
aifément, & ne fouffrent point du froid qui y règne ; d’autres quittent
rarement la furface de la terre, ne s’élèvent en valant qu’à des hauteurs
médiocres, ,& paflènt leur vie dans'des endroits fort bas. Il y en a qui,
de ces mêmes lieux, fe portent, fans inconvénient, dans les plus hautes
régions de l’air.
La différence des habitudes en fuppofe une très-grande dans l’organifà-
îion. Il eft donc convenable de difféquer les oifeaux dont les habitudes font
le plus oppofées.
Nous parcourrons, d’après ces vues, les principales familles de ces
animaux.
La diffeèiion des oifeaux diurnes & des oifeaux noèiurnes offrira des
réfultats relatifs aux organes de la vue & à ceux de la digeftion.
Parmi les premiers , les uns s’élèvent à de grandes hauteurs ; les autres
planent à peu de diftance de la terre. La forme de leurs ailes, confidérées
dans toutes leurs parties, & les puiffances qui les meuvent feront comparées
entre elles, & il eft probable qu’on trouvera auffi quelques différences
dans les organes pulmonaires , entre des animaux qui refpirent tantôt un air
très-froid , très-fec, très-léger, & ceux qui demeurent plongés dans une
atmofphère humide, compacte & plus échauffée.
Sous ce double rapport, il fera utile de difféquer, x°. le faucon, le
gerfaut, ou quelqu’un des sifeaux qu’on nomme en fauconnerie de haut
v o l; i ° . la bufe & la crefferellé qui font des oifeaux de b a s vol; & il
feroit curieux , relativement aux organes de la refpiration, de comparer aux
oifeaux de haut vol, le héron qui, comme eux, s’élève à la plus grande
hauteur dans les airs, après avoir paffé une grande partie du jour dans les
lieux les plus bas & les plus humides.
Relativement à l’organe de la vue, ces mêmes oifeaux de haut vol feront
On difféquera donc après le gerfaut & la bufe, i°. un héron; z°, un
mis en oopofition avec les oifeaux de nuit.
hibou ou une chouette. Les réfultats comparés du gerfaut & du hibou feront
relatifs aux organes de la vue; ceux du gerfaut & de la bufe le feront aux
puiffances qui fervent pour le vol. Les réfultats de l’anatomie du gerfaut, de
la bufe & du héron fe rapporteront aux organes de la refpiration. Le gerfaut
& la bufe fe nourriffant de chair, & le héron de poiffon ,.la diffedion de ces
trois oifeaux feroit encore intéreffante relativement aux organes de la digeftion.
Mais il eft quelques-uns de ces oifeaux qui, fans être précifément diurnes ou
nodurnes, liennent le milieu entre ces deux familles, & qui, immobiles dans
l’obfcurité abfolue & pendant la clarté du jour , ne voient bien que durant le
crépufcule : tel eft dans nos contrées le crapaud-volant ou tête-chèvre, que
M. de Montbeillard nomme engoule-vent. Ce feroit donc un cinquième
oifeau, qu’on ajouteroit aux quatre que nous avons déjà nommés.
Les lieux que les oifeaux habitent étant communément déterminés par la
nature des alimens dont ils fe nourriffent, fous ce rapport j’ajouterai aux
cinq
cinq oifeaux précédens le lagopède , connu vulgairement fous le nom de
perdrix blanche-, & quelques-uns des oifeaux qui ne vivent que fous la zone
torride de l’ancien ou du nouveau continent; tel eft le hocco , qui eft peut-être
celui de ces oifeaux qu’on peut fe procurer le plus facilement. Cette efpèce
paroît très-fenfible au froid de nos climats, tandis que la température au bas
des montagnes, dans le plus fort de l’hiver, eft trop chaude pour les lagopèdes,
qui, après être defcendus le matin du fommet des monts, pour chercher
leur nourriture, le regagnent promptement, & y paffent la journée & la
nuit dans des cavités qu’ils ont creufées au milieu de la neige.
Les divers alimens dont les oifeaux fe nourriffent, fuppofent des forces
& des orgâhes digeftifs très-variés ; & comme il ÿ a beaucoup de différences
entre, les oifeaux, dans la ma'nière de fe nourrir , cette manière de
les canfidérer •exige auffi de notre’ part des détails -plus étendus. .
Nous avons déjà comparé, relativement aux forces digeftives, les carnivores
& les pifcivores, repréfentës par le gerfaut, le hibou, & le héron.
En fuivant cette même férié d’obfervations , nous trouverons des oifeaux
qui ne vivent que-d’infeâes, plufieurs qui ne fe nourriffent que de vers,
& d’autres qui vivent en même temps de ces deux genres d’alimens, & de
baies ou de fruits. . . .
Parmi les premiers., nous choifirons, pour huitième fiijêt à difféquer,
le pic, qui ne vit que d’infeftes , & dans lequel l’obfervareur aura en même
temps à remarquer la conformation d’un oifeau habitué à grimper, qui-a
la faculté de darder fa langue très-loin hors du bec; & de la retirer avec
une grande yîteffe. . . ; . .
LabéCaffe, que je placerai au neuvième rang, ne fenourrit que de vers.
On y remarquera les particularités que préfente l’organe de la vue des
‘oifeaux qui ne voient bien que pendant le crépufcule.
Le merle & la grive , qui vivent, fuivant les circonftances, d’infeftes ,
de vers, de baies & de fruits, occuperont le dixième rang.
Les pies-grièches, qui donnent, pendant l’été, la chatfe aux infeéres,
& , pendant l’hiver, aux petits oifeaux, fixeront enfuite notre attention;
|. -& les méfanges , quife nourriffent le plus communément d’infeftes , mais
qui ont en même temps la faculté de digérer l’amande des noyaux ou
; des grains qu’elles percent, la viande & la graiffe , dont elles font fur-tout
; "avides, ne devront pas être négligées.
Après les douze familles d’oifeaux déjà énoncées, nous confidérerons, re-
; ïàt'iveriient à la manière de fe nourrir, les granivores, dont les- uns avalent
lie grain entier., fans l’écorcer ni le rompre ; dont les autres l’éçorcent
I avant de l’avaler, tandis que d’autres l’écorcent & le triturent.
Ces différens oifeaux préfenteront des çaraftèrës très-yariés dans la forme,
| la force & les puiffances motrices du bec , dans les organes digeftifs ,
I fur-tout dans ce premier organ'y de la digeftion qu’on nonmrpe 1 e jabot.
I ■ Les pigeons, "‘places au treizième ' P='ng s offriront l’exemple iÿaifeaux.
S yfi. anat. des Animaux. Tome I I , 55 i