
Nousîouvrons une carrière d’une vafte étendue ;• nous la recommandons
à ce zèle du favoir, à cette ardeur de découvrir, qui ont tant obtenu
d'efforts de la part des Phyficiens modernes. Trop'longtemps l’anatomie,
refferrée dans d’étroites limites, languit & fe traîne dans des {'entiers battus.
Depuis trop long-temps auffi le petit nombre de ceux qui fe livrent à fon
etude, travaillent fans plan & fans fuite. Nous croyons avoir marqué dans ce
difcours les points principaux d’où chacun doit partir, & les bafes fur lef-
quelles doit être foutènu l’édifice qu’il s’agit d’élever en commun. De quelque
côté que les circonffances dirigent l’attention des obfervateurs ; quelle que foit
la portion du fyftême organique dont on confidère les rapports, notre plan ,
nos réflexions, nos tableaux, rappelleront le Phyfioiogifte à ce qu’il eft important
qu’il examine , à ce qu’il ne doit jamais oublier.
Je dois exprimer ici publiquement ma reconnoiffance à ceux qui ont bien
voulu me féconder dans mes travaux , fur-tout à M. Faure, Doâeur en Médecine
, & Chirurgien très-inftruit, mon principal coopérateur , qui m’a
donné les fecours les plus alfldus & les plus néceffaires dans la rédaâion de
cet ouvrage ; à M. Ailhaud , Chirurgien très-habile, & Anatomifte très-
inftruit , qui m’a aidé dans la diffeéfion d’un grand nombre d’animaux à l’Ecole vétérinaire d’Alfort ; & à M, le Riche , Do&eur en Médecine de
Montpellier, & très-verfé dans l’étude de l’Hiftoire Naturelle, qui vtoyage
maintenant avec M. d’Entrecafteaux, & qui m’a communiqué des recherches
dont je me fuis fervi, & des tableaux fur les plantes & fur les infeéies, que
le Public me faura gré d’avoir inférés dans ce Difcours.
SUPPLÉMENT AU DISCOURS PRÉLIMINAIRE,
C o n t e n a n t quelques réflexions fur la nature & fu r certaines propriétés
des corps vivons ou organiques.
T O u J O U R S l’impatiente curiofîté de l’homme a devance 1 observation ; il
aime mieux chercher à deviner les fecrets de la nature, que de s efforcer de
les approfondir. Les terres, les pierres, les métaux, les fels , les plantes, les
animaux, ont été les fujets de mille fiftions. On a compris enfin que le véritable
favoir n’eft fondé que fur l’expérience & fur l’étude.
I. MM. Pallas & Sauffure ont parcouru les montagnes ; ils ont vu que les
plus élevées s’appuient fur le granit; & le granit ne peut etre rangé parmi
les premières produirions du globe, puifqu’il eft compofe de criftaux, qui
n’ont pu fe former & fe réunir que dans une longue fuite de fiecles , & dans
une immenfe étendue d’eau. O r , comment les corps organiques auroient-ils
exifté à cette époque , puifqu’on n’en trouve aucuns débris dans les vieilles
montagnes ?
Alors les eaux couvroient les plus grandes élévations de la terre ; de larges
fleuves creufoient les vallons ; les métaux s’y formoient ou s y depofoient, &
des fubftances , qu’on peut regarder comme primitives, fe plaçoient par couches
fur leurs flancs, ou compofoient des montagnes nouvelles.
Enfin, les animaux naquirent ; des familles immenfes de coquillages couvrirent
de leurs dépouilles la première fuperficie du globe ; en merné temps ,
les premiers végétaux, nourris dans une terre vierge & entraînes paries eaux,
s’entaffèrent; des chocs, des fermentations tumultueufes produifirent dps
ébranlemens inattendus ; le volume des eaux diminuant, la mer fe réfferrà
dans les baflins ; le feu des volcans s’éteignit ou s’appaifa ; & la terre fut
peuplée d’animaux & livrée à l’homme. - ' y , ' .
L’obfervation la plus attentive préfente cette férié de faits, dont 1« fucceflion
n’eft pas douteufe, fans que ni la durée, ni les époques, ni les circonftanceS
diverfes en puifîènt être aucunement déterminées.
II. Non-feulement l’exiftence des corps organiques fur les differentes parties
du globe y a imprimé des traces profondes & durables; mais elle a dè plus
influé fur l’atmofphère & fur les eaux. . - , ,
Il eft difficile de fe refufer à croire , avec Bergman, que les eaux orrqete
dans les anciens temps plus abondantes qu’elles ne le font aujourd hui. Une
grande partie de ce fluide fe décompofe au fein de l’économie vegetale, dans
laquelle le gaz inflammable fert à compofer les huiles, les réfines & la partie v *