PRÉFACE.
DES considérations sur la structure, la force et les usages de
nos organes; des réflexions sur la marche et la lenteur des
progrès de l'esprit humain, ont, depuis longtems, déterminé
les naturalistes à penser que les premiers hommes n'ont pu
se nourrir que de fruits simples qui leur étoient offerts par
la nature encore sauvage, et que leur première étude fut la
multiplication et l'amélioration de ceux de ces fruits auxquels
leur goût donna la préférence.
Cette opinion reçue de tout le monde et à laquelle on ne
peut rien opposer, place la culture des arbres, non-seulement
à la tête de toutes les cultures, mais encore au-delà
de toutes les inventions humaines : cette culture a drt être,
il est vrai, peu de chose pendant bien des siècles; car,
probablement le berceau du genre humain étoit sous une
zone échauffée où la nature prodiguoit ses trésors , comme
elle le fait encore aujourd'hui aux heureux habitans des
tropiques. Soit donc que la terre se soit refroidie dans les
parties le moins exposées à l'influence du soleil; soit qu'une
population trop nombreuse ait obligé les hommes à refluer
de l'équateur vers les pôles, il est certain que ce furent
les habitans des climats privés d'une chaleur suffisante,
qui, les premiers, tentèrent d'améliorer les fruits médiocres
ou mauvais que leur sol produisoit, et d'y en introduire
d'autres déjà améliorés ou naturellement bons. Eh ! pourquoi
en effet les peuples voisins des tropiques se seroient-ils