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T R A I T É DES A R B R E S F R U I T I E R S.
qui n'y mûrissent jamais complètement, même aux expositions les plus
chaudes; toutes aiment une terre douce, bien divisée et subslantieusc;
elles s'accoumiodeiit parfaitement de l'espalier'au midi, au levant et au
couchant; très-peu même peuvent s'en passer, et aucune ne réussit à
l'exposition du nord.
Peu de variétés se reproduisent de noyau parfaitement semblables à
elles-mêmes. L'usîige est de les gi-elfer toutes sur amandier, sur prunier
de Saint-Julien et de petit damas noir. Elles réussissent aussi ires-bien sur
abricotier et sur elles-mcmes, quand les sujets sont j)roveuus de boimes
espèces, et-l'ècusson à oeil dormant est la seule greffe employée à leur
multiplication.
Des observations partielles avoient lait avancer à quelques jardiniers
c|ue les pèches lisses et la chevreuse ne réussissoient (]ue sur Saint-Julien,
mais il est certain que ces pêches viennent aussi bien .sur amandier que
sur prunier: Duhamel a remarqué que, toutes choses égales, l'amandier
est toujours un meilleur sujet que le prunier pour toutes sortes du pèches.
Quoique le pêcher vienne dans diverses sortes de terre, on conçoit aisément
qu'il ne prospère pas également bien partout, et que les qualités de
son fruit sont toujours en rapport avec la bonté du terrain. L'expérience a
fait passer en usage de ne planter que des pêchers sur prunier dans les terres
humides et froides, et dans celles qui, quoique sèches et chaudes, n'ont
pas beaucoup de profondeur, parce que, dans le premier cas, le j)runicr
aime assez une terre fraîche, et que, dans le second, ses racines traçant
près de la superficie du sol, elles se trouvent dans la j)arlie la plus fertile
du terrain. On plante, au contraire, le pêcher sur amandier dans
une ten-c sèche, chaude, mais profonde, parce que l'amandier craint la
terre forte et froide, et que ses racines pivotantes vont clierciicr la nourriture
à une grande profondeur dans la terre.
L'amande, stratifiée pendant l'hiver et mise en terre au printems, forme
unsujetbonàètrcgrefiecnécusson au moisdeseptembre suivant, et l'écusson
pousse l'été d'après un jet haut de 5 à 5 pieds, de sorte qu'en deux
ans on a un arbre capable d'être mis en place, car le pêclier se plante
avec avantage après sa première j)oussc. On ])lanle depuis la mioctobre
jusqu'à la fin de mars; il est avantageux de ]>lanler de bonne
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heure dans les terres légères, et tard cUuis les froides. II est bon de
rappeler qu'on doit encore plus ménager les racines, des arbres à fruit
à noyau, s'il est possible,, en les levant, que celles des arbres à pépins,
parce que les blessures faites aux racines y déterminent souvent la
gomme après une ou plusieurs années de plantation, et l'arbre périt
tout d'un coup au grand étonnement de ceux qui ne se doutent pas
de la cause.
N'ayant pas l'intention de parler ici des pêchers greffés à haute tige pour
le plein vent, nous allons nous borner à suivre rapidement l'éducation
d'un pêclier à basse tige, destiné à figurer en espalier le long d'uii mur^
j)arce que ce sont les pêchers de cette sorte qui jouent le plus beau rôle
dans un jardin, et sur lesquels on a tant écrit et tant raisonné. Sa plantation
n'a rien de particulier: on le place à 1,6. ou 22 cenlimètres (6 ou
8 pouces) du pied du mur, en inclinant un peu sa tête vers ce mur.
Si l'on plante en automne, on lui habillera seulement les racines, et
on laissera la tige entière pour la rabattre au printems.
Taille du pécher pendant ses trois vu quatre premières années.
H faut convenu' qu'un pêcher en espalier de l'âge de six à dix ans,
bien portant et surtout bien conduit, est une chose admirable. Il n'y
a personne qui ne donnât bien des choses pour posséder ou pour être
capable de former un tel pêcher, et (pii ne soit curieux de connojtre
les procédés qui conduisent à un aussi beau résultat. Mais cela ne s'enseigne
pas plus aisément que la perfection en toute chose. ' Les règles ne
domu'nt que la charpente, le canevas, et c'est l'expérience, la pratique
et le goût ([iii donnent le reste. Celui qui ne connoît pas la nature du
pécher, SCS habitudes, les ressources qu'il ofl're ou qu'il refuse dans le
parti qu'on veut en tirer, ne peut en former un arbre de la première
beauté. Du trms de Duhamel, et même dans notre jeunesse, on tailloit
le pêcher d'après des raisoniu'mcns à perte de vue; on n'en jouissoit que
dans l'avenir, et un arbre qui donne naturellemeiil du fruit à la troisième
pousse, étoit contraint de n'en montrer qu'à l'âge de iuiit à dix ans.
Aujourd'hui on raisonne moins, mais on raisonne plus juste. Ce n'est
()ourlant pas que tous les cultivateurs aient adopté inie méthode uniforme:
au contraire, il y a peut-être autant de méthodes que de gens qui se
mêlent de laillor; mais, enfin, on tronçonne moins ([u'autrelbis, et on en
!
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