8i les auteui's reconnoissoient enfin, qu'ils se rendent
irautani: plus inintelligibles, qu'ils croient se rendre plus
clairs et paroitre plus érudits en rapportant un plus grand
nombre de noms à un seul et même fruit, ils abandouneroient
cette manie de citer sur des à-peu-près, et désigneroient
chaque espèce par un seul et même nom. Bientôt
tout cet appareil pompeux de synonymes tomberoit dans
un éternel oui >li ; la nomenclature deviendroit aussi simple
qu'elle devroit l'etre; la scienc.e en seroitplus facile, parce
que la mémoire n'auroit plus à retenir une foule de noms
inutiles, et ce qui est bien digne déconsidération, nous
serions aisément entendus lorsque nous paiderions de tel
ou tel l'ruit.
Les jardiniers appellent espèce ce que les botanistes
nomment variété, et ils admettent seulement comme variété
l'espèce qin varie dans quel([ues-unes de ses parties
par le nombre, la grandeur, la couleur, etc. Dans ce
Traité , nous devons d'autant plus nous conformer à l'usage
reçu parmi les jardiniers et les pépiniéristes , qu'il
n'en résulte aucune obscurité pour la science, et que les
loix qui, eu botanique, établissent une différence entre
l'espèce et la variété , sont très-souvent méconnues ou
violées par les botanistes eux-mêmes. Selon ctïs loix, poin*
qu'un végétal mérite le nom d'espèce, il faut que ses
graines reproduisent absolument la même espèce de fruit
ijue celui dont elles proviennent. Or, comme on a remarqué
que la plupart des arbres fruitiers ne se reproduisoient
pas de graine, ainsi que nous venons de l'expliquer, la
botamf[ue les a exclus de son répertoire comme des monstres
nés de i'industiie humaine. (Jes monstres précieux ,
il l'aut en convenir, n'ont pas d'autre mère, et c'est elle
qui les perpétue la plupart; mais très-souvent aussi XAthcrge
, la Reine-c/aiulc, le SaiiU-jiiilien se reproduisent
par leurs graines dans le sens que nous avons iiuliqué.
l'\iU(Iroit-il les considérer comme des espèces, lors([u'lls
se reproduisent, et comme des monstres, lorscju'ils ne se
re]iroduisent pas? Cette petite difficulté, à fexposllion
de la<[uelle nous nous bornons , suffit pour prouver ([ue
les régies de fart ne sont pas toujours celles de la nature,
et que l'illustre Adanson, le plus profond botaniste (jui
ait jamais existé , av^oit raison de regarder comme des
puérilités les prétendus caractères par lesquels on veut
distinguer les espèces des variétés.
Quolfjue le but principal de notre ouvrage soit de
faire connoitre les différentes espèces de fruits, et que
nous espérions y être heureusement parvenus , à la laveur
des figures et des descriptions dont il est composé
et enrichi, nous croirions notre travail imparfait, si nous
nous en fussions tenus à ce seul objet. Il nous a semblé
qu'à l'aspect d'un beau fruit, il étoit naturel de desirer
savoir comment il étoit venu, quels sont les procédés
employés pour lui procurer un tel volume, un si brillant
coloris, sur-tout iine saveur si agréable. Nous avons
aussi pensé que l'on seroit flatté de pouvoir l'analyser,
d'en connoitre les différens organes et leurs fonctions, et
qu'après avoir ac([uis les connoissances anatomlques d'un
fruit, ou voudroit en acquérir également sur l'arbre qui
l'a produit. & t enchaînement de connoissances nous a
paru si naturel et si nécessaire aux progrès <le chacune
d'elles en particulier, que nous l'avons placé à la tête