L'accroissement des monocotyledons se fait certainement dans rintérieur du
tronc même, et non à la circonférencc, comme dans la classe suivante; cependant
on ne sait pas encore s'il se fait dans toute l'épaisseur du tronc, ou seuleutent
au centre. Les oignons et les bulbes des monocotylédons sont probablement
dus à une sève descendante; mais la marche de la sève en général est encore
si peu connue dans ces plantes, qu'on ne peut rien dire de positif à son égard.
Nous avons déjà dit à l'article Nutrition, en parlant des dicotylédons, que
la sève montante allongeoit les rameaux des plantes de cette classe, et que la
sève descendante les grossissoit. De ces deux faits, le premier n'a jamais été mis
en question; le second est appuyé de tant d'expériences, que nous ne concevons
pas comment M. Mirbel a pu se refuser à le reconnoître. En enlevant un
anneau d'écorce à une branche, on empêche la sève de descendre, et il en
résulte que la branche devient plus grosse au-dessus qu'au-dessous de la plaie;
et si cette branche a du fruit, il devient au moins un tiers plus gros que sur
les autres branches, et il mûrit ordinairement huit ou dix jours plus tôt.
ARTICLE V. De la transpiration sensible et insensible des plantes.
La transpiration sensible des plantes ne se remarque guère que sur certaines
feuilles, dont les nervures se réunissent en un ou plusieurs faisceaux assez gros:
alors on voit quelquefois des gouttelettes d'eau au bout de ces faisceaux. Mais
toutes les plantes exposées à l'air transpirent plus ou moins, d'une manière
insensible à l'oeil : toute 1 eau qui a servi de véhicule à la nourriture, ne se
combine pas dans le végétal j il ne s'en combine même qu'une très-petite
partie, le surplus s'échappe par les pores des feuilles et des rameaux; et c'est
ce qu'on appelle transpiration insensible. Pour aiiprc^cier cette transpiration,
on enferme un rameau dans un ballon de verre ; et la transpiration, ne pouvant
plus s'évaporer, s'attache au ballon et s'y rassemble en goutteleUcs. Halles a fait
de belles expériences sur la transpiration, qui ont été répétées par plusieurs
physiciens, et qui prouvent que les plantes transpirent considérablement au
soleil et au grand air, et qu'au contraire elles aspirent à la pluie et pendant
les nuits humides.
ARTICLE VI. Des Sécrétions.
On désigne sous le nom de sécrétion, des choses probablement très-différentes
les unes des autres : on peut, du moins quant à présent, en attendant mieux,
établir deux sortes de sécrétions, la sécrétion interne et la sécrétion externe.
Dans la première on rangera les sucs stationnaircs qui restent enfermés dans
le végétal, comme l'huile essentielle de l'orange, etc., et dans la seconde, tout
ce qui se répand-au dehors du végétal. Cette dernière se divise même naturellement
en sécrétion gazeuse et eu sécrétion palpable : la sécrétion gazeuse
produit des odeurs et des vapeurs inflammables, et la sécrétion palpable donne
des résines, des gommes, de^ huiles, etc., qui découlent des végétaux ou qui
recouvrent quelques-unes de leurs parties : ainsi la poudre (jui lleurit la prime
et Je raisin, est une sécrétion qui tient de la cire et de la résine.
CHAPITRE III.
De la reproduction et de la durée des végétaux.
On rcconnoît deux modes de reproduction dans les végétaux; l'un par bouture
ou marcotte, et l'autre par graine. Cependant il n'y a de véritable reproduction
que celle qui se fait par graines; car les boutures et les marcottes ne font que
prolonger la vie dans une partie du végétal, et ne produisent réellement pas
un nouvel être, de toute pièce, comme fait la graine. C'est la graine qui est
le terme de toute végétation; c'est pour la graine que les plantes ont un
appareil d'organes modifié sous toutes les formes imaginables, appeléjîetir,
destiné à opérer l'acte imjjortant de la fécondation, qui est le grand moyen
que la nature eftiploie pour la multiplication et la conservation des êtres
organisés.
ARTICLE I."' Idée générale sur les fleurs.
Une fleur est complète avec une étamine et un pistil : l'étamine est l'organe
màlc, et le pistil l'organe femelle. Ces deux organes sont le plus souvent placés
ensemble sur un même point de la plante, et constituent alors une fleur hermaphrodite.
Quelquefois ils sont bien sur la même plante, mais l'étaiiiine est sur
une branche et le pistil sur une autre; la fleur est pour lors monoïque, comme
dans le noyer; enfin, quand l'étamine est sur un arbre et le pistil sur un
autre, la fleur est dioïque, comme dans le pistachier. Mais que la fleur soit
hermaphrodite, monoïque ou diotque, elle est rarement réduite aux seuls
organes sexuels; le plus souvent elle a un calice et dans celui-ci une corolle,
qui entoure et protège les organes sexuels. C'est la corolle qui, dans la rose et
l'oeillet, brille de si vives et de si éclatantes couleurs, et qui répand des parfums
si suaves. Elle est formée de plusieurs pièces dans ces fleurs; mais celle du
liseron et de la campanule sont d'une seule pièce, appelée pétale. On voit
rarement plusieurs pistils pour une étamine, tandis qu'on rencontre presque
partout beaucoup d'étamines pour un seul pistil, comme si la nature avoit
multiplié les moyens d'assurer la fécondation. Le nombre et la forme des
parties des fleurs sont si variés que les botanistes en tirent ia plupart des
caractères qui leur servent à former des genres. La fleur du poirier, par exemple,
est comiwsée d'un calice divisé en cinq lanières lancéolées et aiguës; de cinq
pétales ovales, attachés à l'orifice du qalicc cl alternes avec ses divisions; d'une
vingtaine d'étamines également attachées à rorifice du calice, formées chacune
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