’océan.
A mesure que les eaux de la mer, en se retirant, ont
laissé à découvert de plus grandes portions des con-
tjnens et des isles, que de nouveaux rivages ont
rapporter à des époques très - reculées, où la face de la terre pouvoit
être très-différente de celle qu’ elle a aujourd’h u i, et celles qui n’orit eu
lieu que beaucoup plus récemment, et lorsque le globe ayoit déj.a reçu
presque en entier sa configuration actuelle.
* Y oyez notre Discours sur lu durée des espèces,
paru, et que des grèves plus doucement inclinées les
ont environnés, les phoques, les tortues marines, les
crocodiles, se sont multipliés sur ces bords favorables
à leur reproduction, à leurs besoins , à leurs habitudes.
Alors les premiers oiseaux ont pu animer l’atmosphère.
Ils ont trouvé sur la terre déjà abandonnée par les eaux,
l ’asjle nécessaire à leur repos, à leur accouplement, à
leur nidification, à leurs pontes , à leur incubation, à
l ’éducation de leurs petits ; et ces premiers oiseaux ont
dû être ceux que nous avons nommés oiseaux d’eau et
latirèmes *, et qui|pourvus d’ailes puissantes , de larges
pieds palmés , d’armes assez fortes pour saisir les poissons,
et d’organes propres à les assimiler à leur substance,
ne se nourrissent que des habitans des mers,
peuvent voler très-long-temps au-dessus de la surface
de l’océan, se précipiter avec rapidité sur leur proie,
l’enlever au plus haut des airs, nager à d’immenses distances
de la rive, lutter avec constance contre les vents
déchaînés, et braver les vagues soulevées. Alors les
albatros, les frégattes, les pélicans, les cormorans, les
mauves, ont commencé d’exercer sur les poissons leur
empire redoutable. Leur apparitiou a pu être bientôt
suivie de celle des oiseaux de rivage, parce que sur les
côtes abandonnées par les eaux de la mer, il a pu se
* Dans le Tableau méthodique des oiseaux , que j’ai publié , et d’après
lequel j’ai fait arranger la belle, collection d’oiseaux du Muséum d’histoire
naturelle.
TOME IV. F