1'
îém\
m
T R A I T E DES AKDRES F R U I T I E R S,
obtient plus de fruit. Quant à nous, voici notre manière : L'arbre étant
planté, au printenis nous le rabattons à environ iC ccntiui. (6 pouces)
au-dessus de la gi-elTe, afin qu'il pi'oduise des pousses vigoureuses;
il en produit ordinairemenl au moins deux, souvent trois ou quatre.
Nous suivons exactement le progrès de ces pousses, en les \isilani an
moins trois fois j)ar semaine dans le courant de mai et juin. Quand
elles ont une longueur de 16 ou 22 millinièlres ((5 ou 8 pouces), nous
reconnoissons facilement les deux qui sont le mieux placées pour former
le V : nous ne conservons que celles-ci, et supprimons les autres. Si ce sont
les deux plus fortes qui se trouvent ainsi placées, c'est UJI grand avantage,
dout nous profitons; mais s'il Y en a une foible et une forte, nous les
rendons aisément à peu près égales, en dirigeant la plus foible verticalement,
et en gênant et courbant j)lus ou moins la plus forte. L'équilibre
ne tarde jias à se rétablir entre ces deux branches, et alors seulement
nous les disposons à former le V. Ceci a lieu dans le courant de juin.
Pendant le mois de juillet nos deux branches ne manquent pas de pousser
vigoureusement et de se ramifier beaucouj) dans leur ()arlie supérieure:
c'est alors qu'il faut encore les surveiller de {)rès, ])our en supprimer
à propos tous les rameaux secondaires qui se développent en avant et
en arrière, avant qu'ils aient atteiut la longueur de 54 inillim. (2 pouces).
JVous en supjirimons aussi j)arnii les latéraux, s'il s'en trouve placés à
moins de 108 millim. (4 pouces) les uns des autres, et si cette suppression
ne forme pas un intervalle de plus de 16 ou 22 centimètres
(6 ou 8 pouces). La suppression de ces bourgeons naissans est, selon
nous, l'opération la plus importante et la plus indispensalile : ceux qui
restent, acquièrent le double de force, et forment de suite les ailes des
deux branches, qui alors preiuient le nom de hronrhc-nù-re. Nous attachons
au nnir tous ces bourgeons en les espaçant convenablement, et
si nous nous apercevons que l'une des deux branches-mères devienne
plus forte ou pousse j)lus vigoui'eusement que l'autre, nous la courbons
en l'éloignant davantage de la ligue verticale, et nous en rapprochons, au
contraire, la j)lus foible.
^'oil!l les opérations les plus importantes lerminces : on n'a plus, pendant
le reste de l'année, qu'à sur\ciller l'alongcinent desj)ousses et à le diriger.
En supprimant dès leur naissance les bourgeons inutiles, on évite une
gi-ande perte de séve et de nombreuses plaies, toujours dangereuses, auxquelles
s'exposent les jardiniers qui laissent tout pousser, et qui se l'éservcnt
de supprimer les branches mal placées au premier ébourgcomiement qu'ils
reculent jusqu'en juillet. Mais pourquoi laisser ainsi épuiser la séve d'un
arbre par des branches qu'on se propose de supprimer ensuite ? Une telle
pi-atique est le résultat de l'ignorance, et c'est pourtant celle que suivent
encore un grand nombre de jardiniers de maison.
A la fin de l'autonme les deux branches-mères du pécher doivent avoir
chacune 4 ou 5 pieds de longueur, et être garnies dans leur partie supérieure
de rameaux latéraux propres à donner du bois et du fruit. Les
yeux inférieurs des branchcs-mères ne se développent pas ordinairement
la pi'cmière année, mais ils manquent nircment de le faire la seconde.
Au printeins de cette seconde année on détaclic entièrement l'arbre du
mur, et on procède à la taille, qui est dcveuue une opération fort simple,
au moyen de la pi'écaution prise l'été pi-écédcnt, de ne laisser pousser
aucune branche inutile. On clierche donc vers l'extréiuité des branchesmères
un oeil qui ne se soit pas dévelojqié l'année précédente, et c'est
sur cet oeil qu'on taille, c'est-à-dire, qu'on laisse les branchcs-mères
longues de 2 pieds et demi à o pieds, et qu'on raccourcit les rameaux
latéraux à deux, trois ou quatre yeux, selon la place et la force. Souvent
ces rameaux ont déjà des fleurs et donnent des pèches pendant l'été, ce
qui ne les cmpÉche pas de produire en même teuis du bois et de se
raniificr.
La taille étant faite, on examine si l'un des côtés de l'arbre n'a pas
de disposition à l'emporter sur l'autre, afm qu'en le rattachant au mur,
on abaisse le côté fort plus que le côté foible ; car il faut chaque année
ouvrir son arbre de quelques degrés, jusqu'à ce qu'enfin les deux branches
mèrcs soient à peu près horizontales, afin de faire de la place aux
nouveaux membres. Au mois de mai, même soin et même assiduité
que l'année précédente à voir cclore les bourgeons, et à supprimer an
fur et à mesure ceux qui se trouvent mal placés ou nuisibles. Il faut
continuer cette revue tout le mois de juin; ce ne doit être qu'à la
fin de ce mois qu'on connnencera à attacher les bourgeons supérieurs,
et on fera bien de laisser les inférieurs libres encore une huitaine, pour
qu'ils acquièrent de la force ; on les attachera ensuite en établissant
l'harmonie convenable dans toutes les parties de l'arbre : les bourgeons
des extrémités des branchcs-mères ne manquent pas de se ramifier;
on les surveille aussi, et on supprime exactement tout ce qu'ils déve-
30,"