remment Irop àcre, est presque insoclablc. Un prunier ne s'accommodera pas de
l'amandier, qui est en pleine fleur lorsqu'à peine la sève des pruniers commence
à se mettre en mouvement. En décrivant chaque arbre fruitier, nous marquerons
sur quel sujet il faut le greffer.
Pendant l'automne, il faut élaguer les sujets de toutes branches au-dessous
lie l'endroit où l'on doit placer les greffes au printemps suivant; ce retranchement
se fait au printemps sur ceux qui ne doivent être greffés qu'au déclin
de la seconde sève.
On choisit, pour placer la greffe, un endroit du sujet qui soit uni, sans
noeuds, sans cicatrice.
On appelle greffe sur franc, celle qui se fait sur un sujet de même famille
et de même nom, quoique sauvage. Ainsi, on dit d'un poirier greffé .sur un
sauvageon pris dans les bois ou élevé do pcpin ; d'un figuier greffé sur un
autro figuier; d'un cerisier greffé sur un autre cerisier, etc.,' qu'ils sont greffés
sur franc. Lorsque le sujet est de nom différent, quand même il seroit do la
même famille, on le désigne par son nom; ainsi, on dit un pêcher greffé sur
. amandier, un abricotier greffé sur prunier, un albergier greffé sur abricotier,
un pommier greffé sur douein, un cerisier greffé sur merisier, etc.
ARTICLE VI. Qualités que doivent avoir les greffes.
Il faut prendre les greffes sur des arbres formés, ni trop jeunes ni trop
vieux, en plein rapport, sains, et dont Icspèce soit bien franche et vraie. Cette
dernière qualité mérite attention, surtout pour les arbres qu'on multiplie
quelquefois de semences, procédé qui fait ordinairement varier et presque
toujours dégénérer l'espèce. II y a une grande diflerence entre une véritable pèclie
Mignonne, une véritable prune de Reine Claude, et leurs variétés. Les descriptions
que nous donnerons de chaque arbre mettront en état de faire cette
distinction. Et comme le bois et les feuilles de la plupart des arbres fruitiers
n'ont pas de caractères sufifisans pour distinguer l'espèce de ses variétés, ni
souvent même l'espèce de l'espèce, il faut, pendant la saison de chaque fruît,
reconnoîtrc et marquer les arbres dont on doit tirer des greffes.
Les rameaux destinés à faire des greffes en fente et en couronne, se prennent
parmi ceux de la pousse du dernier printemps; ils doivent être droits, sains,
d'une belle écorce, garnis de beaux yeus peu éloignés les uns des autres, et d'une
moyenne vigueur (les branches chiffonnes et les gourmandes n'étant propres
pour aucune greffe d'arbres fruitiers). Il faut les cueillir avant le premier
mouvement de la sève du printemps, c'est-à-dire, en janvier, février, ou plus
tôt; les enterrer par le gros bout, à deux ou trois pouces de profondeur, dans
un lieu exposé au nord et à l'abri du soleil, afin qu'ils ne soient pas en sève
dans le temps où ils doivent être employés, et les couvrir pendant les fortes
gelées, surtout ceux d'arbres à fruit à noyau.
Les écussons se prennent sur des bourgeons de la dernière sève, bien conditionnés,
bien garnis de bons yeux et d'une force moyenne. On devra éviter
d'en prendre sur des brandies chiffonnes, parce qu'ils ne formeroient pas de
beaux arbres; on n'en prendroit pas non plus sur les branches gourmandes,
parce que les arbres qui en proviendroient se mettroient tard à fruits.
On choisit, pour faire les écussons, les yeux les plus gros et les mieux formés
vers le milieu du bourgeon. Quant au pêcher, on préférera les yeux doubles
ou triples aux yeux simples, les premiers étant censés devoir produire des arbres
plus prompts à se mettre à fruits.
Lorsque ces bourgeons sont coupés, ou même avant que de les couper, il
faut en retrancher l'extrémité tendre et toutes les feuilles, en ne ménageant
que les queues, parce que, ces parties transpirant beaucoup, les bourgeons
auroient bientôt perdu leur sève si on les leur conservoit. Il faut de plus les
envelopper de mousse humide, d'herbe fraîche, ou d'un linge mouillé, ou en
tenir le gros bout dans de l'eau. Lorsqu'on est obligé de les transporter loin,
ou de les conserver quelques jours, on les pique par le gros bout dans un
concombre ou autre fruit, et on enveloppe le tout de mousse humide.
Lorsqu'on cueille les greffes, soit pour la fente, soit pour lécusson, il faut
lier ensemble les rameaux des mêmes espèces ou des mêmes variétés, y mettre
des étiquettes, des ligatures de différentes couleurs, ou d'autres marques qui les
puissent faire reconnoître.
11 faut aussi greffer de suite et numéroter les mêmes espèces ou les mêmes
variétéSj et tenir un registre ou catalogue relatif aux marques ou numéros de
la pépinière.
Sans ces attentions et toutes celles que nous avons indiquées ci-devant, on
court risque de se méprendre dans le choix des espèces, de n'avoir que du
déplaisir en cultivant des arbres lents à se mettre à fruit, ou qui n'en produisent
que de dégénérés et de médiocre qualité; d'accuser le terrain, le sujet,
la culture, l'intempérie des saisons, etc., d'une faute qui ne doit être attribuée
qu'à la négligence du greffeur.
ARTICLE VII. Des différentes sortes de greffes et des moyens de les faire.
L'art do la greffe étant une imitation de la nature, il n'est pas étonnant
que son origine se perde dans la plus haute antiquité, et que le nom de celui
qui le premier l'a mis en pratique, ne soit pas arrivé jusqu'à nous. On a donné
le nom de greffe par approche à celle dont la nature nous offre elle-même le
modèle. Cette greffe se rencontre assez souvent dans les bois, quand deux jeunes
troncs ou deux branches se trouvent fortement pressées l'une contre l'autre