TRAITÉ DES A R B R E S FRUITIERS.
loppeni en avant et en arrière. On attaelic les pousses latérales : on continue
cette surveillance jusqu'en août, et même tant que les arbres
poussent.
Cette manière d'ébourgeonner exige qu'on passe un grand nombre
de fois sur son arbre pendant l'été ; mais elle demande beaucoup moins
de tems que la manière ordinaire, et elle évite une gi-ande perle de
sève et des plaies nombreuses; car la plaie d'un bourgeon supprimé,
quand il n'a que 54 ou 8i millim. (a ou 3 pouces de long), se cicatrise
et se recouvre en très-peu de tems.
La seconde année étant révolue, si l'arbre n'a pas lo pieds d'envergure,
c'est que, ou la terre ne sera pas bonne, ou l'arbre sera vicié,
ou on l'aura mal gouverné : la séve ayant toujours une tendance à s'élever
verticalement, il arrive toujours que la plupart des bourgeons qui se
développent sur le côté suj)érieur des branches-mères, sont pins forts,
ou voudi'oient devenir plus forts que ceux placés sur le côté inférieur;
mais on modère leur vigueur d'abord, connue je l'ai dit plus haut, en
les palissant huit ou quinze jours avant les autres, et puis en pinçant
leur extrémité.
Au troisième printems on dépalisse entièrement l'arbre pour le lail-
1er; on alonge les branches-mères de trois ou quatre pieds, et on
taille tous les rameaux latéraux à deux, trois, ou quatre yeux, selon
leur force, et on rai)at ceux qni ont domié du fruil, ou bien qui ont
fleuri et dont le fruit a man(|uc, sur l'oeil le plus bas qui, jn'esque toujours,
se développe en une branche plus ou moins forte, propre à donner
du fruit l'année suivante : savoir se ménager ainsi des branches
nouvelles à la base des branches à fruit usées, est le comble de l'art;
c'est le moyen de tenir son arbre toujours bien garni. Quand l'arbre est
taillé, on l'ouvre encore un peu en le rattachant, et lorsqu'il commence
à pousser, on supprime, comme les années précédentes, tous les bourgeons
mal j)Iacés et inutiles, à mesure qu'ils paroissent. Nous répétons
une ibis pour toutes, que c'est par cette opération qu'on oblient des arln-es
promptement formés et de longue durée, exempts de gomme et de toutes
les dillorniités qu'on remarque sur ceux dont on n'a supprimé les bourgeons
inutiles que lorsqu'ils étaient tout-à-fait dévelo])pés, et (pi'ils avaient
employé en pure perte une grande partie de la séve de l'arbre.
T R A I T E DES ARBRES FRUITIERS.
Mais il est tems, dans cette troisième année, de se préparer de nouveaux
membres pour garnir l'intéricnr de l'arbre. A cet eflet on choisit
à environ i pied ou i8 pouces de la naissance de chaque branclie-mèrc
une pousse sur le côté supérieur qui ait de la vigueur; on la laisse en
liberté dans une direction verticale; bientôt ces deux branches sont une
fois plus fortes (pie les autres : alors on les palisse en les inclinant à 45
degrés, pour les modérer et pour les empêcher d'alfamer les brandiesmères.
Ces deux nouvelles pousses sont destinées à former deux nouveaux
bras, qu'on abaissera peu à peu comme les branches-mères, et
sur lesquels deux ans après on en élèvera deux autres; ainsi de suite,
tant (fue l'ai-bre aura assez de force pour en développer, et tant que
les deux premières branches ne seront pas abaissées jusqu'à la direction
horizontale.
Voilà la théorie générale; quant à la pratique et à ses détails, tout cela
ne peut s'expliquer qu'au pied de l'arbre. On alonge chaque année les
tailles de 3 à 4 pieds pendant cin(j ans, afin d'employer la fougue de
l'arbre à sa formation ; mais ensuite on le taille progressivement plus
coin't, car autrement il se dégarniroit et s'épuiseroit. Un pécher de
cinq ans doit avoir de vingt à vingt-cinq pieds d'envergure et être en
plein rapport.
Les pèches doivent être découvertes avec beaucoup de précaution et
accoutuiuécs peu à peu aux rayons du soleil, qui sont nécessaires pour
leur donner une belle couleur et perfectionner leur goût. 11 ne thut les
cueillir que dans leur parfaite maturité : il est bon de les laisser quelques
heures dans un lieu froid avant de les manger. Elles se mangent crues,
sans sucre ou avec du sucre, cuites dans l'eau et saupoudi'ées de sucre,
eu beignets, en compotes, confites en marmelades, confites à l'eau-de-vie,
séchées an four, etc.
Le goût réunit tous les sentimens sur la bonté des pèches crues. Les
estomacs se partagent sur leurs qualités : les uns les trouvent fiévreuses
et de diflicile digestion, à moins qu'elles ne soient corrigées par le vin
et le sucre, ou même la cuisson; les autres les digèrent facilement et les
regardent comme un fruit très-sain.
Les fleurs ilu pécher, mangées eu salade, purgent violemment, Les feuilles
donnent une propriété \ermiruge au lait dans lequel on les fait bouillir.