
G É N É R A L I T É S . \
L E rat-d‘eau eft un petit animal qu’on trouve
par-tout en Europe , excepté , fuivant M. de
Buffon , dans le climat trop rigoureux du. pôle }
toutefois M. Pallas affure qu’il eft très commun
dans toute la Ruffie & la Sibérie y que fon efpèce
eft répandue en ces contrées dans tous les climats
3 jufqu’à l'Océan oriental, & depuis la mer
cafpienne jufqu’à la mer glaciale. On trouve aufli
Je rat d’eau en Egypte, fur les bords du Ni l ,
félon Belon, & même dans 1*Amérique fepten-
ttionale, fuivant MM. Brickell (i) , Pallas &
Erxleben. Le rat que Belon a vu auprès du Nil,
& dont il a publié la figure > reflemble tirés-peu
au rat-d’eau d’Europe , & l’on peut foupçonner
avec quelque fondement, dit Buffon, que c’eft
une efpèce différente. Quant au rat-d’eau de l’A-
mérique-feptentrionale , M. Pallas en diftingue
deux efpèces , d’après Brickell 5 l’une eft le rat-
d’eau (2) proprement dit5 l’autre eft appellée dans
la Caroline rat-des marais (5), parce qu'il fréquente'princi
paiement les lieux marécageux.
Les auteurs s’accordent peu fur la grandeur
naturelle du rat-d’eau5 ce qui n’eft pas étonnant,
puifque cette grandeur diffère, fuivant M. Pallas,
non feulement félon les divers pays où c.et animal
habite, mais encore fuivant les fexes. M.
de Buffon compare le rat - d’eau au rat ordinaire,
pour la groffeur. M. Daubenton dit que le rat-
d’eau eft à - peu - près de la même longueur que
le rat, mais qu’il eft un peu plus gros ; M. Pallas
qui a yu un grand nombre d’individus de cette
efpèce , originaires de divers pays , a fait fur la
grandeur de.ces animaux les pbfervations fuivantes :
dans les climats méridionaux 8c les plus tempérés
de la Rufîie, par exemple le long du Jaïk
& du Volga, ils font de la grandeur ordinaire
de ceux çTEurope 5 leur poids eft à-peu-près de
trois onces. Dans la Sibérie il font beaucoup plus
grands , & ils le deviennent de plus en plus à
roefure qu’on avance vers l’orient & vers le nord.
Dans les plaines marécageufes de l’Ifete, 8c des
autres pays voifins, où ces animaux abondent,
leur longueur eft ordinairement de fix pouces dix
lignes , 8i celle*de leur queue de trois pouces huit
lignes 5 dans cette variété , _ les plus gros mâles
pefent quatre onces 8c demie ou Cinq onces , &
les femelles à-peu*près quatre onces. Enfin fur
les bords du fleuve Jenifca & de l’Obe , fous le
cercle polaire , Les .rats-d’eau pefent fîx ou huit
onces. Dans tous les pays les mâles font plus
forts & plus, grands que les femelles.
M. Daubenton a examiné plufieurs individus
pris dans nos climats j c’eft furun mâle qu’il a décrit
les vifcères , & qu’il amefuré les dimenfions des
principales parties du corps. Cet individu avoit fept
ponces de longueur (4) depuis le bout du mufeau
jufqu’à l’anus. La queue qui eft toujours plus,
courte que'le corps , étoit longue’ de quatre pou.
ces 8c demi. La circonférence du corps étoit de
trois- pouc.es dans la région du cou, de quatre
pouces &^demi fous les ai fiel tes, & de quatre
pouces une ligne au-deffus des hanches. La tête
avoit un pouce fept lignes de longueur depuis
l’extrémité du nez jufqu’à l’occiput j fa circonférence
étoit de trois pouces quatre lignes entre
les yeux & les oreilles , & de deux pouces ail
bout du mufeau. Il y avoit neuf lignes de dif-
tance entre 1e bout du mufeau & l’angle interne
de l’oe il, . 8c fîx lignes 8c demie d'intervalle entre
les angles internes des yeux. JL’avant-bras étoit
long d’un pouce deux lignes.,,depuis le coude juf-
qu’âu poignet, & la jambe d’un pouce &rdemi,
depuis le genou jufqu’au talon. La circonférence
de l’avant bras, près du coude, étoit de neuf
lignes', & celle de la jambe , dans fa partie fupé-
rieure , d’un pouce & demi j la main avoit neuf
lignes de longueur , depuis le poignet jufqu’au
bout des ongles , trois lignes & demie de lar?
