ARTICLE Tli, De l'ébourgeoimancnf.
Jusqu'au commenooinenl <lc ce siècle, leboiirgeonncmcnl consisLoit à supprimer
les rameaux inutiles ou mal placés, quand ils etoicni développés, en
juin el juillcl; cVst-à-dirc, qu'on laissoit ccs rameaux dépenser une grande
quantité de sève pour leur Ibrmation inutile et nuisible au reste de l'arbre.
Les auteurs de la nouvelle école ont pensé avec raison qu'il valoit bien mieux
empêcher cos bourgeons inutiles de se développer que d'attendre qu'ils aient
dépensé de la sève en pure perte pour les supprimer. Ils conseillent donc de
veiller au développement des yeux vers la mi-avril, et quand ces yeux se sont
allongés de quatre à six lignes, de détacher, en les poussant à droite ou à gauche
avec le pouce, tous ceux qui sont inutiles ou mal placés, Par ce moyen, toute
la sève de larbre reste pour les bourgeons utiles; ceux-ci, ayant plus d'air, se
développent mieux, et atteignent plus sûrement la destination ù laquelle ils sont
appelés. Quand cette opération, nommée éhoiirgeonnemait à oeil poussant, est
bien exécutée, on n'a que peu ou point de rameaux à supprimer entièrement
dans le courant de l'été : elle est indispensable dans le pêcher et très-avantageuse
dans tous les autres arbres fruitiers.
ARTICLE IV. Du pincement.
Le pincement consiste à supprimer, en pinçant, entre les ongles du pouce
n de l'index, l'extrémité d'une pousse tendre qui s'allonge encore. Elle a pour
effet d'amener une perturbation dans la sève, qui arrête la croissance de la
branche pincée, et de modérer sa vigueur. Un pincement, selon la saison,
retarde la croissance de dix, douze à quinze jours, et en le répétant sur la
même branche, on la retarde d'un mois et plus. On sent dès-lors la puissance
de cette opération pour maintenir ou rétablir l'équilibre nécessaire entre les
branches d'un arbre, et pour déterminer à se développer des yeux qui restcroicnt
endormi.s.
ARTICLE V. Du palissage.
Cette opération consiste à attacher, à un treillage ou à un mur, les jeunes
pousses nouvelles qu'il faut conserver, et à les espacer avec l'art et la symétrie
nécessaires pour donner à l'arbre la forme qu'on a résolu de lui faire prendre.
Jusqu'à la naissance de la nouvelle école, et dont les préceptes ont été développés
pour la première fois par M. Lclieur dans sa Porno ne l'ranroise, on
attendoit que toutes les jeunes pousses d'un arbre eussent atteint presque toute
leur longueur pour les palisser, et même pour faire rébourgeonnement que
l'on exécutoit en niciue temps, de sorte qu'il y avoit déjà des pousses devetmes
trop fortes et d'autres ({ui étoient encore trop foibles lorsqu'on palissoit le tout;
et comme l'effet du palissage est, ainsi que celui du pincement, de ralentir le
développement des branches, il en résultoit qu'on n'obtenoit jamais i'é(iuilibre
si nécessaire à la santé, à la fructilication et à la beauté de l'arbre. Dans la
nouvelle école, on ne palisse jamais un arbre en une seule fois; on commencc
par palisser les plus fortes pousses, qui sont ordinairement les supérieures, afin
qu'elles ne grossissent et ne s'alongent pas outre mesure; huit ou quinze
jours après, on palisse celles qui sont près d'atteindre la grosseur et la longueur
voulues; et les plus basses et les foibles ne se palissent que quand on n'espère
plus de les voir grossir et s'allonger. Et même, pour favoriser le développement
des pousses les plus foibles, au lieu de les palisser, on les tire en avant, on les
attache à de petits biitons fixés devant l'arbre, afin qu'elles nagent dans l'air
et la lumière, ce qui les fait croître singulièrement, et on ne les palisse que
quand la sève est tombée et qu'elles conservent encore assez de flexibilité pour
se laisser diriger vers la place qu'elles doivent occuper. En palissant ainsi et
en faisant en même temps usage du pincement, on maintient ou on rétablit
l'équilibre dans un arbre avec facilité.
Anne LE VI. De l'arqûre, de la plaie annulaire et du cran.
Ces trois opérations ont été vantées par quelques amateurs, tantôt comme
plus promptement propres à mettre les arbres à fruit, tantôt comme faisant
partie de la taille; et le cran surtout, comme pouvant réveiller un oeil endormi,
augmenter ou diminuer la vigueur d'une branche. Chacun de ccs procédés,
employé avec discernement, peut produire et a même quelquefois produit un
bon effet; mais la pratique éclairée peut s'en passer. Nous les laissons entre
les mains des curieux qui aiment les expériences et désirent se rendre compte
de certains faits physiologiques.
CHAPITRE VIII.
Des différentes formes que l'on donne aux arbres par le moyen
de la taille.
On donnoit autrefois aux arbres fruitiers des formes singulières ou fantastiques,
qu'on ne voit plus aujourd'hui. Cependant on en imagine encore d'autres
plus ou moins ingénieuses, tantôt pour occuper un espace donné, tantôt pour
essayer ou montrer la docilité d'un arbre, ou mettre en évidence l'adresse de
la main qui le conduit. A, Thouin décrit, dans son Cours de culture, une