slnns (|uelqiics-uues de leurs parties, dont l'écorce a été détruite par la pression
ou déchirée par le frottement. L'observation a appris que dans cette opération
ce itetoient pas les anciens bois ni les anciennes écorccs <jui s'unissoient insis
que cetoieiit seulement les productions actuelles qui ont lieu entre le bois et
l'écorce; d'où l'on a établi la théorie aussi simple que générale, que, dans
toutes les greffes possibles, il faut mettre en contact, ou faire coïncider ensemble
au moins par un point, la surface du bois du sujet avec la surface
du bois de la greffe ou la surface interne de son liber. Cette coïncidence est
de rigueur; mais elle ne suffit pas encore au succès de l'opération : il faut aussi
qu'il y ait entre le sujet et la greffe une analogie de nature ou de parenté. Ce
seroit en vain qu'on grefferoit une vigne sur un pommier, un lilas sur un
saule; ces arbres n'ont aucune analogie dans leur sève, et ne peuvent se
nourrir l'un l'autre. Le poirier et le pommier ne réussissent même que peu
ou point, greffés l'un sur l'autre. Aussi, les expériences faites dernièrement par
M. Thouin, pour constater la possibilité de certaines greffes hétérogènes indiquées
i)ar les anciens, comme celle de l'olivier sur le figuier, ont-elles été sans
succès.
On pratiquoit depuis un temps immémorial les grefïës en fente, en couronne,
en flûte et en écusson, avec très-peu de modifications; mais depuis le
milieu du dix-huitième siècle jusqu'aujourd'hui, la culture des plantes étrangères
s'est tellement perfectionnée, et l'on a imaginé tant de moyens pour les
multiplier, que M. Thouin vient de décrire plus de cent sortes ou variétés de
greffes dans le Nouveau cours complet d'agricultuie. Ce nombre considérable
de greffes ajant nécessité une nouvelle méthode dans leur disposition et une
réforme dans leur nomenclature, M. Thouin les divise en trois sections, dont
la première comprend les greffes par approche, la seconde les greffes par
scions, et la troisième les greffes par gemme. Nous ne suivrons pas le savant
professeur dans les divisions et les détails de ces trois sections principales, parce
que la plus grande partie de ces greffes sont étrangères à notre sujet, et que
nous devons nous borner à celles dont l'utilité est démontrée par la pratique;
il nous suffira pour cela d'en rapporter quelques-unes de chaque série.
PIIEMIÈRE SÉRIK.
Greffes par approche.
Le caractère essentiel de ces greffes consiste en ce que les parties greiFées
tiennent à leur pied enraciné et peuvent vivre nonobstant la non-reprise de la
greffe. On peut l'effectuer toute l'année, mais mieux quand la sève est prête à
monter.
1. GREFFE HYMEN. Tir. On rapproche les tiges de deux jeunes arbres, eu les
inclinant l'une vers l'autre; oh enlève une portion d'écorce et de bois sur chacune
au point de contact; on les tient réunis par une ligature solide et on abrite la
plaie de l'air, du soleil et des pluies. Quand la greffe est reprise, on coupe la tête
du sujet, et on sèvre peu à peu la greffe en incisant successivement son ancienne
tige, jusqu'à ce qu'enfin on la coupe tout-à-fait immédiatement au-dessous de la
greffe. Alors la tète de cet arbre, que nous supposons être d'une espèce précieuse,
est posée sur un sujet sauvage, qui n'a aucun mérite, mais qui maintenant est
chargé de nourrir le dépôt précieux qu'on lui a confié.
Cette greffe s'effectue sur des arbres plantés en pleine terre, et mieux encore
sur ceux plantés en tout ou en partie dans des vases. Si, au lieu de greffer le
tronc, on ne greffe que les branches, ce sera une modification, que M. Thouin
appelle greffe Cabanis.
2. GREFFE MALESHERBES. Elle a lieu, quand un arbre pousse un gourmand
qui attire à lui toute la sève; on coupe le sommet de ce gourmand en biseau,
et on l'insère entre le bois et l'écorce de l'arbre, où il s'unit et rend à la lige
ce qu'il lui avoit enlevé.
Cette greffe est très-utile pour rétablir l'équilibre de vigueur dans un arbre
fruitier.
3. GREFFE FORSYTH. C'est une modification de la précédente. Ici l'intention
est d'établir une branche dans un endroit où il en manque; pour cela, on
choisit dans les environs une branche, que l'on incline vers l'endroit en question,
et on l'y greffe selon le procédé de la greffe hymen, c'est-à-dire, qu'on a
soin de conserver le sommet de la branche. Après la reprise, on coupe cette
branche au-dessous de la greffe.
C'est ainsi qu'on restaure des arbres en espalier, et tous ceux que l'on soumet
à une forme déterminée.
4. GREFFE CAUCHOISE. Quand un arbre a la tête rompue, on scie le sommet
de la tige; on y pratique sur le côté une entaille oblique et triangulaire, qui
entre jusqu'à la moelle; on abaisse sur cette entaille la tige d'un autre arbre
qu'on a planté tout près, et l'on fait sur cette tige, à l'endroit correspondant,
une entaille inverse de la première, et dans laquelle elle s'insère : on assujettit
bien avec des ligatures, et on recouvre le tout d'une poupée.
Cette greffe est employée pour remettre une tête à un arbre qui l'a perdue
par accident ; on peut aussi la substituer à la grefîc hymen.