sont éloignées de.leurs sommets ; elle est donc bien
plus âgée que l’espèce humaine; et, ce qui est bien
plus remarquable , elle a traversé et les orages de
destruction qui ont laissé sur le globe de si funestes
empreintes, et les siècles de réparation et de reproduction
qui ont rempli les intervalles de .ces convulsions
horribles, sans éprouver aucune grande altération
, sans perdre les principaux traits qui la distinguent
: les fragmens de dorade que 1 on rencontre
dans l’intérieur des montagnes , sont entièrement semblables
à ceux que l’on voit dans des alluvions plus
récentes *, et même aux parties analogues des individus
qui vivent dans ce moment auprès de nos rivages.
Des milliers d’années n’ont pu agir que superficiellement
sur l’espèce que nous examinons ; elle jouit, pour
ainsi dire, d’une jeunesse éternelle; et pendant que
le temps moissonne par myriades les individus quelle
a compris ou qu’elle renferme, pendant qu ils tombent
dans la mort comme les feuilles sèches sur la surface
de la terre vers la fin de l’automne, elle reste à l’abri
de la destruction, et brave la puissance des siècles,
comme un témoin de cette merveilleuse force de la
Nature., qui par-tout mêle l ’image consolante dé la
* 1 1 n’est presque aucuta ouvrage de géologie ou d?ôryctoîogie, qui
ne renferme quelque preuvé de cette assertion. On peut consulter particulièrement,
à ce sujet, le grand ouvrage que .publie sur la montagne de
Saint-Pierre de Maeslricht, mon savant collègue le citoyen Faujas Saint-
Fond.
63
durée aux dégradations du dépérissement, et élève les
signes brillans de l’immortalité sur les bords du néant.
Cette antiquité de l’espèce de la dorade doit, au
reste, d’autant moins étonner, qu’on auroit dû la
deviner, par une observation un peu attentive de ses
habitudes actuelles. Elle vit dans tous les climats.
Toutes les eaux lui conviennent :les flots des rivières,
les ondes delà mer, les lacs, les viviers, l’eau douce,
l’eau salée , l’eau trouble et épaisse, l’eau claire et
légère, entretiennent son existence et conservent ses
propriétés, sans les modifier, au moins profondément.
La diversité de température paroît n’altérer non plus,
ni ses qualités, ni ses formes : elle supporte le froid du
voisinage des glaces flottantes, des rivages neigeux et
congelés, et de la croûte endurcie de la mer du Nord;
elle n’y succombe pas du moins, lorsqu’il n’est pas
excessif. Elle résiste à la chaleur des mers des tropiques ;
et nous verrons en parcourant l’histoire des animaux de
sa famille,-qui peut-être sont des races plus ou moins
anciennes, lesquelles lui doivent leur origine, que le
spare auquel nous avons donné le nom de notre savant
ami Desfontaines, se plaît au milieu des eaux thermales
de la Barbarie. Cette analogie avec les eaux thermales
ne pourroit-elle pas être considérée d’ailleurs comme
un reste de cette convenance de l’organisation, des
besoins et des habitudes, avec des fluides plus échauffés
que leau des fleuves ou des mers de nos jours,
qui a dû exister dans les espèces contemporaines des