geur & huit lignes de circonférence dans le poignet
8c dans le métacarpe. Le pied étoit long
d’un pouce quatre lignes , depuis le talon jufqu’à
l’extrémité des ongles j il avoit^quatre lignes de
largeur, & dix lignes de circonférence dans le
métatarfe. C e rat - d’eau pefoit fix bùces fept
gros. La femelle fur laquelle M. Daubenton a
décrit les parties de la génération, pefoit quatre
gros de moins que ç e mâle , quoique fon corps
fut plus long d’une ligne.
. Plufieurs naturaliftes & même Linnéus, ont crû
d’après Wilkigby , que les doigts des pieds pof-
térieurs étoient réunis par une peau natatoire
comme dans la loutre 5 mais ces auteurs fe font
trompés ; cette membrane n’èxifte point ; Jes doigts
font entièrement féparés. ( B u f fo n . P atlas Si E r x -
leben Si V^.D- )
On ne trouve jamais le rat - d’eau dans les mai-
fons,ni dans les grangesy il ne quitte pas le bord
des eaux j il ne va point dans tes terres élevées ;
il eft fort rare dans les hautes montagnes, dans
les plaines arides, mais très-nombreux dans tous
les vallons humides & marécageux. ( Bu ffon. )
f i ) Natural feift. o f noce carolina, p. i jo .
( i) Waterrat. Brickell. .
{}) Marshrat. Brickell.
(4) On conferve au cabinet du roi le fquélette d’ un rat-d’eau. U a cinq pouces fept lignes de longueur-depuis le bout
des os du nez jufqu à la partie pofterieure de l’os factum. La circonférence de la tete eft de deux pouces neuf lient:» à
]!endt«it le plus gros. ( M% Daubenton.) ■ °
F O N C T I O N P R EMI E R E .
O s s i f i c a t i o n .
S e c t i o n p r e m i è r e .
J>4 j S » 7 1 8, 11 8c 14. Le s os de la tête
Si de la fa c e en général. La tête du rat - d’eau
a beaucoup de rapport avec celle du rat, mais tous
les os en font plus forts , elle a plus de largeur ,
fa hauteur depuis la bafe delà mâchoire inférieure
eft beaucoup plus grande i le mufeair eft plus
court 8c plus gros ; la branche formée par la réunion
de i’apophyfe zygomatique de l’os temporal
avec rapophyfe orbitaire de l’os de la pomette,
eft plus large & plus courbée en dehors que dans
le rat j ce qui donne plus d’étendue à l’orbite}
d’ailleurs l’os frontal eft fort étroit, & il fe trouve
échancré de chaque côté vers la partie pofté-
rieure des orbites. Il y a fur la partie pofterieure
de la tête une arête tranfverfale, qui s’étend fur
les os temporaux & -fur l’occipital, depuis l’orifice
du conduit auditif d’une des oreilles, jufqu’à
l’orifice du conduit auditif de l’autre.
Dans l’individu que M- Daubenton a décrit,
la .tête décharnée avoit un pouce cinq lignes de
longueur‘ depuis l’extrémité des os du nez jufqu’à
l’occiput- Sa plus grande largeur étoit de
dix lignes deux tiers} il ÿ avoit quatre lignes
& demie dë diftance entre les orbites & Tou-
verture des narines ; la mâchoire fupérieure étoit
large de deux lignes & demie dans la région des
dents incifives. ( M . Daubenton. )
17. L e s os propres du ne%. Ces os étoient moins
longs & moins faillans que dans le rat } ils avoient
quatre lignes & demie de longueur , & un pouce
d’étendue dans leur partie la plus large. ( ibidem. )
20. L a mâchoire inférieure. Cet os avoit dix
lignes trois quarts de longueur depuis le menton
jufqu’au bord poftérieur des apophyfes condy-
loïdes. Sa largeur étoit de deux lignes & demie
dans la région des dents incifivès, & de cinq
lignes deux tiers dans le contour des branches.
