fruits, qu'en Angleterre; mais il est écrit que les Anglois nous devanceront
encore long-temps clans les entreprises utiles.
20.° LE BON JARDINIER. Un fort volume in-ia, i836.
11 nous est assez difficile de parler du Bon Jardinier, puisque l'un de nous
en est le rédacteur principal depuis dix ans. Cependant cet ouvrage est de nature
à être mentionné ici, et nous allons en parler avec tout le desintéressement
possible.
L'origine du Bon Jardinier remonte à environ quatre-vingts ans. De Grâce en
fut le second rédacteur, et c'est sous la plume de cet amateur qu'il a commencé à
avoir de la réputation : cependant il n'étoit alors qu'une très-mince brochure
qui ne traitoit que des pratiques les plus usuelles du jardinage. Il a grandi
avec la science, et aujourd'hui c'est un volume de 900 pages qui peut tenir
lieu de beaucoup d'autres, et qui a l'avantage d'être toujours nouveau, parce
qu'il s'empare chaque année de tout ce qui paroît d'intéressant en culture, fruits,
légumes et plantes d'agrément. C'est un manuel qui nous tient continuellement
à la hauteur des connoissances horticoles, et dont on ne peut se passer quand
on veut suivre le courant des progrès.
31." J. B. VAN MONS, Arbres fruitiers, leur culture en Belgique et leur propagation
par la graine. Deux volumes in-12, i835.
Il y a bientôt cinquante ans que M. Van Mons s'occupe du moyen d'obtenir
de nouvelles et bonnes variétés de fruits; sa pépinière d'expérience, établie à
Bruxelles sur une très^randc échelle, a été ensuite transportée à Louvain, où
des décisions administratives inexplicables viennent de l'obliger de mettre fin à
ses travaux pomologiques. Mais heureusement pour la science, il étoit parvenu
à son but depuis long-temps : ce qui n'étoit qu'une théorie dans le commencoment,
est devenu, par quarante-cinq années d'expérience, un fait certain et bien
démontré. D'ailleurs, ce fait s'accorde parfaitement avec la loi la plus générale
de la nature: tout ce qui est accidentel, artificiel ou l'ouvrage de l'homme,
ne doit pas durer, et c'est en ce sens que Virgile a dit : tout tend vers son
déclin, et que BufFon a écrit : la nature reprend jej droits. Or, nos arbres
fruitiers étant dans un état de domesticité, dans un état accidentel ou artificiel,
la nature s'efforce conLinuellement de reprendre ses droits sur eux, pour
les faire revenir vers l'état que nous appelons sauvage, qui est l'état de nature.
Mais cet état de nature ne nous convient pas; nous trouvons mieux notre
compte dans un état artificiel, et, pour nous y maintenir, nous avons besoin
de tenir dans un état également artificiel, les animaux et les végétaux qui
nous entourent : c'est en effet ce que nous faisons avec plus ou moins de succès.
Mais M. Van Mons est parvenu à obtenir un succès complet, relativement aux
arbres fruitiers, en ne donnant pas à la nature le temps de reprendre ses droits
sur eux. Ce savant pomologistc a cru reconnoître que c'est sur les graines de
nos arbres fruitiers, en état de domesticité ou de variation, que la nature exerce
son influence pour faire retourner leur descendance vers l'état sauvage, et que
l'influence de la nature est d'autant plus grande que l'arbre qui donne les
graines est plus vieux. Soit, par exemple, une jeune et nouvelle variété d'arbre
fruitier : si on sème la graine de son premier fruit, l'arbre qui en proviendra
devra donner des fruits variables, mais non dégénérés, tandis que, si on attendoit
que cette jeune et nouvelle variété eût vingt-cinq, cinquante ou cent ans d'^ge
pour prendre de ses graines et les semer, on n'en obtiendroit que des arbres
d'autant plus sauvages et des fruits d'autant moins mangeables, que les graines
auroicnt été prises sur un arbre d'autant plus vieux.
11 arrive pourtant quelquefois que la nature n'exerce pas son influence sur
une graine d'ancienne variété, et qu'il en résulte un bon fruit; mais ce cas
est extrêmement rare, et jusqu'à présent, la science n'ayant aucun moyen de
l'expliquer, nous le reléguerons parmi les hasards.
M. Van Mons est trop éclairé pour se fier au hasard, et connoissant la
marche de la nature, voici son procédé pour arriver à ne plus obtenir que
de bons et d'excellens fruits. 11 sème la graine d'une variété, resème de suite la
première graine qu'elle donne, rcsème de suite la première graine de cette
seconde variété et en obtient une troisième; resème de suite la première graine
que donne cette troisième pour en obtenir une quatrième variété, et ainsi de
suite, jusqu'à ce qu'enfin il obtienne un fruit parfait. L'expérience lui a démontré
qu'au moyen de générations non interrompues ainsi suivies, les fruits
à noyaux ne donnent plus que de Ijons fruits à la troisième génération, les
pommes à la quatrième et les poires à la cinquième.
Nous n'avons encore sous les yeux que le premier volume de l'ouvrage de
M. Van Mons; mais sa correspondance avec l'un de nous (Poiteau), nous a
fait connoître depuis plusieurs années la marche et le succès de ses expériences,
justifiées d'ailleurs par le grand nombre d'excellens fruits nouveaux qu'il répand
depuis 20 ans en Europe et en Amérique. Ce premier volume contient les
détails de ses expériences; le second en contiendra la suite et sera terminé par
le catalogue de tous les bons fruits qu'il a obtenus. D'après les principes de
M. Van Mons, exposés par l'un de nous (Poiteau) à la Société royale d'Iiorticulture
de Paris, sous le titre de Théorie Van Mans*, cette Société a publié
un programme et proposé un prix de 1000 francs, qui sera décerné en 1847
à celui qui obtiendra le plus grand nombre de meilleurs fruits, en employant
le procédé de M. Van Mons concurremment avec l'usage vulgaire dans le semis
des arbres fruitiers.
* Broclmre in-8." chez J " Huzard, rue do l'Éperon, N.° 7, à Paris.