
au elles ont jette toute leur pouflîère , Se elles tombent alors comme inutiles.
De plus, les anthères paroiffent en même tems que les ftigmates, Sc
non-feulèment quand les uns & les autres fe trouvent fur les mêmes fleurs J
mais encore lorfqu’ils appartiennent à des fleurs différentes ; ainfi les'loneues
anthères du coudrier, du bouleau , de l’aune, ne jettent jamais leur pouflîère
avant que les ftigmates foient développés en déflous , Sc ie chanvre mâle
xfa point de pollen à donner, jufqu’à ce que le chanvre femelle ait des
.piftils ën état de le recevoir.
a0. La fituation. Les anthères font toujours fttuées de manière que le
pollen püiflè parvenir aux ftigmates ; car , ouïes étamines entourent le piftil,
comme dans la plupart des freurs ; ou fi le piftil eft tourné vers le haut lés
etamines le fuivent , comme dans la didynamie ; ou enfin, fi les piftils Ce
penchent vers le:bas , lès étamines font placées ën deffdus.
3°. La cafiralicn. Si on enlève les. anthères d’une plante qui n’a qu'une
.feule fleur,, Sc qu’on ait foin d’éloigner toutes celles de la même elpècë,
le fruit avorte; ou du moins il ne porte que des femences ftériles. C’eft un
fait dont tout le monde peut s'affiner.
1 49- La forme du pollen prouve qu’il n’eft pas une fimple pouflîère. Mal-
pighi, Grew , Sc tous ceux qui ont voulu l’examiner au microfcope , lui
ont trouve une forme confiante dans un même végétal , quoique différ
rente fuiv.ant les efpèces. Cette conformation a , fans doute, un but ; ( Sc
pourquoi lui auroit-elle été donnée, fi ce n’étoit pour qu’il s’adaptât au canal
du piftil où il doit entrer, comme nous le verrons dans la fuite ? ) Ce qui
confirme encore cette.opinion , c’eft que le ftigmate eft toujours mouillé
d’une humeur propre à retenir ce pollen.
C ’eft une obfèrvation bien frappante, que celle de M. Bernard de Juflîeu
fur 1 érable. Avant lui,- les micrographes àvoiènt cru voir que la pouflîère
de cet a-bre étoit cruciforme ; mais ce célèbre botanifte la trouva globu-
letife. Pourquoi donc - s’étoit-elle offerte aiix autres fous la forme d’une
croix? C eft que pour mieux s’emparer de l’humidité du ftigmate, elle le
fend en quatre pièces , qui fe portent chacune à un point différent. Il y a
aufli lieu de croire que ces globules font creux , Sc qu’en s’ouvrant tout-à-
coup par l’effet de l’humidité qui les pénètre , ils lancent une autre pouff-
fière beaucoup plus fubtile , Sc qui eft le vrai principe de la fécondation.
. On diftingue dans le piftil trois parties : le germe, le ftyle Sc le ftigmate.
Le germe eft l’ébauche du futur embryon. Le ftyle n’eft pas eflentiel aux plantes
, car plufieurs en font privées ; mais le fruit ne fauroit venir à maturité,
s’il n’eft accompagné d’un ftigmate dans la même fleur.
Les ftigmates , conftamment attachés aux germes , font donc les organes
féminins des plantés , comme le prouvent d’ailleurs leur fituation, leur
nombre , le tems où ils fe montrent, leur chute Sc leur fuppreflîon.
i 0, Leur fituation , relative à celle des anthères , comme on l’a obfervé
précédemment , Sc leur multiplicité , fuivant le nombre des cellules qui
renferment les germes ; car le germe eft double quand la cellule eft double
, comme dans la plupart des plantes ; triple , s’il y en a trois , comme
dans les liliacées, les tricolor, &c.
i ° . Le tems de leur apparition , qui e ft , comme je l’ai déjà d i t , le
même que pour les anthères.
3°. Leur chute. Les ftigmates de la plupart des plantes tombent avec les
anthères , Sc aufli-tôt qu'ils ont reçu de ceux ci-la pouflîère fécondante;
ligne évident qu’ils ne contribuent aucunement à la maturité des fruits,
mais qu’ils fervent uniquement à la génération.
4°. Leur jupprefiion. Si les ftigmates font coupés avant qu’ils ayent reçu
la pouflîère,. le fruit ne manque jamais de. périr.
Le ftigmate offres d’ailleurs deux particularités remarquables ; l’une ,
qu’il n’a ni épiderme ni écorce ; l’autre, qu’il eft toujours humide.
Tout ce qui vient d’être dit annonce aflez que la génération des plantes
s’opère par la chute du pollen des anthères fur les ftigmates ; mais on a
d’autres preuves encore de bette vérité.
i° . Elle eft fenfible à l’oeil , qui voit , au tems des fleurs , la pouflîère
voler 8c s’attacher aux ftigmates. Cela eft particulièrement fenfible dans la
violette à trois couleurs ( tricolor. ) A peine cette fleur eft-elle épanouie ,
que le ftigmate s’ouvre, Sc repréfente un globe creux , blanc Sc refplendif-
fant. Cinq étamines qu’il a autour de lui n’ont pas plutôt jettéleur pouf-
fière blanche , qu’on le voit , tout poudreux , fe rembrunir, à l’exception
de la trompe, qui demeure claire Sc brillante.
i °. Les piftils Sc les étamines font, dans un grand nombre de plantes, de
la même hauteur ; ce qui donne à la pouflîère unenouvelle facilité pour parvenir
aux ftigmates. Si cette égalité n’a pas lieu , d’autres circonftances y
fuppléent. Un des geraniumfi.i5 ; Sc d’autres plantes , dont le piftil eft
moins haut que les étamines , ont les fleurs pendantes avant l’épanouiffe-
ment-; mais.à la veille de.s’ouvrir, elles fe relèvent Sc fe difpofent de manière
que le ftigmate-eft au niveau de l’anthère; Sc dès que la pouflîère de
celle-ci çft tombée , elles fe penchent de nouveau jufqu’à la maturité du
fruit , époque où' elles fe relèvent encore, Sc facilitent, par ce moyen, la
difperfion des femences. ■
Le dianthus a fouvent des piftils plus longs que les étamines ; fa fleur
eft toujours dans la même fituation ; mais les piftils fe recourbent en manière
de cornes de bélier vers les anthères.
f i . Les étamines , pour l’ordinaire, entourent fi bien le ftyle, que la
pouflîère difperfée par le vent ne peut leur échapper.
Le mafia offre un fpectacle très-agréable. On voit fur une même plante
( i) Géranium ealicibus monopliyllis , florentibtis , ere&is, fo-liis- fubcordatis.