Il y avoit fîx lignes trois quarts de diftance entre
les apophyfes condyloïdes. Ces apophyfes font
toujours plus longues 8c plus fortes que dans le
lut. ( ibidem. )
21, 2 1 , 23 & 14. L e s dents en général Si en
particulier. Les dents font au nombre de feize,
deux incifives à chaque mâchoire} & douze molaires
, trois à chaque côté de chacune des mâchoires.
Les incifives reffemblent à celles de l’écureuil
par leur forme 8c par la couleur de. leur face
extérieure ou antérieure , mais elles font plus longues
& plus groffes. ( M . Daubenton. ) ■
Ces dents font aufïî plus larges & plus jaunâtres
que dans tous les autres animaux de la
même efpèce} elles reffemblent en queique,jforte
à celles du caftor. ( P a lla s . ) Leur hauteur au-
deffus des alvéoles étoit de fix lignes dans l’individu
que M- Daubenton a mefuré.
Les dents molaires ont fur leurs, faces latérales
, des cannelures longitudinales très-profondes,
comme celles des dents molaires du lièvre 8c
du lapin} mais dans le rat-d’eau, la face parla*
quelle les molaires inférieures touchent les fu-
périeures eft applatie. Les antérieures font les’
plus groffes & les plus longues. Elles fe touchent
fi exa&emènt les unes tes autres, qu’on ne
peut appercevoir le joint qui les fépare} mais,
en détruifant tes alvéoles, on- voit que la racine
de la dent antérieure fe dirige obliquement en
avant, 8c celle de la dent pofterieure obliquement
en arrière , & que l’efpace qui fe trouvé
enrre ces deux racines 8c celte de la dent du milieu
eft rempli par la fubftance offeufe des alvéoles.
(Al, D a u b en to n .)
Dans l’individu que M. Daubenton a décrit,
les plus groffes dents molaires avoient une ligne
de hauteur au-deffus des alvéoles. Leur largeur
étoit d’une ligne deux tiers, & leur épaif-
feur de deux tiers de ligne.
17. L e s v raies vertèbres en général. Les apophyfes
des vertèbres font moins longues & moins
groffes que celles du rat. ( M . Daubenton. )
28 8c 29. L e s vertèbres cervicales en général St
en p articu lier. Les vertèbres cervicales ne paroif-
foient différer de celtes du rat, que parce que
l’apophyfe épineufe de la fécondé étoit plus groffe,
plus longue 8c qu’elle s’étendoit plus en arrière
ou en bas. La première vertèbre étoit large de
cinq lignes} fon trou avoit ufte ligne & demie
de diamètre de devant-en arrière , & deux lignes
d’un côté à l’autre. L’apophyfe épineufe de
la fécondé vertèbre avoit une ligne & demie de
longueur. Les cinq dernières vertèbres cervicales
, prifes enfemble , étoient longues de quatre
lignes. ( ibidem, )
30 Si 31. L e s vertèbres du dos en général St
en particulier. Ces vertèbres font au nombre de
ireise. La dernière eft la plus longue ( M . D a u benton.
) } elle avoit unel igné deux tiers de hauteur
dans fon corps, dans lé fujet que M. Dauben*
ton a examiné 5 rqais fon apophyfe épineufe étoit
la plus courte , & celle de la fixième étoit ia plus
longue-, l’apophyfe épineufe de celle-ci avoit une
! ligne un tiers de longueur , & celle de la pué-: Icédente demi-ligne. Là portion de la colonne
épinière qui étoit compofée des vertèbres dor-
fales étoit longue d’un pouce fept lignes.