de figures de fruits, et le second n'en contient qu'une ou deux de chaque
genre.
L'auteur nous apprend qu'il a dirigé les jardins de la princesse douairière
d'Orange et Nassau pendant plus de aS ans, et que c'est dans ces jardins
qu'il a fait et recueilli les observations qui constituent son ouvrage, écrit en
françois, quoique fait en Hollande par un Hollandois. On remarque aisément
que Knoop ctoit praticien et peu lettré, quoiqu'il cite souvent les anciens, et
qu'il ne connoissoit pas très-bien le génie de la langue françoise. D'ailleurs, il
étoit d'une bonhomie qui fait plaisir, et ne visant pas moins qu'à transmettre
ses connoissances h la postérité la plus reculée, il le dit tout uniment avec la
simplicité hollandoise. Au reste, l'ouvrage est méthodique, bien fait dans sa
plus grande partie; les descriptions sont, il est vrai, incomplètes, mais cc
qu'elles contiennent est vrai, exact et clairement énoncé. L'auteur a figuré
94 pommes et 83 poires : le dessin en est excellent, exact, mais la couleur n'est
pas toujours vraie. Les autres genres n'ont chacun qu'une ou deux figures, et
beaucoup moins bien cxecutées. Les généralités sur la culture et sur les usages
des fruits sont satisfaisantes, instructives; mais l'auteur ayant voulu débrouiller
la synonymie, il en a augmenté la confusion. La synonymie des fruits est en
effet la chose la plus difficile à faire; elle ne pourra être débrouillée que par
un homme très-instruit, connoissant parfaitement les fruits, et qui parcourroit
l'Europe pour recueillir les noms appliqués à chacun des fruits dans chaque
pays: mais où prendre cet homme, si un gouvernement ne le forme pas exprès?
Knoop a dessiné beaucoup de poires et de pommes que nous ne reconnoissons
pas; et comme ses dessins sont très-bien faits, nous doutons d'autant
moins de l'existence* des espèces qu'ils représentent, que depuis peu il est arrivé
de la Hollande en France quelques poires que nous n'avions jamais vues. Les
Hollandois, n'ayant pas facilement nos pêches ni nos raisins, s'en dédommagent
en multipliant les pommes et les poires.
7.° DuH.iMEL, Traité des arbres fruitiers. Deux volumes in-folio, 1768.
Duhamel du Monceau naquit à Paris en 1700, et termina sa glorieuse
carrière à l'âge de 82 ans. On lui a décerné à juste titre le beau nom de Père
de l'agriculture. Acun citoyen n'a jamais dirigé ses travaux plus constamment
vers l'utilité publique, et peu d'écrivains ont été aussi laborieux que cet illustre
académicien. , Nombrer ses ouvrages, dit Gondorcet, c'est présenter le tableau
des services qu'il a rendus à l'agriculture, aux arts, aux sciences, à la navigation,
et à tout ce qui tient au bonheur de l'homme. ' Son Traité des arbres
fruitiers, publié en 17G8, est un ouvrage fnnclamontal, porté du preiiiier
coup à une perfection qu'on a jusqu'ici rarement atteinte. Dans cet ouvrage,
qui est le seul dont nous devons nous occuper dans cette notice, l'auteur décrit
environ 400 c-spèces des meilleurs fruits, avec une méthode, une netteté et
une vérité inconnues jusqu'alors, et il a joint à ses descriptions 222 figures
excellentes, qui sont d'un giand secours pour les pei-sonnes qui n'ont pas le
loisir de lire suffisamment le texte. Le Traité des arbres fruitiers obtint un
succès prodigieux et justement mérité dès sa publication, et l'on peut prédire
qu'il sera encore long-temps une source de lumières pour les cultivateurs, et
une mine féconde pour les compilateurs. Heureux si ceux-ci ne nous disent
que cc qu'ils peuvent apprendre dans cet excellent ouvrage.
En voyant et en étudiant les nombreux ouvrages de Duliamel, on est porté
à se demander comment un seigneur qui, par les places qu'il occupoit, étoit
obligé de voyager et d'habiter Paris, a pu faire autant d'observations d'une
aussi grande exactitude sur toutes les parties de l'histoire naturelle, tandis
que plu.sicurs savans, d'un mérite distingué, après avoir passé toute leur vie
dans la retraite et dans un travail opiniâtre, n'ont pu nous donner à la fin
qu'un très-petit nombre de faits vérifiés et d'observations exactes. Mais quoique
Duhamel ne cite jamais personne et qu'il n'avoue aucun collaborateur, il s'en
faut cependant de beaucoup qu'il ait tout fait et tout vu par lui-incrae. Voici
à ce sujet cc qu'a bien voulu nous apprendre feu André Tliouin, qui a été
pendant long-tcuips en relation avec Duhamel. Cet académicien avoit un frère,
M. Dcnainvillicis, homme doux, paisible, et qui par gnùt restoit toujours à la
campagne. Duhamel lui traçoit le programme des expériences que lui-même
n'avoit pas le loisir de faire, et ce frère les suivoit avec une exactitude scrupuleuse
et un discernement admirable, quelquefois pendant cinq à six années
de suite, et en tenoit un journal fidèle, qu'il remettoit à Duhamel. C'est
ainsi que se sont faites la plupart des expériences physiques et physiologiques
publiées par cc savant académicien.
Plus les ouvrages de Duhamel nous semblent parfaits, plus nous sommes
étonnés de son silence envers ceux qui l'ont aidé dans ses utiles travaux : il lui
auroit été honorable, selon nous, d'avoir reconnu authentiquement les obligations
qu'il avoit à son frère. Nous savons que la plus grande partie de son Traité
des arbres fruitiers a été faite par Le Berriays; cependant Duhamel ne lui a
pas rendu, à beaucoup près cc qu'exigeoit même la plus simple équité. Il a dû
presque toute la nomenclature de ses fruits à M. Richard, jardinier du roi
Louis XV, à Trianon, et à M. Hervy, père, jardinier des Chartreux à Paris.
Eh bien, pas un petit mot de remerçîment!
Au ro5tc, Duhamel nous a laisse un excellent livre ; s'il n'a pas inventé les
noms des fruits, s'il n'a fait que recueillir la nomenclature reçue de son temps,
au moins il l'a fixée d'une manière stable, et a contribué à la répandre jusque
dans les pays étrangers.
On désireroit pourtant que Duhamel eût adopté la nomenclature de La
Quintinye; cela lui auroit été facile, puisqu'il vivoit à une époque peu