Si nous soumettons au foyer d'une forte lentille l'un des gros points qui
entourent la moelle d'un jeune bourgeon, nous voyons qu'il est composé d'un
grand nombre de tubes très-étroits, serrés les uns contre les autres, plus ou
moins hexagones, d'une substance plus solide et beaucoup moins ti'ansparentc
que celle des cellules. Au centre de cet amas de tubes on remarque toujours
une trachée, comme dans les monocotylédons, avec cette différence, que dans
ces derniers tous les faisceaux de tubes en général ont une trachée à leur
centre, tandis qu'ici il n'y a que le seul rang de tubes qui entoure immédiatement
la moelle, qui ait des trachées. Les tubes qui se développent ensuite
en dehors de ceux-ci, n'en offrent jamais, quoique Mustel, Sencbier et autres,
en indiquent jusque dans l'écorce. M. Mirbel ne reconnoît, comme nous, de
trachées qu'autour de la moelle; mais il les place immédiatement autour de
cette moelle, et non au centre des faisceaux de fibres, qui, selon nous, forment
le canal médullaire.
Divers auteurs allemands ont avancé qu'un vaisseau ou tube, après avoir
été entier, pouvoit se cribler de trous, se fendre circulai rement et devenir
trachée.
M. Mirbel combat cette opinion, et assure qu'un vaisseau ne change jamais,
niais qu'il peut être dès l'origine entier par un bout, criblé, fendu ou trachée
par l'autre. Ceci implique une assez grande contradiction; car en admettant
cette modification, comme il y a des vaisseaux depuis le canal médullaire
jusqu'à l'opiderme, tout le bois et toute l'écorce pourroient offrir des trachéeS;
et c'est pourtant ce que l'observation rejette. Les couches successives du bois et
de l'écorce offrent des vaisseaux poreux, des vaisseaux en chapelet, des vaisseaux
propres, mais non des vaisseaux en trachées.
On a coutume de distinguer dans un tronc d'arbre \aubier et le hois parfait;
l'aubier est la partie extérieure, encore vivante, et le bois parfait la partie centrale
qui a cessé de vivre : ils se reconnoissent souvent à la différence de leur couleur.
Sous le nom de rayons médullaires, on désigne des lignes ordinairement plus
blanches, qui rayonnent du centre à la circonférence, formées d'un tissu plus
fm et plus dur que le reste, et dont les plus anciens semblent en effet sortir de
la moelle; mais à mesure que le tronc grossit, ces rayons se multiplient, et
l'origine des derniers est d'autant plus loin de la moelle centrale qu'ils se sont
formés plus tard; et comme ceux-ci sont de même nature que les premiers, on
est porté à penser que ni les uns ni les autres ne dérivent de la moelle, et que
le nom de rayons médullaires doit être rejeté : aussi Lindley les a2)pelle-t-il
rayons argentins; leur usage n'est pas connu. Cependant comme la nature
travaille selon les lois de l'architecture, on peut 2)enscr qu'elle multiplie ces
rayons à mesure que les arbres grossissent, pour maintenir partout la même
solidité.
ARTICLE Vlfl. De l'Écorcc.
Tout le monde connoît l'écorce et Ja place qu'elle occupe dans les végétaux.
On la divise en trois parties, qui sont l'epiderme, les couches corticales et le
liber. Nous allons examiner successivement ces trois parties, en commençant
par le liber.
L'usage a restreint le nom de liber aux couches les pins nouvelles, et par
conséquent les plus intérieures de l'écorce, sans qu'il ait été possible pourtant
de déterminer l'épaisseur ni le nombre des couches de ce liber, qui ne diffère
en effet des couches corticales qu'en ce qu'il est plus jeune, qu'il touche encore
le bois, et qu'il n'est pas encore repoussé eu dehors par un autre liber plus
jeune, qui lui fera prendre le nom do couche corticale, comme lui-même
l'avoit fait prendre à un autre, etc. Ainsi le liber est aux couches corticales
ce qu'un jeune homme est à un homme faiL
Le liber est formé de tubes longitudinaux, quelquefois plus gros et quelquefois
plus fins que ceux du bois, et ils sont entremêlés de cellules dirigées vers la
cu'conférence de l'écorce. Le liber, développé au printemps, se trouve, dans le
courant de l'été, repoussé vers la circonférence et relégué parmi les couches
corticales. On voit alors qu'il a subi un changement considérable; car ses tubes,
qui étoicnt d'abord à peu près parallèles et très-rapprochés, se sont désunis
dans certains endroits et ont formé de grandes mailles qui se trouvent remplies
de tissu cellulaire. Plus les couches corricales sont poussées en dehors, plus les
mailles qui se sont formées entre leurs tubes, sont grandes : ces mailles, par
leur agrandis.sement progressif, forment des côncs comprimes, dont le sommet
est entre le bois et le liber, et k base à la eiroonférence de l'écorce. Voici
comment ces lacunes ou ces mailles sont obligées de se former. L'écorce n'a été
d abord composée que d'une seule couche de liber, formant un cercle autour du
corps ligneux : mais entre ce premier cercle et le corps ligneux il se développe
un autre liber, qui, prenant la place du premier, oblige celui-ci à reculer et à
occuper un cercle d'un phis grand diamètre; or, comme il ne se forme aucune
fibre ailleurs qu'entre le bois et l'écorce, il est évident que les tubes de ce
premier liber, ainsi repoussés sur un cercle plus grand, sont obligés de se
désunir daris quelques endroits pour pouvoir occuper cette nouvelle place
doù Ils seront encore chassés, jusqu'à ce qu'enfin, arrivés à la circonférence
ils se détruisent successivement par l'action des élémens extérieurs. Mais afin
de conserver les forme, primitives, la nature n'a pas voulu que ces tubes se
divisassent en fentes en un seul endroit; elle a voulu qu'il s'établît des mailles
clans toute la circonférence, qui prêtassent également partout, et que toujours
les nouvelles mailles ne fussent que la suite des anciennes; ce qui nous prouve
que toutes ces couches, que nous séparons ensuite facilement, sont d'abord
réellement continues entre elles, et nous explique pourquoi les mailles ou