Ixxij INTRODUCTION.
botanistes. Cependant l'entreprise est séduisante par son ulililé, et noiis l'aurions
certainement tentée, si notre position nous l'eût permis : quoique fastidieuse
en apparence, la réussite, dans les recherches qu'elle exige, ne canseroit pas moins
de plaisir que la solution d'un brillant problème de géométrie.
CHAPITRE V.
Des Pépinieres.
Une pépinière est un terrain dans lequel on élève des arbres. Il y a des
pépinières dans lesquelles oti élève toutes sortes d'arbres, et d'autres dans lesquelles
on n'élève que des arbres fruitiers : c'est de ces dernières seulement que
nous allons parler.
Il seroit bien à désirer que toutes les personnes qui possèdent de grands
vergers ou un potager un peu vaste, eussent aussi chez elles une pépinière de
remplacement; elles s'éviteroient par ce moyen bien des dégoûts et bien de la
dépense. Des arbres élevés dans le sol même où ils doivent être plantés à demeure,
réussissent toujours bien mieux que ceux élevés ailleurs. Et puis, en élevant
ses arbres chez soi, on se met à l'abri de mille inconvéniens auxquels on est
exposé en les achetant chez les marchands.
Pour peu que les Jardins d'une maison soient vastes, une pépinière de remplacement
ne coùteroit pas un sou au propriétaire : elle se fondroit dans les
travaux du jardinier; et si elle ne faisoit pas entrer de l'argent dans la bourse
du maître, du moins elle en empèchcroit beaucoup d'en sortir. Nous parlons
d'après l'expérience, et c'est pour l'intérêt des maîtres et pour l'honneur des
jardiniers de maisons que nous allons indiquer sommairement la manière de
former une petite pépinière d'arbres fruitiers.
ARTICLE I." Du terrain propre, à une pépinière.
On peut établir comme principe, qu'une bonne terre franche, bien divisible
et plus sècbc qu'humide, est la meilleure pour une pépinière. Lors donc qu'on
voudra en former une sur une propriété, il faudra préférer l'endroit qui ressemblera
le plus à cette terre. Pendant l'été, il faudra le défoncer à deux pieds
de profondeur, en retirer les pierres, et y mettre, s'il est nécessaire, les engrais
convenables à la nature du terrain, c'est-à-dire, y mettre beaucoup de ftunicr
de vache et de la terre franche, s'il est trop sec ou trop léger, et du fumier de
cheval et du sable, s'il est trop froid ou trop compacte. Noos savons cependant
que Duhamel et quelques autres écrivains ne veulent pas qu'on mette de
lumier dans les pépinières; mais le moyen de se procurer les terres que ccs
auteurs in<H({uenl? Tons les pépiniéristes mettent force fumier dans le fotid et
sur le revers de la tranchée en défonçant leur terrain, et il est certain qu'il
en résulte plus de bien qun d'inconvénient; le fumier n'est plus fumier quand
les racines des arbres arrivent jusqu'à lui. Le terrain ainsi défoncé, on le laisse
se rasseoir jusqu'au printemps suivant; alors on le laboure légèrement, et on
l'égalise bien avant que de procéder à la plantation.
ARTICLE II. Du Semis.
Dans une pépinière de remplacement, on doit semer des amandes, des noyaux
d'abricot, de pèche, de prune, de cerise, et des pépins de poire et de pomme.
Les amandes et les noyaux germent rarement la même année, quand on les
sème en mars et avril; il faut les mettre en terre l'automne ou au commencemcnl;
de l'hiver, pour qu'elles germent et poussent au printemps suivant; si
on les semoit en place dès l'automne, il en périroit beaucoup pendant l'hiver,
par l'intempérie de la saison, et les animaux en détruiroient une grande partie.
On a donc imaginé de les faire germer dans un endroit particulier, à l'abri
de ces inconvéniens, et de les mettre ensuite en place tout germés en avril,
quand on n'a plus rien à craindre. Pour faire germer des amandes et des noyaux,
on a un ou plusieurs baquets ou paniers profonds de dix à douze pouces et
larges à volonté; on met dans le fond du baquet un lit do terre sablonneuse,
épais de deux pouces; on étend sur ce lit de terre un lit d'amandes, qu'on
recouvre d'un petit lit de terre, sur lequel on met encore un lit d'amandes, et
ainsi de suite jusqu'à ce que le baquet soit plein : on appelle cette opération
stratijication. Quand elle est faite, on place le baquet dans une cave, dans
un cellier, ou au pied d'un mur au midi, où on l'enterre aux trois quarts, et
où on l'abrite des fortes gelées avec un peu de litière. Si la terre devient trop
sèche, et que la germination n'aille pas assez vite, on mouille convenablement.
Vers la mi-avril, les noyaxix doivent être tous germés; alors on les ôte avec
précaution, on les met dans des paniers et on les porte en place dans la pépinière.
En mettant ces jeunes plantes en terre, on leur pince l'extrémité de la racine,
afin qu'elle se ramifie et ne forme pas de pivot (chose qu'il faudroit bien se
garder de faire si on phmtoit à demeure). On les aligne au cordeau, en échiquier,
à deux pieds et demi ou trois pieds l'une de l'autre. La terre ayant été bien
ameublée d'avance, on fait des trous avec la main ou avec une petite houe,
et on met dedans un seul noyau enraciné, que l'on presse par les côtés avec
de la terre bien meuble, et <[ue l'on recouvre avec deux pouces de cette même
terre, en l'afl'aissant légèrement. Les tiges ne lardent pas ensuite à paroitre,
et dès la fin d'août suivant, la plupart .sont en état d'être greffées en écusson
à oeil dormant, pour former des arbres nains. On préfère les amandes douces
à coque dure, pour faire des sujets propres à recevoir les diverses sortes de
pêchers : les noyaux de merises rouges valent mieux que ceux do merises noires