d'arbres fruitiers, pour faciliter la connoissancc des espèces
eu les comparant les unes aux autres. Quoique cette
école ne soit pas encore tout ce qu'elle promet devoir
être un jour, nous nous faisons un devoir de publier que
nous lui sommes redevables de plusieurs observations
importantes et de quelques l'ruits que nous eussions eu
beaucoup de peine à nous procurer ailleurs. Combien il
seroit à desirei- que nos plus habiles pépiniéristes de France
imitassent la conduite de cet estimable et intéressant cultivateur,
et formassent dans les divers départemens des
écoles à l'instar de la sienne, qui malheureusement est
l'unique de ce genre que nous puissions citer!
Eclairés par tous les secours dont nous venons de parler,
il nous a été facile d'améliorer le champ que le savant
Duhamel a si habilement défriche , et auquel il a si
généreusement sacrifié des sommes considérables et plus
de vingt années de travaux et de veilles, ('e n'est pas ,
cependant, que les établissemens que nous avons cités
plus haut nous aient fourni tous les fruits peints et décrits
dans le présent ouvrage : nous n'eussions qu'imparfaitement
rempli notre tâche, et notre travail eût été défectueux,
SI nous n'eussions parcouru les jardins et les vergers pour
y prendre chaque espèce dans le sol et à l'exposition
([ui lui conviennent le mieux; car, les écoles d'arbres fruitiers,
quoique précieuses pour l'instruction, ont l'inconvénient
inévitable d'avoir toutes les espèces plantées dans
le même sol, à la même exposition, et soumises à la même
culture. Or, on sait que des fruits différons exigent nue
exposition et une culture différentes, et (jue quelques-uns
ne peuvent prospérer dans certains terrains, (|uelle que
soit d'ailleurs l'exposition. Si, par exemple, nous eussions
représente un Sainl-^ermain, un Bon-chrélien, une Marquise,
un Co/jïiar, venus en plein-vent, nousaurions mérité
([u'on nous reprochât (l'ignorer ce que nous faisions. Mais
les écoles nous ont été très-utiles pour la comparaison et
la vérification des espèces, ainsi que pour l'examen des
caractères constans et variables.
Les arbres fruitiers ont la plupart des noms ridicules
ou au moins vides de sens ; ces noms varient même d'une
province à l'autre, et leur multiplicité est un grand obstacle
à la connoissance des fruits. Une nomenclature
uniforme, fondée sur un petit nombre de principes faciles
à entendre, seroit de la plus grande utilité ; mais qui
pourroit se flatter do l'introduire et de la faire adopter?
Linné seul a pu faire en botanique des innovations
heureuses, et les voir accueillies de tous les botanistes,
parce que tous les botanistes s'entendent pour la perfection
de leur science. Une nouvelle nomenclature de
chimie vient d'être adoptée par tous les chimistes, parce
que tous les chimistes s'entendent pour la perfection de
leur science; mais malheureusement les pépiniéristes et
les jardiniers ne s'entendent pas pour la perfection de
leur art ; chacun d'eux, au contraire, se croyant plus
habile que son voisin, ne communique rien à celui de
qui il présume ne pouvoir rien apprendre.
De là est née cette nomenclature vicieuse, cette synonymie
aussi nombreuse que i'atigante, qui laisse toujours
dans le doute celui qui n'a pas le grand usage des fruits.
Le livre de Duhamel sembloit devoir remédier à ces