le fond pour asseoir les racines, ei on en conserveroit un peu pour les reeouvrir;
cellc (lu fond serviroit à coniWcr le trou.
Quatrième cas. Si cependant, à quinze ou dix-]uiiL ponces de profondeur,
on trouvoit le tuf, il ne faudroit pas pour cela faire le trou plus profond, mais
il conviendroit de le faire beaucoup plus large et reeonvrir ce Inf par de la
bonne terre. Il vaudroit même mieux ne donner qu'nn pied de profondeur
au trou, et six ou huit de largeur, que de lui en donner quatre en tous sens;
car, dans le dernier cas, les racines se trouvcroient comme encaissées, et quand
elles auroient consommé leur nourriture, elles ne pourroientpas en aller chercher
d'autre; tandis que dans un trou peu profond, mais très-large, elles peuvent
s'étendre beaucoup, en sortir même et glisser près de la superficie du sol, où
la terre est ordinairement la meilleure.
Si, au lieu de tuf, on trouvoit de la glaise, il faudroit bien se garder do
l'entamer, car leau séjourneroit dans le trou et pourriroit les racines de l'arbre
en peu de temps : il faut au contraire couvrir cette glaise de huit à dix pouces
de bonne terre, sur laquelle on asseyera les racines; et si l'arbre ne paroissoit
pas assez enterré, on le butteroit, et on recouvriroit la butte de gazon renversé.
C'est également ainsi qu'il faut planter un terrain dans lequel on trouve l'eau
à moins de deux pieds de profondeur.
ARTICLE II. Choix des arbres et manière de les lever de la pépinière.
Tous les arbres d'une pépinière ne poussent pas également bien; il y a des
vices et des qualités individuels que le pépiniériste peut rarement modifier, et
dont la cause nous est le plus souvent inconnue. Il faut donc nécessairement
choisir parmi les arbres d'un même /ige, de même espèce, et greffés sur le même
sujet : on doit préférer ceux qui sont les plus vigoureux, les mieux faits et qui
ont l'écorce la plus lisse. Tout arbre nain qui n'est pas assez fort pour être mis
en place au bout d'un an de greffe, est à dédaigner; et celui qui, greffé près de
terre, a mis plus de quatre ans pour former sa tige et sa tête, n'est pas d'une belle
venue, il faut le rejeter. Les arbres greffés en tête peuvent, ainsi que les nains,
être mis en place après leur première pousse. Les quenouilles doivent être bien
garnies de branches de bas en haut, et avoir de trois à cinq ans de greffe.
Lorsque, après avoir bien choisi et marqué ses arbres dans la pépinière, on
veut les lever, il faut ôter la terre qui recouvre leurs racines, non avec une
bêche ni avec aucun autre outil tranchant, iiiais avec une sorte de houe à
deux ou trois branches, afin de ne rien couper. Quand toutes les principales
racines seront bien dégagées et mises à nu jusque vers leur extrémité, l'arbre
s'enlèvera aisément en le tirant un peu obliquement de différons côtés. Si
pendant la levée il n'y a ni gelée ni hâle, les arbres peuvent rester quelques
INTRODUCTION. hxsv
heures sur terre, sans que leurs racines en souffrent; mais dans le cas contraire,
ou il faut les mettre de suite en jauge, ou les emballer dans de la longue
paille, après avoir entouré leurs racines de mousse, s'ils doivent être envoyés
à plusieurs journées de distance.
ARTICLE III. De la distance entre les arbres.
La distance qu'on doit mettre entre chaque arbre est subordonnée : aux
vues de celui qui plante, 2.° à la nature des arbres, 3° à la forme qu'on veut
leur donner, et enfin à la qualité du terrain. Celui qui plante veut jouir
le plus tôt possible, et il a raison; en conséquence il plante très-près. Mais
au bout de trois ou quatre années d'espérance, il commence à s'apercevoir que
ses arbres se nuisent mutuellement, et que bientôt ils cesseront de lui promettre
les longues jouissances qu'il s'étoit flatté d'en obtenir. Pour éviter ce désagrément,
nous ne dirons pas comme plusieurs auteurs, plantez loin; nous dirons
au contraire plantez près pour jouir promptement; et pour jouir long-temps,
plantez de façon à ce que vous puissiez supprimer successivement une partie
de vos arbres sans nuire à l'ordre et à la symétrie que vous vous êtes proposes.
Si, par exemple, vous vouliez planter un espalier de pêchers, et que vous
disiez, ce qui est bien vrai, un beau pêcher porte ordinairement trente pieds
d'envergure; donc, il faut laisser une distance de trente pieds entre chaque
arbre, vous raisonneriez fort mal, manqueriez de goût et n'entendriez pas vos
intérêts. Vous devez mettre trois arbres dans cet espace, à condition toutefois
de supprimer celui du milieu ou les deux latéraux, quand la place deviendra
trop étroite.
Des poiriers et pommiers bien venans, âgés de vingt ans, se trouvent trèsbien
espacés à trente-six pieds les uns des autres, dans un bon verger : faudroit-il,
quand vous plantez des arbres à peine plus gros que le pouce, que vous les
missiez à trente-six pieds les uns des autres? Non; mettez-en au contraire trois
dans cet espace, avec la ferme résolution d'en supprimer les deux tiers dans
le courant de douze à quinze ans, et vous aurez planté pour vous et pour vos
neveux.
Nous nous abstiendrons donc de déterminer la distance qu'il faut mettre
entre les arbres, tant en plein-vcnt qu'en espalier, puisque cette distance ne
peut être subordonnée qu'aux vues du planteur, à la nature des arbres et à la
qualité du terrain. Nous dirons seulement que, quand on plante un espalier,
il faut éloigner le pied de l'arbre de sept à huit pouces du pied du mur, en
inclinant le haut de l'arbre vers ce mur.