larifcS quo cette suppression apportoit dans notre arbre, au désordre ofTrayanl
qu'il produit, lorsqu'on le laisse agir librement.
2.° La Cloque a du rapport avec le blanc, en ce que les feuilles s'épaississent
et se contournent de même: mais il n'y a pas de transsudation. D'ailleurs
elle attaque beaucoup plus d'espèces d'arbres que le blanc, et ses efibls
sont bien moins fune.stes. Elle est souvent simplement locale sur les pèebers;
les feuilles d'iine seule brandie ou d'un rameau se crispent, se contournent,
prennent de l'épaisseur et changent leur vert foncé en un Ycrt jaunâtre et
marbre; le rameau, cessant de s'alonger, se rabougrit et se courbe souvent en
crosse; bientôt les pucerons et les fourmis viennent se loger dans tous les replis
de ses feuilles, et augmentent la difformité par leurs piqûres et leur malpropreté.
C'est pourquoi on supprime les feuilles et les branches cloquées, autant
pour en débarrasser l'arbre qu'elles déparent, que dans l'espoir qu'il en repoussera
d'autres saines et bien fraîches. Quand ou s'aperçoit du mal dès son
origine, il suffit quelquefois de pincer l'extrémité du bourgeon et de supprimer
les feuilles qui en paroissent atteintes, pour en arrêter le cours. Au reste la
cloque est loin de produire le désordre du blanc, et elle ne s'obstine pas à
reparoitre aussi souvent que lui. On l'attribue à un courant d'air qui porte
avec lui des principes délétères et à une alternative subite do chaud et de froid.
3.° La Rouille se manifeste par des taches rousses, saillantes, graveleuses,
sur les feuilles et snr les bourgeons des arbres, pendant l'été. Elle corrode l'endroit
du bourgeon qu'elle attaque, détruit le parenchyme des feuilles, dont elle
ralentit ou suspend les fonctions, ce qui cause un développement prématuré
dans les boutons, d'où résulte la stérilité pour l'année suivante. On attribue
cette maladie aux pluies froides qui surviennent quelquefois dans l'été, et à la
fraîcheur des nuits auiquelles succède un soleil ardent pendant le jour.
4.° Le Rouge, selon M. Leiieur, est un état de langueur, qui s'annonce
par une teinte plus rouge sur les pêchers qui en sont atteints, et qui les fait
bientôt périr, lorsque la couleur devient plus vive. Un pêcher attaqué du rouge
peut cependant vivre et donner du fruit pendant plusieurs années; mais comice
son mal est incurable, il périt enfin, et quelquefois subitement. M. Lelicur
ne partage pas l'opinion des cultivateurs de Moutreuil, qui pensent que le
rouge n'attaque que les pêchers greffés sur des amandiers à coque tendre; il
croit que la dureté de la coque de l'amande n'y fait rien, et des observations
multipliées lui ont donné la conviction qu'un pêcher a le rouge toutes les
fois que le sujet sur lequel on le greffe est venu d'une amande gommeuse
dans sa coque ou dans son brou.
5.° La Suie est une maladie que M. de Combes décrit ainsi : , Toutes les
branches de l'arbre, les feuilles et les fruits même deviennent noirs et gluans:
c'est une espèce de lèpre contagieuse qui .se communique à tout ce qui l'environne;
et si Ton n'a pas soin, aussitôt qu'un arbre en est attaqué, de le faire
arracher et de faire enduire de chaux le mur, qui, pour ainsi dire, contracte
le mal, et qui noircit aussi Lien que l'arbre, tous les plants de votre espalier
périssent les uns après les autres. Je ne saurois dire d'où cette contagion tire
son principe; l'opinion vulgaire, que c'est la punaise, ne me paroît pas probable,
ou, si elle y a quelque part, il y a quelque autre cause mêlée, soit
quelque mauvais brouillard qui s'attache .à un endroit plutôt qu'à un autre,
soit un air de vent corrompu, soit quelque mauvaise d!.sposition dans le corps
de l'arbre, soit enfin un coup de soleil après le brouillard. Quelle qu'en
soit la cause, le mal est certain; et comme il est sans remède, il faut se contenter
d'en arrêter les progrès eu sacrifiant promptement le malade. ' Duhamel,
qui rapporte ce passage, ajoute : „ Cette maladie n'est point particulière
au pêcher; la vigne, le prunier, l'abricotier, et même le pommier, n'en sont
point exempts. Je l'ai vue naître sur une brauchc de vigne en espalier, au
midi; en deux mois elle s'étendit beaucoup d'un côté sur la vigne, et de l'autre
elle parcourut trois mailles du treillage et atteignit l'extrémité d'une brandie
do pêcher. Alors je l'arrêtai en coupant les branches de vigne et de pêcher
qui étoient attaquées, et donnant deux couches de couleur à l'huile sur les
mailles du treillage infectées, elle n'a point reparu dans cet espalier.»
Ni de Combes, ni Duhamel n'ont bien connu la nature de cette maladie,
qui n'est autre chose qu'une petite plante cryptogame, qui se dévdoppe d'abord
sur les feuilles et gagne, en se multipliant rapidement, les rameaux et les
fruits. Nous l'avons nous-mêmes étudiée au microscope, en avons les premiers
reconnu, figuré et publié les caractères botaniques dans les Annales de la
Société d'horliculture do Paris, t. XII, p. 202, et dans un mémoire lu à l'Académie
royale des sciences, sous le nom de fumagine de l'oranger et du pêcher.
Voici un extrait de ce que nous en di.sions alors :
6.° La Fumagine {Fujrmgo, Pers.) n'est pas une maladie organique, et nous
n'en parlerions pas, si die ne cansoit pas souvent de plus grands dommages
aux végétaux qu'une vraie maladie. C'est une plante parasite, microscopique,
noirâtre, qui a l'apparence de la suie, et qui se multiplie avec une vitesse
et une abondance prodigieuses. Elle a d'abord été remarquée sur les orangers,
et désignée sous le nom de noir par les jardiniers. Elle s'établit d'abord sur la
page supérieure des feuilles, s'y multiplie jusqu'à les rendre entièrement noires,
s'étend ensuite sur la page inférieure, sur les rameaux et sur les fruits, intercepte
l'absorption et la transpiraticm, et nuit ainsi à la santé et au produit
des arbres sur lesquels die s'établit. L'humidité et un air stagnant favorisent
sa multiplication. Les pêchers, l'abricotier, la vigne et l'olivier en sont qndquefois
infestés, et leurs fruits en deviennent immangeables. Dans les petites cultures
on s'en débarrasse eu frottant les feuilles et les rameaux des arbres avec
une éponge imbibée d'eau; mais ce moyen, le seul que nous puissions indiquer,
n'est guère praticable dans les grandes cultures.