célèbres poètes de l’antique Rome, pénétré c|e l’esprit
mythologique qu’il cherchoit cependant à détruire, et
lui rendant hommage même en le combattant, invo-
quoit, sous le nom de la déesse des grâces et de la
reproduction, dans un des plus beaux poèmes que les
anciens nous aient transmis. Mais cette idée tenoit, sans
doute, à une idée plus élevée encore. Cette sorte d’hiéroglyphe
de la beauté céleste n’avoit pas été empruntée
sans intention du sein des eaux. Ce n’étoit pas seulement
la Nature créatrice et réparatrice que devoit indiquer
cette consécration de la dorade. Les idées religieuses
des Grecs n’étoient qu’une traduction poétique
des dogmes sacrés des premiers Egyptiens. L’origine des
mystères de Thèbes, liée avec la doctrine sacerdotale
de l’Asie, remonte, comme cette doctrine, aux derniers
grands bouleversemens que le globe a éprouvés. Ils ne
sont que le récit allégorique des phénomènes qui ont
distingué les différens âges de la terre et des eieux.
Cette histoire des dieux de l’Orient et du Midi est
tracée sur un voile sacré , derrière lequel la vérité
a gravé les fastes de la Nature. Et cet emblème, qui
n’étoit pour les Grecs que le signe de la beauté productive,
doit avoir été pour les anciens habitans de
l ’Inde, de la Perse et de l’Egypte, le symbole de la
terre sortant du milieu des flots , et recevant sur sa
surface vivifiée par les rayons du dieu de la lumière,
tous les germes de la fécondité, et tous les traits de
la beauté parfaite. Cette époque où la mer a cessé de
couvrir nos isles et nos continens, pouvoit d’autant
plus être rappelée à l’imagination , dans une langue
mythologique, par l’habitant de l ’océan, dont nous
tâchons de dessiner l’image, que des dépouilles très-
reconnoissables d’un grand nombre d’individus de l’espèce
de la dorade gisent à différentes profondeurs au
milieu des couches du globe, où les courans et les
autres différentes agitations des ondes les ont accumulées
avant que les eaux ne se retirassent de dessus
ces couches maintenant plus exhaussées que les rivages
marins, et où elles se trouvent, pour ainsi dire, déposées
comme autant de médailles propres à constater
l’important événement de la dernière formation des
continens et des isles. Cette espèce étoit donc contemporaine
de l’apparition des montagnes et des plateaux
élevés au-dessus de la surface de l’océan ; elle-existoit
même long-temps avant, puisque des débris de plusieurs
des individus qu’elle renfermoit, font partie des
couches de ces plateaux et de ces montagnes. Il faut
donc la compter parmi celles qui habitoient l’antique
océan, lorsqu’au moins une grande portion de l'Europe,
et même de l’Afrique et de l’Asie, n’étoit que
le fond de cette mer dont les marées, les courans et
les tempêtes élaboroient les grandes inégalités de la
surface actuelle du globe. Elle appartient donc à des
périodes de temps bien plus reculées que les terribles
catastrophes qui ont successivement agité et bouleversé
les continens, depuis que les eaux de la mer se