se compose de la connoissance des caractères cxtériem-s qui distinguent les
végétaux les uns des autres, et de ceux qui les réunissent en groupes plus ou
moins nombreux; 3.° la botanique appliquée : elle considère les plantes comme
utiles aux besoins ou aux plaisirs de l'iiommc, et se compose de l'histoire
médicale, économique, industrielle et agricole des végétaux. Cette division de
la botanique est celle proposée par M. De Gandolle dans sa Flore françoise :
nous la préférons à toutes les autres divisions.
L'étude <!es végétaux étant la seule que nous nous proposions dans cet ouvrage,
nous allons exposer successivement et le plus brièvement qu'il nous sera possible
les divers points de vue sous lesquels on les considère.
CHAPITRE PREMIER.
Ânatomie végétale.
L'anatomie végétale consiste dans les connoissances élémentaires et constitutives
des végétaux : c'est la première et la plus importante branclic de la
botanique; c'est une sorte de pierre de touche dans la recherche et la formation
des familles naturelles; mais son étude, toute d'observation microscopique, est
de la plus grande difficulté, à cause de la finesse extrême des organes clémentan
es des plantes. Les anciens ont bien senti cette importance d'une part, et de
l'autre cette grande difficulté. Théophra.ste se borne à conseiller de chercher les
premiers et les principaux caractères des plantes dans leurs parties internes; et
il ne paroît pas que ce grand naturaliste ait trouvé lui-même ce qu'il conseilloil
de chercher. En effet, il est permis d'assurer qu'il avoit toujours été impossible
d'étudier l'anatomie végétale avant l'invention dts microscopes. Cependant ces
instrumcns ne suffisent pas encore pour nous faire toujours voir parfaïKaneiit
la vérité; car, outre que le meilleur do tous laisse encore une infinité de clioscs
à désirer, l'étal de l'esprit de l'obseiTateur influe tellement sur le résultat de
l'observation, que, si le microscope peut aider faire découvrir la vérité, il peut
aussi contribuer à égarer davantage un observateur trop systématique. C'est
ainsi que les deux plus anciens et les deux plus célijbres observateurs, IVIalpighi
et Grew, ont souvent méconim la vérité qu'ils cherclioient, quoiqu'elle se fût
montrée toute nue à leurs regards; parce qu'ils se l'éloient figurée telle qu'elle
n'est pas toujours, c'est-à-dire, qu'ils vouloient absolument trouver partout dans
les végétaux des organes analogues à ceux des animaux. Les ouvrages de ces
deux savans, publiés vers la fin du dix-septième siècle, ont joui pendant longtemps
d'une grande célébrité, et peuvent encore aujourd'hui être utiles à ceux
qui, possédant des connoissances plus positives, se trouvent à l'abri d'adopter
de confiance une fausse théorie.
Après Grew et Malpighi, il s'écoula près d'un siècle san,s qu'il se rencontrât
un observateur assez habile ou assez courageux pour répéter, confirmer ou
critiquer leurs expériences. On crut ces deux savans sur^arole, jusqu'au temps
des Haller et dos Duhamel, qui ajoutèrent leurs propres expériences à colles
déjà connues. Vinrent ensuite Bonnet, Mustel, Hedwig, de Saussure, Sencbier,
Medicus, et plusieurs autres, qui tous apportèrent des matériaux plus ou
moins élaborés; mais il étoit réservé aux célèbres professeurs Daubenton et
Desfontaines de nous faire connoitre les caractères anatomiques qui distinguent
assez nettement les végétaux monocotylécjons des végétaux dieotylédons. La
découverte de ces savans professeurs devint la source d'une foule d'idées nouvelles,
et servit utilement les nouveaux observateurs dans leurs reclicrches. Des
naturalistes, avides de gloire et d'instruction, entrèrent en lice, sinon pour
élever un nouvel édifice, du moins pour en jeter les fondemens bases sur l'expérience
et l'observation.
L'un des savans professeurs auxquels on devoit une si noble émulation, en
recueillit bientôt le fruit. Son disciple, M. Mirbcl, établit un système complet
d'organisation végétale, qui paroissoit l'emporter de beaucoup sur ce qui avoit
été fait jusqu'alors. Ce sjstèm'e •obtint de la célébrité en France; mais dès sa
naissance, plusieurs physiologistes allemands, parmi lesquels on distinguoit
MM. Iludolphi, Link, Sprengel, Bernhardi et Treviranus, l'attaquèrent dans
leurs écrits, et y signalèrent des erreurs qui ont été reconnues depuis par
l'auteur.
ARTICLE I." De la texture des végétauj:.
Le végétal est un tissu de vésicules et de fibres de diverses solidités; les i.remicres
contiennent dans leur intérieur des grains ieglobuUnes, renfermant ee que l'on
appelle la fécule ; de rondes qu'elles étoient dans leur origine, elles deviennent
le plus souvent, par la pression et avec l'âge, plus ou moins polygones, et
ressemblent alors la plupart à des cellules d'abeille; de là le nom de tissu ccllulane
qu'on leur a donné anciennement. Quoique les vésicules n'oifrent point
d'ouvertures à leurs parois, on admet cependant que les liquides ou fluides
séveux passent facilement, par endosmose, des unes dans les autres, pour entretenir
la vie et porter la matière de l'accroissement dans toutes les parties
du végétal. Les fibres, toujours plus solides que les vésicules, et dirigées du bas
en haut ou du. haut en bas-,- sont tubuleuses ou forment par leur ensemble des
tubes ou jaisseaux de difTérent diamètre. On distingue quatre sortes de vaisseaux
: i." les vaisseaux simples, dont le diamètre est à peu prés égal d'un bout
à l'autre; 2." les vaisseaux en clmfiekt, qui sont marqués d'étranglemens de
distance en distance; 3.° les trachées, formées de fibres ou de lames roulées
en hélice; les vaisseaux propres, fermés de toutes parts et contenant des
sucs particuliers. Dans le développement d'une plante qui doit avoir des vésicules
et des tubes, ee sont toujours les vésicules qui apparoissent les premières.