
dx D I S C O U R S
variable. L’éléphant n’a point dégénéré; il ne produit point dansTefclavage.
L’éléphant, le rhinocéros, l’hippopotame & la giraffe ne fe propagent,
comme l’homme, qu’en ligne droite, fans aucune branche collatérale ; ils
n’ont point d’analogue ; & l’homme, dont le volume eft moins confidé-
rable, eft moins ifolé qu’eux.
XI. Les animaux font des foyers de deflru&ion qu’on peut comparer à
la flamme ; ils pourfuivent tout ce qui peut fervir à leurs befoins ou à leurs
plaifirs ; & , de tous les animaux, le plus deftrufteur eft l’homme.
On a calculé que les races dont certains animaux tirent leurs alimens,
périroient par furabondance fi elles ne leur fervoient point de pâture ; il
eft des animaux qui naiffent pour que d’autres s’en nourriffent. Les uns
font armés de dents aiguës , de griffes menaçantes ; les autres font fans
défenfe ; quelques-uns n’oppol'ent pas même la rufe à leurs ennemis, qui
les furpaffent non-feulement par la force , mais encore par la vîteffe &
par l’induftrie. A quels réfultats, en fe repliant fur foi-même, on eft conduit
par cette vue, & comme il y a loin de là aux confeils que l’homme
éclairé reçoit de fa raifon !
Dans la férié des divers animaux, ce font, toutes chofes égales d’ailleurs,
les plus petits qui mangent le plus ; & ce font eux aufli qui produifent davantage.
XII. A confidérer l’homme dans les divers fiècles & dans tous les lieux
connus, on voit qu’il eft fait pour la fociété ; mais , femblable en cela
àu caftor, il n’eft pas abfolument contraint à fe réunir avec fes femblables ;
il paraît de faire par choix : les abeilles le font par nécefiité : ,une feule
abeille ne peut pourvoir à fa fubfiftance ; & deux abeilles rie fuffifent pas
pour propager l’efpèce.
XIII. Les carnivores robuftes* dit Buffon, font folitaires. Les çarnivores
foibles marchent en troupes ; ainfi font les hommes : leur force croît dans
des proportions immenfes par leur réunion.
XIV. Il exifte moins d’efpèces de plantes que d’animaux ; mais plufieurs
Naturaliftes penfent que le nombre des individus eft plus grand dans chaque
efpèce de plante que dans chaque efpèce d’animaux.
Mufchenbroeck eftimoit le nombre des animaux à 7750 ; Erxleben l’a
porté à 25000; M. Zimmermann préfume que ce nombre eft encore plus
confidérable; ce qu’il juftifie en ohfervant qu’il n’y a point de goutte d’eau,
point de fable, point de mucdfité qui n’en contienne un grand nombre &
d’efpèces différentes. Quel foyer de vie que la mer! c’eft-là où les corps
confervent une grande foupleffe, que la nature prodigue les germes, &
que les générations fe fuccèdent avec une grande rapidité.
Le
P R É L I M I N A I R E. c îx j
Le riiicrofcope a. découvert; des. milliers d’animalcules^ à. peine a-t-il-
fait connoître quelques efpèces .de .végetpuxmi;:
XV. On eft bien loin d e ’ connoître toute la cnatfire-vivante , puifque. la
géographie d’une grande partie dé la furfaeed-u globe eft encore; Ignorée-.-
0 On. affure que l’étendue des pays que les vçyageurs ont parcourus, eft à
ceux qu’ils n’ont point encore atteints, . comme 10 eft a 9.
XVI. M. de Buffon a dit que l’homme ne peut rien fur les efpèces ; que
fon influenoe fe borne aux individus.,Cependant .certaines races-,-prefque
toutes entières, font fubjuguées; prefque. tous les individus qui leur appar-,
tiennent ont perdu leur force , leur courage, leurs couleurs, leurs formes:
même; & il faut fe donner bien de la peine pour retrouver.les originaux
de certaines efpèces de plantes & d animaux .dont.lhomme a fait Ion domaine.
. XVII. Les mulets des ovipares font féconds ;.les végétaux, & , dans le règne
animal les' oifeaux, en fourniffent des. exemples. On fait que parmi les
quadrupèdes, les mulets n’engendrent que dans les climats très-chauds, où
cette efpèce de reprodutfion. eft elle-même très-rare. En .-général, la. fécondité
des ovipares furpaffe beaucoup celle des animaux..qui mettent an
jour leurs petits vivans. , : ; .; •: _:<■ -
Le-bardeau tient de la mère ; & en général, les deux efpeces de mulets
tiennent plus de la mère que du père. Linné avoir dit que le piftile eft
une extenfton de la moëlle de la plante. - - .
,, • L’expérience a prouvé qu’en croifant les races on obtient & dès individus
mieux développés, & des males en plus grand nombre, j HM?
En fomme , les individus qui naiffent d’animaux de deux efpeces differentes
, font d’autant moins féconds, .qu’il y a plus d eloignement entre les
deux fouches dont la réunion les a produits.
XVIII. On fait maintenant qu’un père & une mère, tous.les deux dépourvus
des mêmes parties , n engendrent pas moins des enfans auxquels
ces parties ne manquent .point. Ainfi, tous les fyftemes fondes fur un certain
tribut fourni par. les divers: organes .des, -parens..,-. font, des jeux de l’imagination.
La reproduftion de i’eipece dépend donc dune aéfion qui, comme
toutes les autres, appartient fpécifiquemênt à une claffe d organes.îyiais quelles
font les caufes principales de : .cet étonnant phénomène ? c’eft ce qu on
ignore. D’une part, il eff connu que dans les oifeaux le foetus appartient
à la mère, & que le père ne fait que modifier la furface ou quelques-
unes de fes parties. D ’une autre part, on n’ignore pas que dans le règne
végétal, un germe eft furmonré dun autre germe ; que les boutons font
de petits arbres; qu’un orme, par exemple, eft forme de plufieurs petits
Syjl. Anat. des Animaux. Tome II. x