d'un filet assez long, terminé par une anthère ovale, bilobée et biloculaire;
d'un ovaire placé sous la fleur, divisé intérieurement en cinq loges contenant
chacune deux ovules, surmonté de cinq styles de la hauteur des étamines et
terminés en stigmates échancrés.* La fleur du pommier ne diffère presque pas
de celle du poirier; mais celle du prunier en diffère en ce que son ovaire est
placé dans la fleur même, qu'il n'a qu'une loge et deux ovules, et qu'il n'est
surmonté que d'un seul stjle. Enfin, chaque genre de plante offre quelque
différence dans sa fleur ou dans son fruit.
ARTICLE II. De la Fécondation,
Les anciens avoient des idées très-justes sur les sexes des plantes. Le dattier
surtout leur avoit appris que le concours du mdle et de la, femelle étoit indispensable
à la perfection des dattes; mais il n'est pas certain qu'ils aient étendu
cette indispcnsabilité à toutes les plantes connues. Ce qu'on en savoit fut même
oublié jusqu'en iSga, que Zaluzianski distingua de nouveau les sexes des
plantes. Plusieurs naturalistes en donnèrent ensuite des preuves, et Linné,
en 1736, fit généralement adopter cette opinion, qui aujourd'hui paraît une
vérité bien démontrée dans les plantes phanérogames.
S'il est bien reconnu que le concours des deux sexes est indispensable à la
reproduction de l'espèce chez les animaux et chez les végétaux, l'acte de la
fécondation n'en reste pas moins couvert d'un voile impénétrable dans l'un et
l'autre règne : on ne connoît que le gros matériel de l'opération, et le merveilleux
échappe à nos sens. Ainsi, quant aux plantes, on sait que, dans les premiers
momens de l'épanouissement d'une fleur, le stigmate s'humecte, que l'anthère
s'ouvre, que le pollen qu'elle contient éclate, et l'on croit qu'il lancc un fluide qui
imprègne le stigmate et pénètre par des vaisseaux jusqu'aux ovules qu'il féconde.
II est bien certain que c'est dans le pollen que réside la vertu fécondante, et
que c'est par le stigmate que cette vertu agit sur les ovules; mais on ne sait
pas, et probablement on ne saura jamais comment elle agit; il est également
bien certain que jamais l'embryon ne se manifeste à l'oeil avant d'avoir reçu
l'influence du pollen. Quand Spallanzani dit qu'il a vu des embryons dans les
ovaires des végétaux avant la fécondation, cet auteur ne s'exprime pas clairement,
ou on l'interprète mal; il a vu des ovules dans les ovaires et non des
embryons. On appelle ovule, un petit sac qui contient une liqueur dans laquelle
l'embryon se manifeste après la fécondation. Ainsi Spallanzani a pris le contenant
pour le contenu.
Dans beaucoup de plantes l'embrj-on est visible entre deux et six jours
après la fécondation; mais dans le Pin-pignon nous l'avons en vain cherché
* L'ovaire, le style ei le stigmate constituent le pistil.
dans des ovaires fécondés depuis deux ans. Il est probable que dans cet arbre,
dont les fruits ne mûrissent qu'à la troisième ou la quatrième année, l'embryon
ne se manifeste que dans' l'année même de sa maturité. La noix, fruit du
noyer, a déjà acquis toute sa grosseur avant que son embryon commence à
s'organiser : d'autres fruits, au contraire, comme la pêche, ne grossissent sensiblement
que quand leur embryon est complètement formé.
Certains philosophes admettoient autrefois la préexistence des germes dans
les végétaux, ainsi que dans les animaux, et soutcnoient non-seulement que
l'embryon d'un chêne existoit avant la fécondation, mais encore que l'embryon
du premier chêne avoit contenu tous les chênes qui se sont développés depuis,
et tous ceux qui se développeront jusqu'à la fin du monde. Cet emboîtement
à l'infini de foetus et d'embryons paroît aujourd'hui une opinion aussi extravagante
qu'inutile, puisqu'elle écliappe à d'imagination et qu'elle n'explique
rien. Pour nous, nous aimons mieux croire que la matière s'organise ou se
modifie en temps et lieux, selon les lois immuables qui lui sont impo.sées par
la puissance divine.
ARTICLE III. De l'Influence de la fécondation sur le fruit.
Nous venons de voir que la fécondation influe directement sur la graine, ou
plutôt qu'il n'y a pas de graine sans fécondation parfaite*; mais comme la graine
est toujours accompagnée et entourée de parties utiles à sa formation, à sa
conservation, et qui constituent presque toujours ce qu'on appelle fruit, on a
remarqué d'une part que, quand la fécondation n'a pas lieu ou que les graines
avortent, le fruit ne grossit pas ou ne grossit que très-peu; et de l'autre part
on a également remarqué de très-gros fruits qui ne contenoient pas de graines,
et qui par conséquent paroissoient n'avoir pu profiter de l'influence de la
fécondation. La première remarque a fait avouer aux botanistes que la fécondation
influoit sur le fruit ; la seconde a fait dire aux adversaires que la
fécondation n'étoit pas nécessaire au développement du fruit. L'observation
admet et modifie également ces deux assertions, en les trouvant justes dans
quelques endroits et fausses dans d'autres. Ainsi les dattes non fécondées ou
qui ne contiennent pas d'embryon, restent acerbes et de moitié plus petites que
les autres, tandis qu'une banane non fécondée, ou qui ne contient pas de
graines, est beaucoup plus grosse et plus succulente que celle qui en contient.
Ainsi les Lothos qui n'ont pas de graines, sont au moins deux tiers plus
petits que ceux qui en contiennent, tandis qu'une poire, une pomme sans
pépins, est souvent plus grosse et plus succulente que celle qui en contient,
etc., etc. Cependant les exemples qui tendent à prouver que la fécondation est
* Nous parlons
dans lesquelles 01
i des plantes pliancrogames et ne
t pas d'organes sexuels.
. des plantes cryptogames et microscopiques,