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et cause des degdts épouvantables à l'horljculturc et à l'agriculture dans un
grand rayon autour de Paris. Des prix, des enconragemens ont été proposés
pour sa destruction; mais aucun moyen efficace n'a encore été trouvé, et ou
est réduit à attendre que le Gouvernement fasse une loi qui oblige à hannetonner,
au moins pendant un certain nombre d'années, sur tous les points
de la France où les hannetons paroissent.
2. Puceron, dit Duhamel, passe pour un des plus redoutables ennemis
du pêcher. Cet insecte vivipare se multiplie presque en naissant, et sa
fécondité est prodigieuse. I£n détruisant les premiers pucerons qui paroissent
sur un arbre, on détruit des générations très-promptes et très-nombreuses
qu'il est très-difficile d'exterminer. Cependant on en fait périr beaucoup, si
on prend les feuilles qui en sont attaquées entre deux éponges imbibées d'une
forte décoction de tabac ( du tabac en poudre jeté sur le puceron blanc le
tue dans un instant), ou d'eau de chaux vive, ou d'une dissolution de savon
dans l'ean ( toutes les matières oléagineuses sont pernicieuses aux insectes, mais
elles nuisent, dit-on, aux arbres, dont apparemment elles bouchent les pores),
de suie de cheminée, de sauge, d'iiyssope, d'absinthe et autres plantes trèsfortes
et amèrcs, bouillies dans l'eau commune jusqu'à réduction de moitié.
Ou bien on ôte les feuilles et les sommités des pousses et on les jette dans
l'eau ou dans le feu. Quelques jardiniers blâment ce retranchement, qui occasionne
la nais.sance de beaucoup de branches foibles. "
Depuis Duhamel divers auteurs ont indiqué un grand nombre de recettes
pour détruire les pucerons. Roger-Scbabol conseille iin lavage terreux. Rosier
un lavage d'eau pure dans laquelle on auroit mêlé une essence de térébenthine;
M. Forsyth conseille d'arroser avec une eau savonneuse mêlée d'urine et
de bouse de vachc, etc. Mais de tous les procédés, le plus simple, comme le
plus infaillible, est une fumigation de tabac au moyen d'un soufflet imaginé
par M. Charpentier, mécanicien aux Gobelins. Depuis ce temps, on s'en sert
avec une satisfaction toujours croissante dans les serres du Muséum d'histoire
naturelle, et les expériences faites avec cet instrument, en 1810, sur des pêchers
en espalier, dans la pépinière du Luxembourg, ont été couronnées du plus
grand succès : les pucerons ont été détruits sur-le-champ. C'est un soufflet à peu
près de même forme et de mêmes dimensions qu'un soufflet de cheminée, mais
dont le tuyau n'a que deux ou trois pouces de longueur. On adapte à ce
tuyau, au moyen d'un autre court tuyau, une espèce de cassolette, à peu près
grande comme un verre à boire et figurée de même, garnie en dedans d'une
petite .grille, sur laquelle on posera du charbon enflammé jusqu'à en emplir
les deux tiers de la cassolette. Cette grille sert à maintenir une masse d'air au
fond de la cassolette et à empêcher le charbon de descendre dans le soufflet
par le trou qui communique dans le fond, et par où l'air doit arriver. On a
une autre pièce, figurée exactement en pipe, dont le tuyau auroit six on huit
pouces de long, et dont le corps, de même diamètre que la cassolette, sur laquelle
il doit s'emboîter en forme de couvercle, est environ d'un tiers plus haut
qu'elle. Le tuyau de cette pipe peut avoir huit ou dix lignes de diamètre; mais
son orifice doit être resserré et n'avoir que deux lignes. Il faut aussi une petite
grille à l'endroit qui sépare le tuyau du corps de la pipe, afin qu'en soufflant,
le tabac ne soit pas poussé dans le tuyau. Quand le tout est préparé,
on adapte la cassolette au bout du soufflet, et on l'emplit aux trois quarts de
charbon enflammé; de l'autre côté on emplit la pipe de tabac à fumer, on
la renverse et on l'adapte sur la cassolette, dont le feu allume le tabac dans
l'instant. On prend le soufflet, on approche le tuyau de la pipe à quatre, trois,
deux, et même un pouce de l'endroit oii sont les pucerons; on souffle; la fumée
s'échappe avec force et enveloppe les pucerons, qu'elle tue sur-le-champ, sans
nuire en aucune manière aux plantes les plus délicates.
3." Le Puceron lanigère, que l'on n'a voit jamais vu à Paris avant 1818, est
maintenant dans tous les jardins de la capitale et des environs où il y a des
pommiers, sur lesquels il se multiplie avec une rapidité effrayante, et cause
de grands ravages par ses piqûres, qui, produisant des exostoses très-nombreuses,
nuisibles au cours de la sève, font languir les branches, les mènent à la stérilité
et même à la mort. On reconnoît aisément la présence de ce puceron sur un
pommier au duvet blanc et floconneux qu'il produit et dont il s'entoure; mais
le moyen de le détruire complètement n'a pas encore été trouvé. L'huile le
tue bien, lorsqu'elle peut l'atteindre; mais le moyen de huiler entièrement un
grand pommier? Les moyens chimiques ont été encore moins efficaces que
l'huile, et nous sommes à attendre qu'une influence atmosphérique nous débarrasse
de cet ennemi de nos pommiers.
4." Les Fourmis, selon de Réaumur, sont attirées par les pucerons, dont
les excrémens sont sucrés. , Malgré l'autorité de ce célèbre naturaliste, dit Duhamel,
je crois qu'on peut encore mettre en question lequel des pucerons ou
des fourmis s'attirent. En effet, ayant délivré un arbre des fourmis, elles se
sont jetées sur un arbre voisin : dès le lendemain ses plus tendres feuilles ont
commencé à se contourner; la contraction de leurs nervures a formé des enfoncemens
le long de la grosse arête. Le mal a fait des progrès rapides, sans que j'aie
pu, pendant cinq ou six jours , découvrir aucun puceron ; enfin j'en ai aperçu
quelques-uns, et en peu de temps leur nombre s'est accru considérablcuient.
J'ai encore observé que les pucerons n'ont pas subsisté long-temps sur les arbres
dont les fourrais ont été délogées; que, quand les fruits sont mûrs, les fourmis
les attaquent, s'ils ont la peau très-fine, comme les pêches violettes et les avantpêches,
ou, profitant des ouvertures faites par d'autres animaux, s'en nourrissent
et abandonnent ou négligent les pucerons, qui disparoissent bientôt.
Ces faits, dont j'ai été plusieurs fois témoin, me feroient imaginer que les
fourmis préparent aux pucerons des établisscmens dans les enfoncemens qu'elles