cela qu'il nuit le plus aux propriétaires, ne produisant que de mauvais fruits
et peu de bois. '
12.° La Goutte. Sous ce nom nous signalons aux observateurs une maladie
que nous avons remarquée sur quelques jeunes poiriers de Saint-Germain cL
autres taillés en quenouille, au Jardin des plantes. Elle se manifeste sous forme
de boursoulflures, de bosses irrégulicrcs et d'engorgemens sur les rameaux de
deux à quatre ans. Le bois conserve la dureté ordinaire dans ces endroits;
mais il a des veines ou des marbrures blanches qu'on ne remarque pas ailleurs.
L'écorce garde son luisant et sa couleur; mais elle est beaucoup plus épaisse et
bien plus parenchymateuse que dans les endroits sains. S'il étoit permis de risquer
une hypothèse, nous dirions que les parties blanches du bois sont viciées,
qu'elles gênent le mouvement de la sève dans son coui-s, et que voilà pourquoi
cette sève, en se portant plus d'un côté que de l'autre, cause les inégalités
que nous voyons à la surface des brandies.
Le plus ^gé et le plus malade de ces arbres a la tige galeuse, inégale, plus
grosse dans des endroits supérieurs que dans d'autres inférieurs, et point ronde
du tout à la circonférence. Il pousse assez de bois, qui devient aussi galeux
dès l'dge de quatre à cinq ans, et qui alors semble diminuer au lieu de croître;
car ses branches formées sont la plupart plus petites à la base que dans la
partie supérieure; ses feuilles sont toujours jaunes, et ses fruits toujours petits,
pierreux, tachés et mauvais. Nous croyons cette maladie incurable.
i3.° Les Loupes. Les excroissances locales connues sous les noms de loupe,
bosses, tmueurs, etc., sont dues à la déviation de la sève. Elles défigurent et
affoibïisscnt l'arbre en lui enlevant une partie de sa nourriture; mais elles ne
le font pas ordinairement périr, à moins qu'elles ne dégénèrent en ulcères. La
piqiire d'un insecte sur une jeune branche suffit pour y produire quelquefois
une loupe assez considérable. Une blessure, le retranchement simultané de
plusieurs petites branches placées les unes auprès des autres, causent le même
effet en obligeant la s«vc à s'ouvrir une infinité de routes tortueuses pour
venir guérir et couvrir toutes ces plaies.
Les loupes sont très-recherchées des tourneurs et des ébénistes, parce qu'elles
offrent intérieurement des couleurs, des dessins et des accidens agréables à
la vue, et qu'elles sont d'un bois infiniment plus serré et plus dur que celui
des autres parties de l'arbre.
14.° Les Broussins. On appelle broussin, un amas de petites branches qui
croit tout à coup sur un arbre, et qui a l'aspect d'un nid de pie ou d'un
fagot. Il est produit par une jeune branche, qui, au lieu de .s'alongcr comme
les autres, se divise à l'infini et forme une espèce de tête de Méduse. Ce phénomène
n'est pas contagieux et ne fait pas souffrir l'arbre. Son apparition est
peut-être due aux piqûres de quelques insectes et à la présence de quelques-uns
de leurs acides. Si on greffoit des brins <le ces broussins, peut-être conscrveroicnt
ils leur caractère accidentel et formeroient-ils des pygraées de leur espèce.
15." Les Coups de soleil. Quand le soleil darde ses rayons entre deux
nuages sur un arbre planté le long d'un mur au midi, il le dessèche et le
brûle, en tout ou en partie, quelquefois en îuoins de cinq minutes. On voit
au potager de Versailles un espalier de prunier à haute tige, planté par M. Souchet,
dont tous les arbres ont eu la tige brûlée par devant du haut en bas
d'im coup de soleil, dans la troisième année de leur plantation. Ils ont failli
mourir tous de cet accident; cependant, comme ils éloient bien vigoureux et
dans une terre excellente, le côté du mur a suffi au passage d'une quantité
de sève suffisante, sinon pour faire croître la tête de l'arbre, du moins pour
l'empêcher de mourir; mais comme toute la sève pompée par les racines iie
pouvoit trouver passage dans cette moitié de tige restée vivante, elle a fait
éruption au bas de la tige, en développant plusieurs bourgeons vigoureux, que
M. Souchct a soigneusement conservés, dans la crainte que- le haut ne pût se
raccommoder. Cependant, la bonté du terrain, l'âge et la bonne constitution
des arbres ont tout réparé : les têtes ont repris leur vigueur, et forment maintenant
le plus bel espalier du potager. D'après cet exemple, on doit mettre
une voligc ou de la longue paille au devant des jeunes tiges qu'on plante
le long d'un mur au midi; car si elles n'y sont pas toujours brûlées, elles y
sont presque toujours desséchées d'une manière nuisible.
16.° Les Engelures. Excepté le noyer, les arbres fruitiers qui ne sont pas
soumis à la taille gèlent rarement sous notre climat; on taille même le pommier
et le poirier dès l'automne sans inconvénient; mais l'abricotier et le pêcher
ne veulent être taillés que quand on n'a plus de fortes gelées à craindre.
17. La Jaunisse. Tous les arbres très-malades ou près de mourir sont
jaunes; mais tous les arbres jaunes ne sont pas toujours malades : la maigreur,
la foiblesse, le ton jaunâtre des feuilles d'un arbre disparoissent en lui donnant
une nourriture convenable, lorsqu'il n'est pas vicié. Nous nous rappelons
avec une sorte de honte que dans notre jeunesse nous avons laissé languir des
arbres soit en vase, soit en pleine terre, parce que nous les supposions attaqués
d'une maladie qui nous étoit inconnue, tandis que ces arbres n'éprouvoient
réellement d'autre mal que celui de la faim. Nous leur donnâmes enfin
de la terre neuve bien appropriée, et ils reverdirent et poussèrent vigoureusement.
ARTICLE II. Des ennemis des arbres.
Le Vir hlane. Parmi tous les vers et larves qui attaquent les arbres dans
leurs racines et dans leur tronc, nous ne signalons que le ver blanc ou larve
du hanneton, dont on parloit à peine du temps de Duhamel, et qui aujourd'hui
est multiplié au point qu'il détruit des pépinières presque entièrement
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