pour recevoir los cerisiers, cl parmi les pruniers, l'usage est de semer seulement
des Sainl-Julien cl des Petit-Damas, pour recevoir les autres espèces de pruniers,
ainsi que les abricotiers et les pêchers. Cependanl uous ferons observer qu'il seroit
plus avantageux de greffer les bons abricots sur abricotier franc, et les bonnes
pèches sur pêcher franc.
Quant aux pépins de poires et de pommes, comme ils lèvent proraptemenl,
on les sème assez ordinairement en rigole, en murs, avec leur marc : l'automne
ou le printemps suivant, une partie du plant est déjà assez fort pour être levé
et repique en pépinière, à la distance que nous venons d'indiquer pour les
amandiers; on laisse le restant du plant en place pour qu'il se fortifie, et s'il
n'est pas jugé capable d'être mis en pépinière au bout de deux ans, il i'aut le
rejeter, comme de mauvaise venue.
ARTICLE IIJ. Des Mères.
On appelle mère, un arbre coupé près de terre, afin qu'il pousse de son collcl
un grand nombre de scions, que l'on butte ou que l'on couche chaque année,
pour leur faire prendre racine. Butter, c'est mettre de la terre au pied de ces scions
jusqu'à la hauteur de six à douze pouces. Coucher, c'est faire une petite rigole
au bas de ces scions, les incliner en arc dans cette rigole, Je plus près possible
de leur pied, couvrir de terre la partie arquée, et remettre In partie supérieure
autant que possible dans la direction rcrticaie. On a des mères de figuier, de
vigne, de groseiller, de coignassier, de pommier doucin et de pommier paradis.
Ces trois dernières sont faites pour fournir des sujets qui pous.sent moins fort
et deviennent moins grands que ceux provenus de graines et appelés//-iTHCj.
Le coignassier est destiné à recevoir la greffe des poiriers qui ne se mettent pas
aisément à fruit sur franc, ou que l'on désire tenir bas; et le doucin et le paradis,
à recevoir celle des pommiers qui ne sont pas destinés au picin-vent. Le paradis
ne fait même que des arbres absolument nains, dont l'existcnce se prolonge
rarement au-delà de vingt ans. A chaque printemps, on lève les scions enracinés,
qui alors prennent le nom de plant, et on les plante en rang dans la pépinière,
pour y être greffés dans la seconde année.
Les marcottes et les boutures ont bien quelque rapport avec les mères; mais
comme elles ne sont pas usitées dans la multiplication des arbres fruitier-s
proprement dits, elles ne doivent pas trouver de place ici.
ARTICLE IV. Des soins qu'exige le plant jusqu'au moment oii il doit être greffé.
Nous avons suppo.sé que le jardinier étoit intelligent et qu'il n'a voit pas
besoin de nos con.seil.s dans les menus détails de la jdantation, et qu'il l'a faite
avec soin. Maintenant nous dirons qu'aussitôt qu'elle est terminée, il faut avoir
du vieux fumier brisé et bien court, pour en couvrir tout le terrain planté de
l'épaisseur d'un pouce ou environ. Ce fumier empêche l'herbe de croître, tient
la terre fraîche, l'engraisse même s'il survient des pluies, et produit un bien
considérable au plant. Cette opération s'appelle pailler; elle a passé de chez
les maraîchers chez les fleuristes de Paris et dans les petites pépinières; elle
seroit dispendieuse dans les grandes, mais ses résultats sont si avantageux, qu'il
y auroit toujours du profit à l'y introduire : elle évite au moins deux binages
qu'il faudroit faire dans le courant de l'été, et elle conserve à la terre une
fraîcheur extrèinement salutaire aux jeunes arbres.
II faut visiter souvent son plant en avril et mai, le nettoyer du bois mort,
s'il y en a, le rabattre sur le bourgeon qui se développe le mieux, qui se trouve
le mieux placé, et supprimer les autres; en juin, on mettra des tuteurs pour
redresser ceux qui se dirigent mal et pour maintenir ceux qui filent bien.
Cependant les amandiers destinés à être greffés en pêchci-s à oeil dormant au
mois d'août suivant, n'ont pas ordinairement besoin de tuteurs. De tous les
sujets d'une pépinière, les uns sont destinés à être greffés près de terre, et les
autres à la hauteur de trois, quatre, cinq et six pieds. Les premiers peuvent"
recevoir la greffe à leur première ou deuxième année, tandis qu'il faut trois,
quatre et cinq ans aux autres pour former leur tige. On doit attacher la jeune
tige de ces derniers à un échalas dès la première année, et se garder de supprimer
aucune branche latérale avant la troisième année : on se contentera jusque-là
de les raccourcir de temps en temps; mais à la quatrième et cinquième pousse,
on supprimera entièrement les plus grosses de ces branches latérales, et ainsi
de suite jusqu'à ce que la lige soit tout-à-fait nue. Les branches latérales
contribuent à faire grossir la tige; si on les supprimoit trop tôt, elle resleroit
foible, et ne pourroit supporter le pied de sa tête quand elle aura été greffée
pour former un plein-vent.
ARTICLE V. Qualités que doii'ent avoir les sujets.
Les sujets, dit Duhamel, doivent être sains, vigoureux, d'une écorce vive,
claire, unie et sans cicatrice dans l'endroit où l'on applique la greffe : on ne
peut espérer de satisfaction d'un arbre greffé sur des sujets foibles, languissans,
chancreux, rabougris, etc. Ils doivent encore être analogues aux greffes; car
l'union de la greffe avec le sujet est d'autant plus facile et plus ferme, qu'il y
a entre eux plus de rapports pour la quantité, les qualités et le temps de la
sève. Un poirier très-vigoureux, comme l'ambrette, réussira mal sur le coignassier
à petite feuille, et même médiocrement sur le coignassier de Portugal, qui,
quoiqu'il ait une sève beaucoup plus abondante, n'en a pas encore assez pour
ce poirier, qui ne réussit bien que sur franc. La greffe du cerisier ne se collera
pas solidement sur un merisier sauvage à petit fruit noir, dont la sève, appa