
ij D I S C O U R S
Blafius fie Valentin, font les anatomiftes qui ont recueilli le plus grand
nombre de defcripcions d’animaux ; mais ils les oflt publiées telles qu’elles
font forties des mains de leurs auteurs ; ils n’ont épargné à leurs leéteurs,
que la peine de chercher dans plusieurs volumes les différentes pièces qu’ils
ont raflemblées en un, 8c ils n’ont rien fait pour en rendre la comparaifon
facile. Collin , dans fon fyftême anatomique, Haller dans fa grande phyfio-
logie, ficMonto dans fon abrégé d’anatomie comparée, ont préfenté quelques
rélultats ; mais ces différens travaux n’offrent qu’une très-petite partie de
la fcience qui n’exiffe encore nulle part dans fon entier.
Lorfqu’en méditant fur cette partie des connoiflànces humaines , je formai
le plan de cet ouvrage, deux moyens fe préfentèrent à moi pour fon
exécution.
1° . Je penfai, que pour faire jouir les anatomiftes des travaux que l’on
a faits jufqu’à ce jour fur la ftruélure de l’homme fie des animaux , il’falloit
ranger ces recherches fuivant une méthode qui fût la même pour chacun ,
& qui fut également comparable pour tous. J’ai employé dans la folution
de ce problème, des procédés que j’ai fuivis avec un grand foin , 8c dont
je rendrai compte ailleurs.
z ° . Je crus que pour travailler d’une manière efficace aux progrès de l’anatomie
comparée, il falloir marquer , à desdiftances déterminées, dans les
différentes claffes d'animaux , des individus ddnt la diffedlion fie la deferjp-
tion fuflent faites fuivant des principes identiques, fit dont les rapports fie
les différences bien connus dévoilaffent les vrais caractères anatomiques
propres à chaque grande divifion des corps vivants.
Pour remplir convenablement les conditions de ce programme, il aurait
fallu difféquer avec la plus grande exactitude, les individus marqués comme
devant fervir de chefs de comparaifon ; il aurait fallu examiner en eux
les mêmes parties dans le même ordre , fie les décrire dans le même ftyle; il
aurait fallu perfectionner avant to u t, ia nomenclature, foit en ne fe fer-
vant que de termes bien définis 8c d’un fens univoque, foit en retranchant
des formules deferiptives, ces verbes inutiles qui ne font que furcharger le discours
, 8e que l’anatomifte doit, à l’exemple du naturalifte, fuppofer toujours ,
fans jamais les exprimer dans la phrafe. C’eft ainfi que notre fcience doit
être traitée maintenant. L’abondance des matières fera fur-tout adopter ces
changemens, fans lefquels les écrits deviendront fi volumineux , qu’il fera
impoffible d’en embrafler l’étendue. C ’eft faute de temps que je ne me fuis
pas moi-même conformé, dans tous les points, à ce plan que je propofe,
fit dont perfonne ne fent mieux que moi toute l’importance 8c toute la né-
ceffité.
J’avois à déterminer avant de commencer cet ouvrage; i ° . l’ordre dans
lequel je rangerais les corps vivants dont je décrirais la ftruCture ; 29. la
méthode que je -fuivrois dans l’expofition de leurs organes.
P R É L I M I N A I R E .
P A R T I E P R E M I È R E .
D e tordre dans lequel doivent être rangés les corps vivants dont je
décrirai la jlruclure.
Je divife tous les corps naturels en deux grandes clafiès ; la première
comprend les corps bruts ; la fécondé, les corps vivants.
Dans ceux-ci,les organes, par des mouvements propres, inhérens 8cfpon-
tanés , croiffent dans toutes les dimenfions à la fois, fe nourriffent fie fe
reproduifent.
Dans ceux-là, l’attraction , foit qu’elle agiflè feulement fur les maffes,
foit qu’elle donne aux parties, fimilaires des corps diverfes impulfions, d’où
réfultent des formes déterminées , eft le grand agent qui les meut, qui
le§ modifie, qui les fait paffer par divers états fucceffifs,
C ’eft l’attraction qui règle les; nombreufes variétés des cryftaux , dans la
eompofition defquels. entrent, des parties intégrantes, homogènes, fied’une
combinaifon parfaite.
Ainfi, veut-on diftinguer les corps bruts d’avec les corps vivants ? Toutes
les fois qu’on trouvera un corps naturel ayant une forme confiante , mais
qui peut être divifé mécaniquement en parties d’une nature différente , 8c
cependant eflentielles à fa formation , on en pourra conclure que c’eft un
corps végétal ou animal, c’eft-à-dire un corps vivant.
Quelques naturaliftes ont donc eu tort de regarder les fungus , comme
des cryftallifàtions, puifque ces corps font compofés de parties très-diffé-
rentes les unes des autres.
En général les formes cryftallines font angulaires , tandis que les formes
végétales fie animales font arrondies.
La forme organique des végétaux 8c des animaux, eft toujours difpoféc
delà manière la plus avanrageufe à la vie, à l’accroifTement de l'individu, 8c
à la confervation de l’efpèce ; rien de femblable ne peut réfulter de la forme
confiante des cryftaux, dont la maffe ne s’augmente que par juxta-pofition,
8c dont les diverfes molécules n’ont rien de commun entr’elles que la
force qui les unit.
Les corps Vivants font toujours compofés de parties folides, 8c de parties
fluides très diftinéles les unes des autres, tandis que l’on ne trouve dans
les cryftaux que dès parties folidifiées.
La formation des cryftaux qui croiffent par l’application de lames fuc-
ceffivement ajoutées à leurs furfaces , offre quelque analogie avec les végétaux.
Dans ceux-ci les couches fe répandent fous l’écorce ; c’eft-à dire fous
un organe digeftif, qui prépare la matière avant qu’elle ferve au développement
de l’individu ; mais le cryftal n’a pas befoin d’un tel organe , puifque
la fubftance qui fert à fon accroiffement, eft déjà femblable à fes autres