Xliv INTRODUCTION.
croyons rcconnoîtrc quelques fruits inentionnés par Pline, pour èlre les mêmes
que ceux que nous cultivons aujourd'hui, et comme ces fruits ne se reproduisent
pas de graines, il faut absolument que les arbres qui les portent
aujourd'hui soient des prolongations de rameaux pris sur des arbres qui existoient
avant Pline.
CHAPITRE IV.
Histoire des arbres fruitiers.
Pour, retracer convenablement l'iiistoire des arbres fruitiers, il faudroit faire
des recherches immenses et employer un temps bien phis considérable que
celui dont il nous est possible de disposer; aussi ne prétendons-nous pas faire
maintenant cette histoire. Nous n'en plaçons ici quelques lignes que pour
inviter ceux qui se trouveront dans des circonstances plus favorables que nous, à
l'entreprendre; c'est une partie essentielle, susceptible d'un très-grand intérêt,
et dont on pourroit retirer autant de lumières que de plaisir.
ARTICLE I." De l'origine des arbres fruitiers.
Ainsi que la plupart des origines anciennes, celle do l'histoire des arbres
fruitiers est couverte d'épaisses ténèbres et se perd dans la plus haute antiquité.
Les hommes ont trouvé autrefois dans les forêts les types de nos pommiers,
poiriers, pêchers, pruniers, etc.; c'est un fait indubitable: il est encore certain
qu'ils ont dû manger long-temps les fruits durs et acerbes de ces arbres sauvages,
avant que d'en obtenir de tendres et de savoureux; mais nous ne connoîtrons
jamais les circonstances auxquelles ils ont dû les premiers de ccs bons fruits.
Nous pouvons cependant présumer par analogie qu'un pépin de poire ou
de tout autre fruit, modifie accidentellement de telle ou telle manière, a
pu produire un poirier dont les fruits se sont trouvés plus gros et plus
succulens que les autres. Le changement de climat est un pui&sant moyen de
faire varier les espèces; une terre très-fertile a pu aussi faire subir des changemens
heureux aux arbres originaires d'une terre maigre et ingrate, puisque c'est
par ces deux moyens que nous obtenons encore de temps en temps de nouvelles
modifications dans nos arbres fruitiers. Mais pouvoit-on conserver ces nouvelles
acquisitions ou ces prdsens du hasard? Et si on les conser^oit, quels moyens
cmployoit-on pour y parvenir? car la greffe, quoique fort ancienne, ne peut
être considérée que comme une invention moderne auprès de l'antiquité des
arbres, et il s'est écoulé probablement bien des siècles avant que les hommes
l'aient employée à la conservation et à la multiplication des fruits qui ne
pouvoient pas se reproduire de graine.
ARTICLE II. Des Migrations des arbres fruitiers.
Le poirier et le pommier sont certainement originaires de l'Europe; leurs
types se retrouvent encore dans nos forêts : le prunier paroît avoir aussi toujours
existé sous notre climat; mais c'est un arbre champetrc et non forestier. C'est
chez nous que ces trois genres se sont m-flltipliés et ont produit la plupart des
variétés que nous leur connoissons. Il n'en est pas de même du coignassier,
du pêcher, de l'abricotier, et peut-être du cerisier : ils sont originaires de pays
plus chauds, et n'ont été introduits en Europe qu'avec la civilisation, par
différens moyens et à différentes époques. Ces moyens et ces époques sont la
plupart consignés dans l'histoire politique et commerciale des peuples; mais il
faudroit un temps immense et une érudition profonde pour les y trouver, les
en extraire, les ranger dans un ordre chronologique et les présenter revêtus
de toute l'autorité convenable, pour les faire adopter et les convertir en une
partie intéressante de l'histoire des arbres fruitiers.
M. Sicler, érudit d'un grand mérite, a déjà publié un li\Te sur cette matière;
mais ce livre, écrit en allemand, est à peu près ignoré en France. Il seroit bien
à désirer qu'on le traduisît, et que les connoissances qu'il renferme se communiqiiasscnt
davantage et passassent chez quelque homme zélé, capable de
les étendre et de les rendre plus famiUères.
ARTICLE III. Epoque de l'apparition des nouvelles espèces ou variétés de fruits.
On a toujours trop négligé de relater dans les ouvrages l'époque de l'apparition
des fruits et les circonstances qui les ont fait naître ou qui ont accompagné
leur naissance. Cependant, non-seulement il seroit nécessaire de bien fixer
l'époque de l'apparition d'un nouveau fruit, mais il faudroit encore le décrire
et le figurer avec la plus grande exactitude, afin de savoir dans la suite s'il se
modifie en bien ou en mal, et que l'on puisse établir une théorie pour nous
aider à juger de la marche de la perfection et de la détérioration des arbres et
des fruits. Si, depuis le renouvellement des lettres en Europe, on eût constaté
la naissance de chaque fruit, à mesure qu'ils se sont montrés, peut-être que
la liste de ceux qu'on dit avoir été connus des Romains seroit bien moins
longue. On commence cependant à enregistrer l'année de la naissance des
nouvelles variétés qui se montrent j>armi nous depuis le commencement du
siècle, et probablement nos neveux n'attendront pas le siècle prochain pour
établir la généalogie de leurs nouveautés en pomologie.
ARTICLE IV. Des mc^ens propres à obtenir de nouvelles variétés de fruits.
Jusqu'à ces derniers temps, on n'avoit aucune règle, aucune théorie pour
guide dans le procédé employé pour obtenir de bonnes nouvelles variétés de